Mots Tordus et Bulles Carrées

Créatures (Betbeder/Djief)

Depuis l’apparition de la brume à New York, les adultes sont devenus des « baveux », obsédés par le sucre et laissant derrière eux leurs vies et leurs enfants.
Ces derniers apprennent, malgré eux, à survivre dans ce monde dévasté.

Ainsi, Vanille doit s’occuper de Minus, son jeune frère daltonien aux pouvoirs étranges, et de sa mère infectée qu’elle ne veut pas abandonner.
Mais à force d’allers-retours, la jeune fille attire l’attention d’un autre groupe d’enfants bien décidé à lui piquer ses rations.
Cependant, cette dernière ne compte pas se laisser faire.

Créatures : une nouvelle franchise prometteuse

Lors de la lecture du 1er tome de Créatures, j’ai immédiatement pensé que la série de Betbeder et Djief serait un successeur idéal à Seuls de Vehlmann et Gazotti ( qui date tout de même de 2006).
Si des points communs semblent évidents (de jeunes héros, un monde abandonné par les adultes, un mystère à résoudre …), c’est avant tout l’écriture de Betdeber et sa maitrise du rythme qui m’a conquis.
Le scénariste ne perd pas son temps avec un épilogue qui prend toute une partie de son intrigue.
L’infection a eu lieu, les adultes ont tous été plus ou moins infectés.
Les plus jeunes ont déjà appris à survivre et leur organisation est rodée.

Vanille, personnage central de Créatures, semble habituée à ce nouvel environnement même si elle n’en évite pas tous les dangers.
La relation avec son frère et sa mère est assez touchante et amène dès les premières pages des questionnements.

Un véritable souffle habite cette histoire.
Que ce soit par ses divers rebondissements, ses nombreux personnages ou les mystères que les auteurs égrainent ici et là, Créatures est un véritable récit fantastique, haletant et passionnant.

Un monde dévasté

Atmosphère fantastique aux multiples références

Un homme poulpe sortant des eaux de New York

Le monde de Créatures lorgne très largement vers le fantastique.
Et le fantastique, ça plaît aux ados ( mais pas que..)

New York a été dévastée par une épidémie et on comprend rapidement qu’une force supérieure est à l’origine de cette brume.
Si l’auteur n’hésite pas à donner les clés de certains mystères, c’est souvent pour en amener d’autres.
Et après 3 tomes, les questionnements restent encore nombreux.
De ce point de vue, Minus est sans doute le personnage le plus énigmatique.
Celui par qui pourrait arriver la résolution. Du moins, c’est ce qu’on imaginerait.

Les références sont multiples.
De Walking Dead à Stranger Things en passant à Matrix, il y a de quoi ravir le geek plus ou moins jeune qui trépigne en chacun de nous.
Cependant, contrairement à la série Netflix, Créatures ne cherche pas à rendre hommage à une époque révolue.
Les clins d’oeil sont assez finement amenés et servent avant tout au déroulé de l’histoire.
L’un d’entre eux (décidément très à la mode) a d’ailleurs un lien tout particulier avec les forces mystiques ou extraterrestre qui peuplent ces pages.

Des Créatures qui tiennent la distance

Série en cours : 3 tomes pour le moment

La crainte, avec les séries en cours, c’est que celle-ci s’essouffle sur la longueur.
Avec Créatures, la course reste effrénée et le coeur de l’intrigue tient encore la route.
Le rythme n’a pas ralenti et les personnages se sont étoffés, allant pour certains vers des directions inattendues.
Même si Vanille reste au centre de tout, les autres membres du groupe prennent de l’épaisseur.
Et si les objectifs restaient variés jusque là, ils bifurquent vers une direction commune.
Nos héros entrent à l’intérieur du « mal » et le prochain volume promet de nombreuses révélations.

Il est de plus en plus rare, surtout pour un lecteur aguerri, de ne pas voir où les auteurs veulent nous emmener.
Avec Créatures, si le chemin parait balisé, on est souvent étonné de voir les auteurs dévier de la route pour partir vers l’inconnu.
Et ma foi, c’est très agréable.

Un dessin à la confluence de plusieurs styles

Minus face au mal

Si Vanille et Minus ont un petit côté Gazotti dans leur design, le style de Djief s’avère plus réaliste et surtout plus sombre.

Ses designs sont riches et l’auteur accorde une importance non négligeable à son décor.
Sa mise en page reste sobre et lisible sans pour autant ronronner.
Quand il le faut, le dessinateur est capable de nous en mettre plein les yeux.
Il n’abuse pas d’effets narratifs, va à l’essentiel et s’appuie sur une colorisation impeccable qui apporte à l’ambiance une sensation d’étouffement, comme si l’air était vicié.

En résumé

Après 2 volumes haletants, Betbeder et Djief continuent leur exploration de l'univers de Créatures en emmenant leurs héros vers les profondeurs du "mal".
Le rythme est maitrisé et donne peu de souffle à un lecteur qui se retrouve emporté par un récit fantastique aux multiples ramifications.

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