Mots Tordus et Bulles Carrées

Kuro (So-Ma-To)

Coco est une jeune orpheline, isolée dans un mystérieux manoir, avec pour seul compagnon, Kuro, un chat à la dentition acérée.

Dans ce manga, Kuro a la lourde tâche de protéger sa jeune maîtresse des dangers qui entourent sa demeure.

Kuro, un manga gothique et kawai

Un conte sous influence burtonnienne

Un lien indéfectible entre un chat et sa maitresse

Il est bien difficile de ne pas penser à l’univers de Tim Burton quand on ouvre les premières pages de Kuro, le manga de So-ma-to.
Graphiquement, Coco est presque un archétype des héroïnes du réalisateur américain à l’image de Mercredi de la famille Adams.
À un détail près, Coco est extrêmement naïve.

Malgré les drames et les mystères qui l’entourent, la jeune fille est restée enfantine.
La relation qu’elle entretient avec son chat Kuro en est un très bon exemple.
Le manga s’ouvre le félin revenant d’une escapade avec un look légèrement plus agressif.
Au poil sombre du chat, s’ajoute une bouche béante aux dents acérées.
En somme, tout le monde flipperait pour moins que ça mais la jeune fille n’y prend même pas garde.
D’ailleurs, le ton du premier volume semble totalement en décalage avec l’irrationalité de cette nouvelle vie pour Coco.

La fillette ne change rien à ses habitudes malgré le comportement de plus en plus mystérieux de son animal de compagnie.
De tome en tome, leur relation devient fusionnelle au point qu’elle n’accepte aucunement qu’on remette en cause son animal de compagnie.
Même sur le dernier tome dans lequel la vie de la jeune fille est bousculée, elle n’acceptera jamais de se séparer de Kuro.
On comprend que cette petite bête représente bien plus qu’un simple animal de compagnie pour la jeune orpheline.
Elle est le lien avec un passé et une tragédie dont elle ne veut pas se rappeler.

Une narration atypique

Une oeuvre en trois temps

La narration du manga de So-mat-to est aussi originale que déstabilisante.
Elle se divise en trois temps :

À la manière des mangas comiques, la première partie est entièrement réalisée en couleur. Elle enchaine les saynètes d’une page décrivant le quotidien, somme toute banal, de Coco.
Ainsi, on explore ses journées, accompagnée d’un animal extraordinaire et qui symbolise la présence d’un monde tapi dans l’obscurité.
Cependant, la jeune fille n’est pas totalement isolée.
Un village se juxtapose à son manoir et certains habitants lui rendent visite, chacun.e pour des raisons très personnelles.
Ces rencontres apportent leur lot d’informations, permettant de développer un entourage et les liens qu’ils entretiennent avec Coco.
Cette partie en couleur est centrale.
C’est avec elle que l’intrigue se développera en utilisant le quotidien de Coco et Kuro pour développer une histoire dont l’intensité augmentera au fil des tomes.

Les deux autres parties, en noir et blanc, remontent le temps.
Sur l’une d’entre elle, les autrices se laissent porter par l’imagination de leur héroïne.
Sur l’autre, elles reviennent sur le passé de la jeune fille et de ses amies tout en apportant des éclaircissements à l’intrigue générale.

Plus on avance dans l’oeuvre, plus le duo de mangaka construit une structure solide en étoffant des contours si flous au premier abord.

On aurait pu craindre que les deux autrices ne sachent exactement où elles allaient mais on comprend vite, au fil des tomes, que le scénario a été pensé de bout en bout.
Les réponses s’avèrent au final assez simple même si l’univers de Kuro garde en son sein de nombreux mystères irrésolus.

Kuro, un manga aux graphismes intenses et colorés

Une parfaite gestion de l’horreur

Si le ton et l’intrigue de Kuro sont atypiques, la partie graphique du manga l’est tout autant.
Chose rare, plus de la moitié du manga est en couleur et ce sera le cas pour les deux autres tomes.
Si le dessin retranscrit parfaitement le côté Kawai de son héroïne (et de ses jeunes amies), il est contrebalancé par des apparitions, rares mais marquantes, de monstres sortant de recoins sombres et terrifiants.

Dans l’ensemble, le trait est soigné.
Les décors sont détaillés et la mise en page sait se montrer percutante quand cela est nécessaire.
Les deux parties, couleurs et noirs et blancs, apportent les nuances de tons et d’ambiances symbolisant à merveille la diversité du récit de So-ma-to.

En résumé

Kuro de So-ma-to est un manga étrange à plus d'un titre. 

Derrière cet univers gothique, aux inspirations burtoniennes, les autrices décrivent la banalité du quotidien de Coco, une jeune fille solitaire accompagnée d'un chat légèrement flippant.
Ce décalage constant cache des mystères plus profonds, symbolisés par la présence de créatures peuplant les alentours du manoir.

Graphiquement magnifique, l'oeuvre de So-ma-to déstabilise autant qu'elle charme, nous fait rire autant qu'elle nous effraie.

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Bulles Carrées

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