Mots Tordus et Bulles Carrées

Le manoir (Stephane Melchior/Raphael Beuchot)

Liam, en rémission d’un cancer, est envoyé en convalescence par ses parents dans un étrange manoir.
Dirigé par le docteur Roy, l’établissement est énigmatique autant par les mystères dont il regorge que par les patients qu’il accueille.
Mais Liam ne compte pas s’éterniser et prévoit de s’enfuir de cette « prison » pour retrouver son foyer.

Le manoir, un lieu de transition et d’éducation

Un établissement étrange et mystérieux

L’intérieur du manoir

Adapté de la série d’Evelyne Brisou-Pellen, le scénario de Stéphane Melchior commence sur les chapeaux de roues.
Digne d’une scène de Taxi, Liam se retrouve au pied d’un manoir, isolé de toutes autres habitations.
L’endroit est austère et c’est peu de le dire.
Digne du château de Dracula, le bâtiment se démarque par son architecture gothique si particulière surtout pour y passer quelques jours de repos.
Et on ne peut pas dire que les locataires vont rassurer Liam.
Que ce soit un directeur évasif ou les patients dont certains frôlent la folie, le jeune garçon se pose de plus en plus de questions sur son lieu de convalescence.

Surtout qu’à chaque fois qu’il essaie de s' »enfuir », il se retrouve le lendemain dans sa chambre sans aucun souvenir de ce qui s’est passé.
Les portes cachées, les pièces qui mènent sur des extérieurs inconnus, il est évident que ce manoir cache un secret et Liam compte bien le dévoiler.

Et des réponses seront donnés dans un second tome qui se veut foisonnant.
Liam, mieux intégrés à l’endroit, poursuit son enquête et découvre une pièce qui donne un tout autre aperçu de ce point e relais.
Reste que de nombreux mystères sont encore à découvrir et on espère que ces deux tomes appelleront rapidement une suite.

Des personnages à différents espaces temps

La légende de Léonidas

Le manoir regorge de personnages pour le moins atypiques.
Venant d’endroits et d’époques différentes, leur présence est aussi énigmatique pour eux que pour Liam.
Cependant certains d’entre eux semblent avoir trouvé un rôle adéquate à leur mesure à l’image de Christophe ou bien de Léonidas, véritable protecteur du manoir.

Sur le premier tome, on se pose beaucoup de questions sur Léonidas.
Qui est cette personne qui se prend pour le roi légendaire de Spartes ?
Aux yeux de Liam, il passe, au moins dans un premier temps, pour un fou mais les révélations vont faire évoluer leur relation.
Celle-ci sot d’ailleurs un des axes majeurs du second volume qui nous présent un personnage plus complexe et attachant qu’il n’y paraissait au début.
Ami à entraineur , le guerrier devient un véritable atout pour le jeune garçon et lui apportera les clés d’un des secrets majeurs du manoir.

De plus les liens entre Liam et Cléa s’étoffent et amènent à des questionnements intéressants dépassant la simple amourette.

Enquêteur et rat de bibliothèque

Enquête à la bibliothèque

Liam, d’abord désarçonné par l’étrangeté du manoir, se retrouve dans le rôle du petit enquêteur.
Pour cela, il cherche des indices dans une pièce que tout adolescent essaie d’éviter : la bibliothèque.
Il faut dire que la première approche n’est guère avenante.
Lui qui recherche de la distraction (et pourquoi pas une bonne petite bd), fait face à une collection de livres datant des années 30.
Et pourtant, c’est bien par cette collection qu’il trouvera les réponses à quelques unes de ses questions.
Cette approche est d’ailleurs poursuite dans le second volume.
On sent l’attrait d’Yveline Brisou-Pellen pour les faits historiques qui ont dû la pousser elle-même, lors de l’écriture des romans, à devenir un véritable rat de bibliothèque.

De même, l’éducation reste assez présente dans la vie de Liam.
Notamment les mathématiques et les sciences auprès de Christophe puis le développement physique auprès de Léonidas.
D’une certaine façon, le garçon construit les prémices d’une nouvelle vie.

Car il est évident que malgré le suspense et le côté intriguant de cette série, les amateurs du genre devineront assez rapidement le poteau rose.
Même si les auteurs s’amusent avec certains retournements de situation, Ils répondent rapidement à la question principale pour se concentrer sur d’autres mystères bien plus intrigants.

Un travail graphique impeccable

Passage secret

La première chose qui attire avec cette série, c’est le nom de Raphael Beuchot.
L’auteur nous avait particulièrement marqués sur ses différentes collaboration avec Zidrou, et notamment la trilogie africaine.
Malgré tout, on avait perdu sa trace et c’est une agréable surprise de le retrouver sur ce récit « jeunesse ».

Sa narration reste classique, avec un nombre important de cases par pages, mais Raphael Beuchot instille une véritable atmosphère à cet établissement.
Son style détaillé, à l’image des nombreux décors, donne du corps à un récit qui se veut aussi psychologique qu’étrange.
Les designs de ses adolescents reprennent certaines approches du héros jeunesse tout en s’imprégnant de l’identité graphique de l’auteur.

La sobriété de ses couleurs sert à la perfection ses dessins.
Si elle déroge à l’imagerie colorée de la Bd jeunesse, elle nous fait ressentir l’ambiance si particulière de l’intrigue de Stéphane Melchior

En résumé

Le manoir de Stéphane Melchior et Raphaël Beuchot est un bon récit fantastique qui, par son étrangeté et la gestion de son suspense, réussit à nous tenir en haleine tout au long de ses deux tomes.

On sent tout le potentiel de cette saga proposant une intrigue sombre accompagné
d'un dessin sobre mais terriblement efficace.

Ces deux volumes adaptent le 1er roman de l'oeuvre d'Yveline Brisou-Pellen.
Si, en soit, la conclusion peut se suffire à elle-même, elle laisse en suspens certains secrets et donne envie de découvrir une suite potentielle.

Pour lire nos chroniques sur Celui que tu aimes dans les ténèbres et The promised Neverland

Bulles Carrées

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