Le contexte
Fort du succès des X-men, repris en main depuis plusieurs années par Chris Claremont, Marvel Comics décide de créer des séries annexes pour en profiter.
Chris Claremont accepte, à condition que chacune de ces séries aient un ton propre.
Ainsi, Excalibur voit le jour alors que les X-men se font passer pour morts en se cachant à Dallas.
Diablo (Nightcrawler) et Kitty Pride (Shadowcat) aimeraient prendre un peu de temps pour faire leur deuil mais ils doivent partir à la rescousse de Rachel Summers (Phénix), pourchassée sur les terres anglaises par d’étranges créatures.
Ainsi les héros s’allient à Captain Britain et à sa compagne Meggan, mettant en place les bases d’Excalibur.
Alan Davis se charge de la partie graphique et ce choix n’est pas anodin.
Dessinateur anglais, il est lié , par ses travaux précedents, aux origines du groupe.
Les grandes étapes d’Excalibur
Les origines sont liées à un personnage : Captain Britain.
Créé pour le marché anglais par Chris Claremont et Herb Trimpe en 1976, le personnage devait être un équivalent à Captain America.
C’est avec la reprise de la série par Alan Moore et Alan Davis qu’une mythologie, inspirée par le folklore anglais, va être élaborée et servir de socle à la future série de Chris Claremont et Alan Davis.
A cette époque, on y retrouve déjà un bon nombre de personnages tel que les Technets ou Courtney.
Cette « première époque » a été publiée chez Panini Comics et, si elle apporte des compléments à notre aventure, n’est pas nécessaire à la compréhension de l’ensemble.
La seconde période est celle de Claremont / Davis.
Elle est éditée par Panini en intégrale par ordre chronologique de date de publication.
Une troisième et dernière période clôturera ce cycle.
Alan Davis, après avoir quitté la série quelques temps, la réintègre mais cette fois, il est seul au commande.
C’est, à mon avis, la plus riche de la série. Elle apportera des nouveaux éléments à la mythologie et résoudra toutes les intrigues qui avaient été mises en place précédemment.
Mais pourquoi lire Excalibur ?
Le scénario de Chris Claremont
Chris Claremont, malgré toutes les qualités qu’on peut lui donner, est un scénariste à l’ancienne.
Il aime multiplier les intrigues et ne voit leurs résolutions que sur le long terme.
Jusqu’à présent, il est plutôt connu pour son sérieux et une écriture très narrative, usant et abusant de blocs narratifs de description.
Avec Excalibur, il allège ce procédé tout en gardant la richesse de ses scénarios (intrigues multiples, caractérisation des personnages poussée, romance et action …).
De plus, il adopte un ton plus léger agrémenté de touches d’humour qui amènent un véritable vent de fraîcheur au monde des mutants.
Ce ton permet à la série de se démarquer des autres titres.
Les ennemis qu’ils affrontent (les Technets, bidule) et les environnements amènent autant de décalage que de variété.
A une époque où les adaptations diverses semblent découvrir le principe du multiverse, le scénariste s’amusait avec ce concept plus de 30 ans auparavant.
Mais Excalibur n’est pas « que » drôle.
Les intrigues restent intenses et ne sont pas avares en émotions ou drame.
Les personnages sont attachants et atypiques : l’élégance de Diablo, la naïveté touchante de Meggan, le colérique Captain Britain, la terre à terre Kitty Pride ou la flamboyante Phénix.
Ensemble, ils composent une équipe cohérente qui, des années plus tard, reste un merveilleux souvenir d’enfance.
Alan Davis
Pour moi, Excalibur est irrémédiablement lié à Alan Davis.
Pour une raison simple, j’ai découvert cette série (dans les pages du défunt magazine Titans) lors de la troisième période.
Alan Davis s’était lancé dans une épopée mêlant humour et tension dramatique, d’une qualité époustouflante.
Cependant, avant de devenir un scénariste hors pair, il a été un dessinateur talentueux.
Sur Excalibur, son trait, tout en rondeur et en fluidité, est déjà bien affirmé et se démarque par son élégance.
Sa narration est millimétrée, quoiqu’assez classique à cette époque.
Lui qui nous habituera, par la suite, à des cadrage biseautés et explosifs, c’est assez étonnant de le voir adopter ici une posture beaucoup plus sage.
C’est un artiste qui a rapidement atteint un niveau d’excellence et, si son style reste plutôt classique pour du comics, il impressionne par sa technique et la facilité qu’il a à mettre en page des scènes d’action de haut vol.
Il faut noter qu’il influencera de nombreux artistes actuels, le plus connus d’entre eux étant Bryan Hitch.
En bonus
Je ne peux pas terminer cet article sans mentionner la petite pépite que contient ce second intégral : la publication de X-Babies de Chris Claremont et (le trop rare) Arthur Adams.
Ce one Shot met en scène Kitty Pride qui se retrouve à aider des versions miniatures des X-men créées par le grotesque Mojo (critique à peine déguisée du système audiovisuel américain).
Cette histoire symbolise à elle seule le genre de délire que pouvait nous offrir Chris Claremont.
L’intrigue a un côté presque enfantin, agréable à lire, surtout en comparaison avec les super héros actuels, beaucoup trop sérieux.
Au dessin, Arthur Adams est au commande et c’est un pur moment de bonheur.
Avec un style léché et ultra détaillé, il nous en met plein les yeux et semble autant s’amuser que le lecteur.
Une petite confiserie à déguster sans modération.
En résumé
Excalibur est bien plus qu'une simple "madeleine de Proust"
Agrémenté d'un ton décalé, d'intrigues bourrées d'action, de mystère et de romance, les auteurs ont réussi à apporter un vent de fraîcheur dans un monde de super-héros parfois trop sérieux.