Mots Tordus et Bulles Carrées

Sillage (Jean David Morvan / Philippe Buchet)

Sillage, c’est un peu ma madeleine de Proust. 

A chaque fois que j’y goûte, je replonge direct en 1998 (année de mon bac , comme quoi, je hiérarchise mes priorités),  quand j’ai découvert la série de Jean-David Morvan et Philippe Buchet aux éditions Delcourt ( dans la défunte collection Néopolis). 

Les deux auteurs étaient encore des inconnus au bataillon (en tout cas pour moi…). J’ai découvert sur le tard qu’ils avaient collaborés ensemble  sur Nomad avec Sylvain Savoia et surtout sur l’hilarante parodie de fantaisie : La quête des réponses). Sillage y faisait donc ses premières armes en proposant comme personnage principal, une jeune fille, Nävis, qui a bien grandi depuis. 

A cette époque, je lisais comics, je mangeais comics, je rêvais comics et le franco-belge ne faisait pas vraiment partie de mes habitudes de lectures. 
Le 1er tome de Sillage m’a pourtant immédiatement tapé dans l’oeil. 

Un graphisme aux multiples influences

Le graphisme de Philippe Buchet y était pour beaucoup : si mon jeune âge n’y voyait seulement que les influences comics (pas pour rien que le duo se retrouvera au commande d’un Wolverine à la sauce frenchie des années plus tard), on retrouve chez lui une multitude d’inspirations qui combinent un style frais et dynamique amenant un vent de nouveauté à la bd dite « de papa ».

Sillage : un convoi à la Star Trek

Navis, une héroine moderne

Chaque tome étant composé d’une histoire complète (mais avec un fil conducteur à suivre), Sillage débute son aventure avec la découverte de Nävis, une jeune humaine, intégrée au convoi de vaisseaux Sillage.  

Navis et son tempérament de feu

C’est un personnage qui en impose d’emblée : fougueuse, rebelle, fonceuse et prête à défendre toutes les causes qui lui semblent justes, même si cela l’amène à s’opposer à sa hiérarchie. 

Les premiers volumes expérimentaient diverses ambiances (Space Opéra, Steam Punk, Fantasy, récit de prison … ) mais j’appréciais surtout quand Jean David Morvan profitait de son récit futuriste pour nous faire réfléchir sur notre présent. 

C’est d’ailleurs ce que l’on retrouve sur ce dernier opus. 

Une oeuvre de science fiction qui questionne notre société

Couverture du Sillage Tome 21

Choqués par les images des milliers de cadavres de spatio-migrants échoués aux portes du Sillage, Nävis décide d’aider une journaliste à rendre visible les horreurs que subissent les migrants dans les camps où ils sont retranchés. 

La situation des réfugiés traité dans Sillage

Sujet ô combien actuel, l’auteur aborde le cynisme de nos sociétés face aux problèmes des migrants et des réfugiés.
Fuite des migrants, camps de réfugiés, profiteurs de misère et cette satané ingérence qui sert de prétexte au gouvernement pour ne pas intervenir, J.D. Morvan fait un tour général de la question.

Il en profite aussi pour donner sa vision du journalisme et permet de faire évoluer le point de vue de son héroïne qui les considèrent seulement comme des destructeurs de vie privée (le journalisme de Gala, quoi…)
Mais le journalisme, ce n’est pas que ça. 
C’est aussi un métier de conviction, de combat et de mise en danger qui permet de mettre à jour certains scandales. 
Et dans une société, comme la nôtre, qui n’a plus confiance en son information ( ou qui fait confiance à la mauvaise), c’est un message bon à entendre . 

Une série égale à elle-même

Quant à Philippe Buchet, il reste égal à lui même : travail détaillé, designs renouvelés et variés, mise en page classique mais efficace.
C’est techniquement impeccable et après 21 ans, ça reste toujours aussi solide.

Le duo se connaît bien et on ressent le plaisir qu’ils ont de se retrouver à chaque album. 

Alors oui, avec 21 tomes au compteur, il y a forcement eu des hauts et des bas.
J’avoue ne pas avoir toujours été fidèle et si j’ai une petite préférence pour le début de la série, je ne peux m’empêcher de revenir prendre des nouvelles de l’héroïne de Morvan et Buchet
Un peu comme ses lecteurs qui l’ont connue à ses débuts, Nävis a évolué, sa vie a changé mais elle reste une idéaliste prête à tout pour défendre ses idéaux. 

En résumé

Et c'est sans doute cela que j'apprécie tout particulièrement dans l'oeuvre de Morvan et Buchet : tout en parlant du futur, la série reste ancrée dans notre présent, quitte à en être un reflet peu valorisant. 

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