Romane et son petit chaton Minet sont inséparables.
Mais le chat s’éloigne pendant que la famille de Romane est occupée à préparer leur retour de vacances.
Malgré les supplications de la jeune fille, ses parents n’ont d’autre choix que de prendre une décision difficile.
Réveillé au milieu de la nuit, Minet est surpris de trouver la maison déserte.
Seul dans un endroit inconnu, il décide malgré tout de retrouver sa maîtresse, peu importe ce que cela coûte.
La quête initiatique d’un chat abandonné
Un monde nouveau à explorer

Poltron Minet de Madd et Cédric Mayen commence par un acte tristement commun : l’abandon d’un animal domestique à la fin des vacances de famille.
Partant d’un fait et d’un traitement réaliste, le scénario d’Eric Mayen va rapidement prendre une toute autre tournure.
Et rien de mieux qu’un symbole fort pour trancher avec le monde réel.
Ainsi, Minet, jusque là chat domestique à quatre pattes, se retrouve sur ses deux pattes affublé d’un surnom qui le suivra tout au long de sa quête : Poltron.
Il faut dire que pour ce chaton, habitué aux caresses de son humaine, le monde sauvage n’est pas des plus accueillants.
Catégorisé comme « naturel », il doit apprendre les règles d’une société animale où l’on s’habille et on se tient debout.
Les auteurs décrivent une société a priori pacifique dont les lois sont érigées suivant des principes fondamentaux.

« Règle n°1 : on ne parle jamais des humains, ça pourrait les faire venir.
— Avare l’écureuil, Écureuil accro aux glands
….
Règle n°3 : Le respect est obligatoire. Toute agression sera durement réprimée, au contraire de l’entraide et de l’assistance qui seront récompensées »
En somme, ces règles de vie prônent la tolérance mais aussi, et de façon paradoxale, la méfiance.
C’est quelque chose que Minet va apprendre à ses dépens .
Cédric Mayen enrobe tout cela d’un récit d’aventure qui lorgne, à certains égards, vers la fantaisie médiévale.
Les changements d’environnements sont parfaitement maitrisés et permettent une variation d’ambiance, mélange d’humour, d’action mais aussi de réflexion.
Une société ignorante de ses contradictions

Assez logiquement, l’être humain est vu comme la pire des menaces pour les villageois.
On comprend assez facilement où veut en venir Cédric Mayen en pointant l’oppression constante que font porter les hommes sur les différentes races animales.
Cependant, en adoptant le point de vue de Minet, chat de compagnie attaché à son « humaine », l’auteur se permet d’apporter certaines nuances.
L’ acharnement qu’à Minet pour retrouver Romane montrent que des liens forts sont possibles entre un animal et un humain.e.
C’est d’ailleurs un sentiment que l’on retrouve aussi chez Chat Pourri, qui regrette son ancienne vie de chat domestique quitte à se mettre au ban de la société.
Malgré tout, tous les animaux ne sont pas traités de la même manière.
Certains sont domestiqués, d’autres chassés, ce qui amène des ressentiments divers suivant la catégorie à laquelle ont appartient.
De même, si cette société prône l’égalité complète entre tous les animaux, elle peut se montrer particulièrement méprisante envers celles et ceux qui ne respectent pas ses règles.
Le traitement des hérissons est, d’une certaine façon, assez symptomatique d’une politique qui, à partir de bons sentiments, peut dériver vers un système autoritaire.
Fluidité et luminosité

Une fois n’est pas coûtume, il va falloir faire abstraction de la couverture et faire preuve d’une certaine curiosité pour découvrir le trait de Madd.
Il est assez rare de voir une illustration aussi peu représentative de la qualité intérieure.
On en arrive même à se demander comment l’éditeur a pu passer à côté d’une telle « erreur ».
De mon côté, accordant une grande importance à l’impact d’une couverture dans mon achat ou non d’un album, j’ai longtemps laissé de côté la découverte de cette nouvelle série jeunesse.
C’est d’autant plus regretable que le travail de Madd sur les pages intérieures est plus que convaincant.
Son trait est fluide et convient aussi bien aux êtres humains qu’aux animaux, humanisés ou non.
Ses environnements sont variés et détaillés.
Ces dernier profitent d’une mise en couleur douce qui illuminent des dessins enchanteurs.
Malgré un nombre conséquent de cases, ses pages restent lisibles voire nous émerveillent par certains découpages, notamment lors des scènes d’action, qui viennent dynamiser l’ensemble.
Ce premier volume est au final d’une excellente facture lorgnant par moment vers des atmosphères graphique digne de Nob .
En résumé
Poltron Minet de Madd et Mayen est une nouvelle série jeunesse drôle et percutante.
On se prend rapidement d'affection pour ce chaton en quête de sa maîtresse.
L'univers mis en images par les auteurs lorgne tantôt vers la fantaisie, tantôt vers le récit médiéval, tout en restant accroché au monde réel.
Une franche réussite autant pour le divertissement que pour la réflexion qui en découle.
Son seul défaut ?
Une couverture assez peu attrayante qui ne reflète aucunement la qualité graphique des pages intérieures.
Commander sur



Pour lire nos avis sur Blacksad et La famille Souris
