En ouvrant les premières pages de nos c(h)oeurs évanescents de Yuhki Kamatani, on tombe sur le visage larmoyant du jeune Yukata Aoi devant un chant de chorale.
Peu adepte de pathos et d’émotion forcée, j’aurais pu rester sur ma première impression et refermer aussi sec ce manga.
Heureusement, je suis persévérant.
Sans quoi je serais passé, à côté d’une oeuvre attachante, traitant de l’adolescence par le biais du chant.
Un manga vibrant sur le chant
Yukata Aoi est un jeune adolescent introverti qui aime la musique plus que tout.
Il décide de s’inscrire dans la chorale de son collège pour y exprimer son talent.
Car le garçon a un don.
Une voix d’ange qui pourrait lui permettre de devenir soprano.
Malheureusement, le groupe est plutôt en manque de voix masculines.
Est-ce, malgré tout, Aoi trouvera sa place parmi les membres de cette chorale ?
Mettre en scène ce talent exceptionnel pour le chant à travers le simple prisme de l’image semble un pari fou.
Pourtant, que ce soit Beck d’Harold Sakuishi ou Your Lie In April de Naoshi Arakawa, le manga a déjà démontré sa capacité à rendre cela possible.
Un personnage principal qui reprend les codes du shonen
Nos c(h)oeurs évanescents se montre passionnant à plus d’un titre.
Déjà pour son personnage principal : Yutaka Aoi.
Ce dernier est, à première vue, exploité comme un héros de Shonen.
Jeune, naïf mais possédant un don hors du commun, il semble être la planche de salut du groupe pour remporter un concours national de chorale.
A un détail près : son talent a une durée limitée.
N’ayant pas encore mué, tout le monde sait que sa voix se transformera par la suite et une course contre la montre est lancée (de la part de certains professeurs mais aussi d’ Aoi lui-même) pour pouvoir en profiter au maximum.
Attachant, notre héros au visage de poupon se démarque par le lien qu’il entretient avec la musique mais aussi avec ses camarades sur lesquels il ne porte aucun jugement.
Profondément gentil, il cherche à se protéger de certaines contrariétés, ce qui l’amène à craquer quand la carapace cède.
Au fil des tomes, des fêlures apparaissent et éclatent.
Notamment après sa rencontre avec, ce qui pourrait s’apparenter, son némésis : Popov , un jeune prodige russe.
Mais le lien entre les deux garçons n’aura de cesse d’évoluer pour devenir, par la suite, un des éléments centraux du manga.
D’une certaine façon, ils se ressemblent, malgré un vécu bien différent : ce sont des enfants qui se cherchent, essayant de contrôler leurs émotions et qui doivent faire avec un corps qui change.
Un cast secondaire développé et varié
Ses camarades sont d’ailleurs traités de la même façon.
La dernière scène entre Aoi et Takamine ( censé être la petite peste du groupe ) démontre, grâce à une écriture subtile, que les rôles ne sont pas figés.
Après un premier volume, axé sur Yukata, Yuhki Kamatani offre un éclairage sur chacun des membres de la chorale.
Une méthode infaillible pour, non seulement développer des caractères essentiels mais aussi faire ressentir une réelle empathie entre eux et le lecteur.
Cette approche permet à la mangaka de développer de nombreuses thématiques liées à l’adolescence : que ça soit la pression familiale, la timidité, le renoncement et même les questions de genre.
Toutes sont d’ailleurs traitées avec finesse faisant, de chacun des personnages, des entités propres, dépassant le rôle habituel de faire valoir attribué trop souvent aux personnages secondaires.
Retranscrire le chant par le dessin
Graphiquement, le travail de Yuhki Kamatani s’attache avant tout aux expressions de ses personnages.
Fin et précis, il se démarque des compositions originales permettant à la mangaka de faire ressentir toute la puissance et la beauté d’un chant, sans entendre le moindre son.
Tout est dans le symbolisme des scènes qu’elle met en page.
Cette poésie narrative reflète l’état dans lequel se retrouve les personnages et décuple l’émotion ressenti par le lecteur(trice).
En résumé
Nos c(h)oeurs évanescents de Yuhki Kamatani est une véritable enchantement.
Derrière la sensibilité de son personnage et le parcours de cette chorale, la/le mangaka nous parle de l'adolescence avec tendresse émotion.
Iel y abordera de nombreuses thématiques et enrichira une oeuvre qui se démarque par la subtilité de son écriture et le symbolisme de ces mises en page.
Une oeuvre sensible et juste.
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