Mots Tordus et Bulles Carrées

Des poissons dans la tête (Louis Sachar)

Depuis Le Passage en 2001 (adapté au cinéma sous le titre « La Morsure du lézard« ), Louis Sachar est un auteur jeunesse à succès en France.
Des poissons dans la tête n’est certes pas son roman le plus connu.
Mais le personnage d’Angeline, sa jeune héroïne, a la tendresse, l’humour et l’intelligence d’une Matilda de Roald Dahl.

« C’est un génie ! »

« Il y a des choses qu’on sait avant de naitre. C’est sans doute la seule façon d’expliquer tout ce qu’Angeline semblait connaitre depuis toujours.

Elle avait trois ans lorsque sa mère , Nina Sandford Persopolis, mourut.

Il y a aussi des choses que personne ne pourra jamais savoir. »

Angéline a huit ans et elle vit seule avec son père éboueur, depuis la mort de sa mère. Elle est une enfant précoce (son premier mot a été « octopode« ) et elle a 3 ans d’avance. En CM2 dans la classe de Mme Hardlick, cette précocité lui cause cependant bien des déboires. Avec ses camarades de classe qui ne la comprennent pas et parfois la jalousent. Avec les adultes qui l’entourent aussi, entre un papa qui n’arrive pas à communiquer avec elle et à la comprendre et une maitresse qui gère mal le fait d’en savoir moins qu’une gamine de cet âge et cherche à l’humilier.

Angeline aimerait être comme les autres mais ses connaissances sur le monde (et particulièrement les poissons) et ses questions existentielles l’isolent souvent des autres enfants.
Ces derniers la traitent de monstre ou au contraire se moquent de ses attitudes de petite fille (elle tête encore son pouce parfois, malgré ses efforts pour ne pas le faire).

L’univers imaginaire et la fantaisie dont elle fait preuve forment une coquille qui la protège de l’incompréhension et des jugements des autres. Cependant, cela ne la rend pas heureuse et elle préfèrerait briser cette bulle qui l’isole et se faire des amis.

Deux amis d’un coup

Deux rencontres vont changer la vie d’Angelin.
Celle de Barry, surnommé Baboon par ses camarades moqueurs, un garçon lui aussi isolé dans la cour de récréation mais plein d’humour, et Mme Terbone (qu’Angeline entend « Mister Bone »), une maitresse à l’écoute des enfants et passionnée elle aussi de l’océan.

Chacun à sa manière va aider la petite fille à s’ouvrir à ses émotions et à grandir, en s’y liant affectivement.
Avec eux, les lecteurs et lectrices vont découvrir la fantaisie et la drôlerie d’Angeline qui voit le monde avec des lunettes bleu océan.

Dans ce roman facile à lire grâce à ses courts chapitres et à son écriture fluide et souvent pleine d’humour, Louis Sachar nous dessine le portrait d’une petite fille extraordinaire et pleine d’inventivité mais qui peine à vivre dans notre monde, malheureusement excluant pour celles et ceux qui n’entrent pas dans les cases.

Le personnage d’Abel, le père d’Angeline, est particulièrement touchant par sa maladresse et son amour pour sa fille, qu’il ne comprend pas toujours mais qu’il voudrait voir épanouie et heureuse.

Les personnages secondaires sont savoureux, même les plus exécrables, telle Mme Hardlick, archétype de la maitresse aigrie.

Les efforts fournis par Angeline pour être intégrée et appréciée des autres sont justes, parfois comiques ou décevants, mais jamais tristes tant l’auteur réussit à nous faire entrer dans l’esprit vif et imaginatif de la fillette.

Pourquoi lire Des poissons dans la tête ?

On pensera évidemment à Matilda, l’héroïne de Roald Dahl, avec laquelle Angeline partage l’intelligence hors du commun et l’isolement. Le même humour coule dans les lignes de ce roman de Louis Sachar qui a su capter et transcrire avec des mots simples et touchants les difficultés d’une petite fille hors du commun à vivre et à être aimée.

Soutenue par l’amitié et l’amour paternel, qui sont des forces puissantes, ainsi que par ses petites obsessions marines rassurantes (les poissons sont parfois bien plus intelligents que les humains), Angeline trouvera sa place dans son école et dans sa famille, redonnant au passage une valeur à ceux qui l’entourent.

Une très belle histoire, pleine de poésie et de drôlerie, qui donne envie de prendre la main de cette petite fille si attachante. Qui redonne confiance aussi en l’être humain, malgré ses failles.

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Mots tordus

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