Mots Tordus et Bulles Carrées

House of M (Brian M.Bendis / Olivier Coipel)

X-men et Avengers se réunissent pour juger des actes de Wanda Maximoff, alias la sorcière rouge, lors de « la séparation ».
Alors que certains prônent une punition exemplaire, les héros se rendent sur l’île de Génosha où réside la fille de Magnéto.
Mais alors qu’ils s’apprêtent à lui signifier son sort, une lumière blanche les enveloppe.
Ils se réveillent dans un monde où les mutants ont pris le dessus sur les Homos Sapiens, sans que la plupart n’aient aucun souvenir de leur vie précédente.

Tous… Sauf un.
Wolverine se souvient de tout.
Et il compte bien mettre un terme aux manipulations de la Sorcière rouge et de son père Magnéto.

Un monde mutant

Le nouveau mon de Wanda Maximoff

House of M est un des premiers events dirigés par Brian M. Bendis.
Si l’auteur s’est fait une chouette réputation après son (excellent) run sur Daredevil, il arrive sur le titre des Avengers et s’affaire à remodeler radicalement l’esprit de la série.
Sa carrière sur le titre est sujette à polémique mais son rôle d’architecte lui permet de tenir les reines de l’univers Marvel pendant plusieurs années.

House Of M en est une première émanation.
Suite directe d’Avenger : la séparation, House of M propose un récit moins extrême, plus ancré dans la tradition marvélienne sans pour autant ignorer la nouvelle tonalité imposée par Brian M. Bendis.
Wanda, pour « échapper » à son jugement, crée un univers alternatif.
Celui-ci, de façon étonnante, se base sur les souhaits des personnages impliqués.
Ainsi, dans cet univers, Wonder Man est acteur à succès, Carol Danvers une super héroïne populaire et les X-men n’existent pas.
En effet, les mutants étant maîtres de leur destinée, ils n’ont plus besoin de héros pour les défendre.
Malgré tout, Brian M. Bendis ne recopie pas l’approche old school de l’âge d’Apocalypse.
Il opte plutôt pour une société utopiste où humains et mutants vivent en paix, ensemble.
Même si, comme le Fauve l’annonce à Henry Pym à propos de l’extinction de l’espèce humaine :

Je sais ce que tu penses. Moi aussi, ça m'arrive souvent. 
Si les dinosaures ne l'ont pas vu venir...C'est parce qu' ils n'avaient pas l'intelligence nécessaire. 
Mais toi si. 
Tu le vois venir et ça te fait mal. 

Si le récit amène les héros à détruire ce monde, c’est avant tout pour retrouver leur liberté.
Mais la question se pose : Et si les « bons » étaient cette fois-ci à côté de la plaque ?
Prenons, Spider-Man.
Dans ce monde, il est respecté, marié à Gwen Stacy et père d’un enfant.
En prime, son oncle n’est pas mort.
Le réveil ne peut qu’être douloureux.
On a parfois du mal à comprendre l’obstination de certains, Wolverine en tête, à détruire ce qu’ils n’ont jamais réussi à faire eux même.

Une tragédie familiale

Une mère en plein désarroi

Si House of M est un récit bien mené et efficace, quoiqu’un peu expéditif sur la fin, il est surtout intéressant pour son traitement de la famille Maximoff.

Wanda et Pietro sont les enfants d’un des plus grands super vilains de Marvel : Magnéto.
Un héritage lourd marqué par la tragédie familiale ( enfant comme parent ).
Wanda, amoureuse du symbiote Vision, ne peut enfanter.
Elle décide alors de créer ses propres enfants qu’elle voit disparaître sans pouvoir rien n’y faire.
Les années ont passé.
Pourtant, ce ressentiment restera prégnant chez l’héroïne et l’amènera à commettre l’irréparable.
Au début du récit, la sorcière rouge est résignée et accepte le sort que lui prévoit ses ex-collègues et amis.
Mais Pietro « Quicksilver » ne partage pas la décision de sa soeur.
Il a toujours cherché à la protéger et est prêt à s’enfuir à avec elle.
Sans l’appui de son père, Magnéto. Une déception de plus.

