Mots Tordus et Bulles Carrées

Chainsaw Man ( Tatsuki Fujimoto )

Dans un monde où les démons cotoient les humains, Denji travaille en tant que devil hunter pour le compte d’un mafieux local.
Étant attaché aux dettes de son père, il ne se doute pas de la trahison de son employeur qui l’oblige à fusionner avec Pochita, un chien démon-tronçonneuse.
Il devient Chainsaw Man.
Lié par ce pacte, il est recruté par une section spéciale du gouvernement dont l’objectif est de mettre un terme aux activités du démon flingue.

Une oeuvre inclassable

Un premier cycle dantesque

Power et Denji, une amitié particulière

Chainsaw Man de Tatsuki Fujimoto est catégorisé par la plupart des sites spécialisés comme un Shônen (Manga pour jeunes garçons).
Et effectivement, les débuts de la série semblent en reprendre une bonne partie des codes.
Denji, tout particulièrement, possède de nombreuses caractéristiques du héros, au point d’en être une caricature dont l’auteur se moque allègrement.
Obsédé, immature, inconscient, il ne semble pas vraiment prendre la mesure de son pouvoir.
D’une certaine façon, le jeune garçon est la symbolisation cynique d’une humanité dans ce qu’elle a de plus attachant et… de pathétique.
D’ailleurs, le mangaka ne cherchera pas vraiment à faire évoluer la psychologie de son héros.
Celui-ci étant, au final, assez peu touché par les bouleversements de sa nouvelle vie.

C’est d’ailleurs ce qui fait la particularité du ton de Tatsuki Fujimoto.
Une sorte de « nonchalance » plane sur son manga, en totale opposition avec la radicalité et la violence qu’il impose aux membres de la section.
Des morts, il y en aura. Et pas des moindres.
À l’image d’un Game of the Throne, il faut apprendre à ne pas trop s’attacher aux devils hunters qui, pour certains, font même office de chair à canon.
Non pas que l’auteur ne leur accorde pas de l’importance.
Bien au contraire, il veut qu’on les apprècie pour rendre la brutalité de leurs décès injuste mais inévitable.

Tatsuki Fujimoto a une approche très moderne des personnages féminins.
Makima, la cheffe de la section spéciale, ou Power en sont de parfaits exemples.
Si dans certains shônens, les femmes sont traitées encore trop souvent comme des faire-valoir ou des excuses à un fan service désuet, dans Chainsaw Man, ce sont elles qui mènent la danse.
Indépendantes et affirmées, ce sont des femmes de pouvoir qui n’hésitent pas à manipuler les bas instincts de Denji pour leur propre intérêt.

Un second cycle faussement adolescent

Après la fin du premier cycle, Tatsuki Fujimoto fait « pause ».
Il écrit deux courts récits démontrant une nouvelle fois l’originalité de son ton : Look Back et Adieu Eri !

Mais le démon à la tronçonneuse ne pouvait rester absent trop longtemps.
Et c’est ainsi que le mangaka reprend en main la destinée de Denji en… l’ignorant complètement.

Une nouvelle fois, l’auteur montre l’intérêt prononcé qu’il a pour la gente féminine en introduisant Aja Mitaka.
Cette jeune lycéenne, isolée et peu dégourdie, rêve de se débarrasser de Chainsaw Man, pour qui elle n’éprouve que du mépris.
Ainsi, elle se retrouvera à fusionner avec le démon-guerre.
Une relation s’établit entre la jeune fille et son hôte qui font, par le biais d’une cicatrice, d’Aja un personnage unique et double en même temps.

Ce parti-pris va à rebours de ce qu’on attendait de cette suite.
Nous avions laissé Denji victorieux, prêt à profiter de sa nouvelle notoriété au lycée.
Or, si Chainsaw Man est populaire, il n’en reste pas moins un démon.
En un seul tome, le mangaka pose de nouvelles bases, incorpore un nouveau casting plus restreint, et instaure une atmosphère presque adolescente oscillant entre l’humour noir et l’action défouloir.
On notera d’ailleurs, la manière toute particulière qu’il a de ridiculiser ses personnages principaux, Denji en premier lieu, qui au final n’a absolument pas changé de comportement.

Le second tome démontre qu’une nouvelle fois, il ne va pas falloir trop s’attacher aux personnage secondaires.
Si tout semble nous amener vers une confrontation entre Denji et Aja, le mangaka semble faire vouloir désamorcer la moindre des pistes qui amènerait à cet affrontement.
Du mois, sûrement pas comme on l’imagine et encore moins de façon glorieuse.

Une amitié contrariée

Une ambiance graphique étrange mais saisissante

Chainsaw Man et les chats

Graphiquement, c’est tout aussi étonnant.

A première vue, son style reste classique.
Le trait est fin, minutieux mais sans excès.
Il cherche avant tout la simplicité et ne travaille ses décors que si cela semble nécessaire.
Certains lui reprocheront la répétition de traits de caractères chez ses personnages mais il se rattrape par l’inventivité des designs de ses démons.
Le travail graphique autour de Chainsaw Man en est le meilleur exemple.
Ce démon à tête de tronçonneuse avait tout pour être grotesque mais au final, il marque par sa présence imposante.

Tatsuki Fujimoto est avant tout un raconteur d’histoire et il préfère accorder, en premier lieu, de l’importance à sa narration.
Le mangaka impose sa rythmique : accélération et rupture sont la marque de fabrique d’une narration étrangement addictive.
Sur le second cycle, il reprend même certaines mises en scène testées sur Look Back et Adieu Eri.

Mais c’est avant tout sur les scènes d’action que son talent est le plus éclatant.
Son dessin déborde d’une énergie folle, rendant sa mise en page explosive de dynamisme.
Elle assume à fond ce côté horrifique et ne s’impose aucune limite.
Les démons sont monstrueux, les combats sont sanglants et extrêmes.
Les lecteurs.rices sont pris.es dans une tourmente qui atteindra son paroxysme lors de la conclusion d’u premier cycle.’un premier cycle dantesque.

En résumé

Chainsaw Man de Tatsuki Fujimoto est une oeuvre inclassable. 
Alors qu'elle commence comme un simple shônen, l'auteur façonne une intrigue radicale, gore et psychologique qui se conclura sur un premier cycle cataclysmique.

Pour ce début de second cycle, le mangaka continue à nous surprendre en se consacrant à un tout nouveau personnage sans faire évoluer Denji qui reste égal à lui-même.
Toujours aussi folle graphiquement, la série n'a de cesse de vouloir nous sortir de nos habitudes. 
Et franchement, ça fait un bien fou. 

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