Filles uniques de BeKa et Camille Mèhu ( aux éditions Dargaud) raconte l’histoire de jeunes filles, isolées, parfois harcelées.
Influencées par la mystérieuse Chélonia, elles décident de se réunir pour former un groupe : « le club des mal barrées »
5 tomes pour 5 portraits de filles
La série, prévue en 5 tomes, se focalise sur le parcours de chacune d’entre elles tout en nous dévoilant (ou en continuant de dévoiler) le quotidien et les caractères bien distincts des 4 autres filles.
Le 1er volume était consacré à Paloma.
Une jeune adolescente rebelle qui passe de famille d’accueil en famille d’accueil jusqu’à ce qu’elle rencontre une tutrice plus « résistante » que les autres : Liselotte.
Une introduction intéressante, par son propos (le monde des familles d’accueil) et forte en émotion mais jugée, par certains, un brin trop sage.
Un second tome à la tonalité plus sombre
Le second volume, lui, allait s’emparer de la thématique du harcèlement à travers un personnage plus discret : Céleste.
Toujours renfermée sur elle-même, la tête recroquevillée sur son portable, Céleste est d’emblée un personnage à part dans un groupe aux caractères bien trempés.
Le harcèlement est un des sujets les plus abordés auprès des collégiens.
Mais Certaines Bds comme Silent Voice de Yoshitoki Oima ou les vestiaires de Timothée Le Boucher s’en sont déjà emparé avec brio.
On pouvait craindre que Filles uniques ne tiennent pas la comparaison.
Un dessin en pleine transition
Et pourtant, ce second volume frappe fort dès les premières pages.
De façon purement subjective, je dois bien avouer que le dessin de Camille Mèhu ne me parle pas vraiment.
Un trait simple (peut être un peu trop), un encrage linéaire mais une palette de couleurs variées qui donne corps au dessin.
Un style efficace mais qui manque un peu d’aspérités.
On aurait d’ailleurs pu craindre que son style soit un peu trop sage pour traiter d’un tel sujet.
Or, je dois bien l’admettre, le traitement opéré par la dessinatrice sur ce second volume et assez époustouflant.
Les planches où Céleste s’enferme dans « son monde » retranscrivent parfaitement le désarroi de la jeune fille tout en tranchant avec son style habituel, symbolisant une rupture avec le « monde normal ».
Un scénario de plus en plus torturé et mystèrieux
De la même façon, le scénario de BeKa surprend.
La recherche du harceleur prend la forme d’une enquête avec des retournements de situations et un dénouement assez inattendus.
Ce volume démontre que le sujet global de la série est autant axé sur l’amitié que sur l’éducation (et ses failles).
Le duo de scénaristes n’en oublie pas ses autres personnages.
Ils continuent le développement de Paloma tout en nous préparant au prochain volume consacré à la flamboyante Sierra.
Tout semble tourner autour de Chélonia et on se demande bien ce qu’ils nous réservent à son sujet.
En résumé
Filles Uniques démontre avec ce volume, tout son potentiel.
Il reste encore 3 volumes et les sujets des 2 autres semblent déjà balisés.
Cependant, comme prouvé sur cet opus, on peut s'attendre à quelques surprises.
Et c'est justement ce dont j'ai envie pour la suite.