Magnéto n’est plus le « vilain » que l’on connaissait.
La destruction de Génosha l’a chamboulé et les crimes de sa fille l’ont achevé.
On découvre un homme au bout du rouleau qui sait que, d’une certaine façon, ce sont ses erreurs en tant que père qui ont provoqué cette situation.
Il n’est pas anecdotique que, même dans le monde fantasmé de sa fille, il ne semble pas comblé.
Coupable idéal, il fait face, une nouvelle fois, à la réaction extrême de Wolverine.
Or, si compassion il doit y avoir, cela ne sera sûrement pas pour la sauvagerie du mutant mais plutôt pour le désarroi d’un père qui n’a jamais été à la hauteur.

Un dessinateur français à la barre

Un trait particulièrement efficace

Olivier Coipel fait partie des rares auteurs français à avoir pu exporter son talent chez l’oncle Sam.
Après avoir travaillé quelques temps dans l’animation, il fait ses premiers pas chez DC, sur les légions des super héros aux côtés de Dan Abnett et Andy Lanning.
Il arrive chez Marvel avec Geoff Johns sur les Avengers mais c’est avec House of M, que le dessinateur français consolide sa réputation.

A cette époque, son style est déjà solide.
Son trait fin, détaillé, est particulièrement expressif et dynamique.
A l’aise sur tous types de personnages, il propose une belle gamme de création et propose quelques belles innovations vestimentaires, notamment pour les membres de la House of M.

Si l’auteur se montre plutôt pertinent dans sa mise en page, la suite de sa carrière démontrera qu’il est bien meilleur illustrateur que raconteur d’histoires.
Malgré tout, quand il est accompagné par un scénariste comme Brian M. Bendis, au style narratif très marqué ( bien qu’assagi sur House of M), son travail en ressort grandi.

House of M reste, à un ce jour, un de ses meilleurs projets artistiques.

Les répercutions (Attention Spoiler)

Traditionnellement, les event se terminent sur leurs lots de surprises amenant à de soi-disants changements.
Si le lecteur averti a pris l’habitude de ne plus rien espérer à ce niveau, il faut avouer qu’House of M remplit une partie de son contrat.

On regrettera certes que les ressentiments de Peter Parker aient été mis de côté (même par Bendis ) mais on ne peut nier que les récits vont chambouler l’avenir des titres mutants.
On pourrait revenir sur le fameux « No More Mutant » qui n’a pour objet que de se débarrasser de personnages de seconde zone, mais il est indéniable que cette phrase marque un passage de relai.
Les X-men, pendant longtemps titre phare de l’écurie Marvel, vont laisser leur place aux Avengers.
Point plus conséquent, Wolverine se remémore enfin de son histoire.
Longtemps énigmatique, le passé du mutant va se révéler au grand jour par le biais d’un récit majeur : Origin de Paul Jenkins et Andy Kubert.

Le cas Layla Miller démontre que le créateur ne fait pas forcement le succès d’un personnage.
Si Brian M. Bendis l’a créée comme simple Deux Machina pour contrer la supercherie de Wanda, elle connaitra son heure de gloire sous la houlette de Peter David qui en fera un personnage majeur de sa nouvelle mouture d’X-Factor.

En résumé

House of M de Brian M. Bendis et Olivier Coipel est un récit efficace, inventif et particulièrement rythmé qui met en scène des super héros dans un monde alternatif et utopique. 

On y découvre une famille brisée qui doit faire face aux jugements moralistes de héros "un peu trop droits dans leurs bottes". 
Le récit peut se lire de façon indépendante même s'il découle d'un drame et qu'il provoquera des changements "majeurs" pour la société mutante. 

Quant à Olivier Coipel, il fait preuve d'un talent et d'un dessin maîtrisé pour croquer toujours plus de super héros en action tout en collant à la narration très spécifique de son scénariste. 

Un des derniers grands events de Marvel 

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Bulles Carrées

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