Un voyageur en Terre du Milieu (John Howe)

Il y a des livres qui nous façonnent plus que d’autres.
Le Seigneur des anneaux, découvert au collège, m’a amené à découvrir le monde de la fantaisie.
Il a aussi fait de moi le lecteur que je suis aujourd’hui.

Je me rappelle encore du moment où, tout fier d’avoir lu un livre assez conséquent, je décide de le présenter à ma professeur de français pour une fiche de lecture.
Cette dernière m' »assassine » (c’est comme ça que je l’ai vécu à l’époque) en me rétorquant qu’on ne comprend rien à cette histoire (trop de personnages, trop d’évènements …) et qu’il faudrait que je me mette à un autre type de lecture.
A cette époque, de nombreux américains étudient l’oeuvre de Tolkien.
D’une certaine façon, ce jugement m’a amené à me plonger encore plus sur les genres que nos professeur sous estimaient à tort.

Heureusement, les temps ont changé.
Le Seigneur des anneaux est devenu une oeuvre recommandable et recommandée par l’éducation nationale (à partir de la 5ème) et son adaptation cinématographique l’a intégré de façon indélébile à notre culture.

La Terre du Milieu illustrée

Encore maintenant, je me demande ce qui a pu plaire à un collégien qui ne lisait encore que des Bds.
L’oeuvre est imposante et le vocabulaire n’est franchement pas aisé.
Tous ceux qui ont lu le Seigneur des anneaux savent à quel point il est difficile de passer la fameuse description de la Comté.
Je l’avais d’ailleurs allègrement sautée lors de ma première lecture.

Il y avait cette richesse absolument fascinante de ce monde aussi merveilleux qu’effrayant.
Il y avait aussi les illustrations.
Pour ma part, ce furent celles de Phillip Munch qui agrémentaient l’édition Folio Junior.
Je me souviens assez distinctement de la finesse de son trait et des détails qu’il égrenait ici et là.
D’une certaine façon, la vision de Munch a longtemps influencé ma représentation de l’univers de Tolkien.
Peut être plus qu’Alan Lee et John Howe que j’ai découverts, bien plus tard.

John Howe : créateur d’imaginaire

Quand on parle de Tolkien, on cite 2 noms : Alan Lee et John Howe.
Ils vont bâtir une vision globale du monde de Tolkien en participant à la conception des designs des films de Peter Jackson.

Un voyageur en Terre du Milieu de John Howe est un carnet de voyage.
L’ouvrage est généreux, vaste et foisonnant qui s’adressent aux amateurs de fantaisie et de beaux dessins.
Il nous offre une approche unique de la puissance de ce monde et illustre autant ses paysages, ses coutumes, les créatures qui y vivent et les légendes qui ont façonné l’histoire de la Terre du Milieu.

La majorité des dessins proposés sont des croquis au crayon de bois.
Certains ont été effectués pour le film et d’autres sont inédits.
On y retrouve aussi quelques peintures au style flamboyant qui rappelleront à tous les amateurs les grandes heures de la fantaisie.

Des paysages immenses et variés

Un trou de Hobbit exploré dans ses moindres recoins

Ce qui est intéressant avec l’ouvrage de John Howe, c’est cet aspect « carnet de voyage ».
L’auteur se retrouve à la place d’un explorateur.
A chaque instant, il sort son crayon pour explorer le moindre détail des décors qu’il observe.

Les lieux sont retranscrits avec fidélité et respect.
Tolkien est toujours resté vague sur la description des personnages qu’il mettait en scène.
A l’opposé, il n’était pas avare en mots pour décrire les étendues de la Terre du Milieu.
Par ses croquis, l’illustrateur rend hommage au travail de l’écrivain.
Que ce soit par ses multiples cités ( hobbit, naines ou elfes), par ses forêts terrifiantes ou ses montagnes aux remparts infranchissables, John Howe a reproduit l’immensité du décor auxquels nous faisions face lors de notre lecture.

Un peuple aux multiples cultures

Chants et instruments de musiques

John Howe se sert des évènements qui ont traversé la quête de Bilbo et Frodo pour décrire certaines caractéristiques des peuples de la Terre du Milieu.
Lors du chant des nains chez Bilbo, l’auteur propose aux lecteurs ses multiples recherches d’instruments qui sont utilisés par ces derniers.

Cette approche a deux niveaux d’exploitation.
Le premier démontre une nouvelle fois la multiplicité de cet univers qui ne se contente pas d’une sorte d’armure ou d’un instrument de musique.
La deuxième est le témoignage d’un travail peu connu dans le monde du cinéma : celui de concepteur graphique.
Or, sur le Seigneur des anneaux, les noms d’Alan Lee et de John Howe avaient immédiatement rassuré la horde de fans qui s’apprêtait à crier à la trahison.
Ces deux auteurs avaient déjà bien implanté leurs visions.
Avec leur travail sur les films, ils lui donneront une légitimité mais aussi une réalité.
A partir du film de Peter Jackson, et à de rares exceptions, un nain s’habille de cette façon, un orc porte ce type d’armure …
La fantaisie sauce Tolkien venait de prendre vie.

Et cette réussite est liée à ce boulot titanesque composé de concepts détaillées et complexes.
Tout semble avoir été réfléchi pour, non pas, imposer une vision mais la rendre réelle.

Un monde aux multiples légendes

Des créatures féroces et titanesques

Si dans le voyage de John Howe, nous ne trouverons que peu de représentations humaines, elfiques ou naines, c’est avant tout les araignées et autres dragons légendaires qui ont les honneurs des fresques du peintre.
L’auteur en profite ainsi pour explorer le mythe original et revenir sur le premier mal qui a hanté les terres du milieu ou sur la guerre qui opposa les nains aux les dragons.
Des évènements qui imprègnent l’univers de Tolkien, sans être véritablement explorés.
Et effectivement, les lecteurs du Silmarillion connaissent des légendes qui font presque pâlir la quête de l’anneau.
John Howe en retranscrit quelques bribes et attise la curiosité de ceux qui voudraient en découvrir plus.

Pour ma part, je me suis régalé sur la partie consacrée aux dragons.
On sent qu’il prend plaisir à dessiner ces énormes bestiaux ailés, nous gratifiant d’illustrations magnifiques.
Jamais, ils ne m’auront paru aussi vivants.

En résumé

Un voyageur en Terre du Milieu est un carnet de croquis riche et généreux.
John Howe y explore l’environnement de la Terre du milieu tout en rendant hommage à ses légendes les plus mémorables.

Il est aussi la retranscription parfaite de l’immense travail qui a été produit par cet auteur lors de l’adaptation de Peter Jackson
.

Bulles Carrées

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