Mots Tordus et Bulles Carrées

Seven to eternity (Rick Remender / Jerome Opena)

Je suis un véritable fan du travail de Rick Remender mais il faut bien avouer que la plupart de ses comics ne s’accordent pas vraiment avec le public visé par notre blog. 
Alors pourquoi chroniquer Seven to Eternity, série en 4 volumes publiée par Urban Comics (Image Comics en VO) ? 

la fantaisie selon Rick Remender

Seven To Eternity a plusieurs atouts dans sa poche. 

Le scénariste américain, habitué aux univers de Hard Science ( Fear Agent, Low, Black Science, Tokyo Ghost ) ou de thriller violent (Deadly Class) s’attaque ici à un genre dont les ados raffolent : la fantasy. 

Zhal est un monde de magie où la science n’existe pas.

On y croise des créatures féroces, des monstres démoniaques ainsi que de nombreuses races diverses,  toutes croquées par le talentueux Jérome Opena (remplacé une seule fois, sur le tome 2, par le tout aussi talentueux James Harren). 

Ces deux-là se connaissent depuis longtemps et l’idée même de Seven To Eternity avait émergé à l’époque de leur première collaboration sur Fear Agent

Le dessin magistral de Jerome Opena

Jérome Opena a un talent hors norme pour mettre en scène des univers fantasques. Mélange d’influences comics, franco-belge, on y retrouve aussi quelques touches de Miyasaki notamment sur les designs de ses créatures. 

Son trait, aiguisé et affuté, révèle les moindres détails de sa faune urbaine et rurale. 
Foisonnant, il épurera cependant son style à partir du troisième volume et ce qu’il perdra en détails, il le gagnera en lisibilité. 
Certains de ses dessins sont tellement fins que, personnellement, je peux me perdre plusieurs minutes sur certaines pages pour y admirer le perfectionnisme de cet auteur. 

Urban Comics propose d’ailleurs 2 versions : une en noir et blanc, au format allongé qui rend hommage au travail du dessinateur et une autre, plus classique , en couleur mais moins chère.
Si vous êtes, comme moi, un amateur de dessin, je ne peux que vous conseiller les volumes « noir et blanc » mais soyons honnête, les couleurs de Matt Hollingworth s’accordent à la perfection au trait de Jerome Opena, lui apportant même une certaine luminosité. 

Mais Seven to Eternity ne se démarque pas que par son dessin.

Une réflexion familiale et sociale

Il y a beaucoup de choses à dire sur cette série alors je n’axerai mon analyse que sur 2 points, consacrés à ses 2 personnages principaux : Adam Osidis et son nemesis, le Roi Fange (ou maitre des murmures)
La famille est une thématique que l’on retrouve régulièrement dans les travaux de Rick Remender.
Famille aimante, absente ou dysfonctielle, elle est souvent centrale dans les actions de ses personnages. 

Adam

La famille

Et s’il y en a bien un qui symbolise cela, c’est Adam Osidis.

Adam est le fils de Zeb Osidis, chef du dernier clan ayant refusé la proposition du roi Fange
Adam est en quelque sorte condamné à vivre sous le poids de l’héritage d’un père, résistant ultime. 
Cette responsabilité, il ne l’assume pas, il la rejette même. Si beaucoup se rappelle de Zeb comme un combattant, lui ne peut s’empêcher de voir un père qui a sacrifié sa famille pour son combat. 
Et il ne veut pas la même chose pour sa propre famille. 

Adam est faillible, hésitant. Ses choix changent et sont parfois contrariés par l’adversité. 
Il n’admet pas vraiment ce qu’il est et encore moins ce qu’il veut. Au fond, il est terriblement humain. 
C’est d’autant plus flagrant que cette lutte générationnelle se reflète aussi dans les relations qu’il a avec sa propre fille (bien plus proche de Zeb que lui ne l’est).

Le murmure du roi Fange

Le roi Fange

Le roi Fange est quasiment son opposé. 
Sûr de lui, il ne doute pas de ses choix : il les impose même. 

Aussi appelé le maître des murmures, ce tyran a un pouvoir terrible : il insuffle la peur et la paranoïa en lançant de simples rumeurs. 
Quand on y réfléchit un petit moment, le Roi Fange n’est rien d’autre que la personnalisation de ce que l’on peut connaître sur certains réseau sociaux où la rumeur et la calomnie prennent le dessus sur la vérité. 

De ce point vue, le dernier tome (sans rien spoiler) est assez cynique et la conclusion (inattendue et comme souvent plutôt sombre) radicale sonne comme un avertissement. 

« Ne jamais céder à la tentation. »

Un scénario aux accents de romans de fantaisie

Alors oui, l’écriture de Rick Remender, composée de blocs narratifs assez conséquents, demande une certaine habitude de lecture mais, mise au service d’un univers et de personnages charismatiques, elle a tout le potentiel pour fasciner les amateurs de ce genre d’univers (et les autres aussi d’ailleurs).
La lecture est dense mais les thématiques sont traitées avec beaucoup d’intelligence. 

De plus , les auteurs ne sont pas avares en scènes d’actions, en moments de tension ou en retournements de situation. 

Du souffle dans l’action

En résumé

Rick Remender et Jerome Opena démontrent, avec Seven To Eternity, que la fantaisie peut être aussi le terrain pour traiter de thèmes très actuels (corruption, rumeurs, politique, fake news .. ) tout en restant agréable à lire. 

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Série ( 4 tomes )
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