Banana Sioule (Michael Sanlaville)

« Première règle de la sioule : il n’y a pas de règles. » 

Dans ce sport, sorti du cerveau machiavélique de Michael Sanlaville, tous les coups sont permis, des plus féroces aux plus tordus.
Et malgré les multiples polémiques, la compétition obtient rapidement un succès mondial en engrangeant les bénéfices.
Malgré tout, pour redorer son image, la fédération crée une école de formation pour la future élite de la Sioule

Bien loin de cet univers, Helena aide son père aux taches quotidiennes de la ferme.
Il aimerait que sa fille trouve sa propre voix, sans s’enterrer dans un métier exigeant et épuisant.
Mais Helena est satisfaite de cette vie auprès de ses amis, sans trop se préoccuper du lendemain.
Jusqu’au jour où, après une énième dispute avec son père, elle tombe sur des jeunes qui l’invitent à faire une partie de Sioule …
Et c’est la révélation

Un hommage au manga de sport ?

Un shônen so Frenchy

Un Captain Tsubasa survitaminé ?

Après l’aventure Lastman, avec ses compères Balak et Bastien Vivès, Michaël Sanlaville reprend, cette fois seul, les crayons pour ce qui semble être un nouvel hommage au Shonen de sport.

Si, dans Lastman, le curseur était mis sur les sports de combat, ici, c’est un jeu de balle qui fait l’objet de toutes les attentions (quoique pas totalement éloigné du combat).
D’ailleurs, ce jeu en rappelle de nombreux autres, du Motorball de Gunm (Yukito Kishiro) à la Mécanique céleste de Merwan.

La Sioule, c’est un mixte entre le football, le rugby et le football américain.
Et on le comprend assez vite, au vu du leitmotiv de la série, tous les coups y sont permis.
Que cela soit sur le terrain ou en dehors du terrain où les manigances vont vite prendre le dessus sur la compétition.
Avec intelligence, l’auteur s’empare du genre et de ses codes balisés, tout en y insérant une touche plus frenchie
Forcément, Helena va se découvrir un talent certain et assez inattendu pour ce sport.
Inattendu car rien, ne l’y prédestinait.
Loin de la ville, la jeune fille aime sa vie rurale auprès de ses amis et même de ce père si oppressant.
Elle aime cette vie et elle essaie de lui faire comprendre même si on comprend que son inquiétude est bien plus profonde.

Sa découverte de la Sioule va remettre en cause leur relation mais aussi chambouler toute sa vie.
Petit à petit, sa tranquillité à la campagne laisse place à l’oppression et la fureur d’une cité où la morale n’a que peu de place.

Des personnages secondaires essentiels

De nombreux alliés et ami.es

L’une des grandes forces de Banana Sioule repose sur ses personnages.
Helena, jeune femme indépendante, ne cesse de s’opposer aux décisions d’un père bien trop inquiet.
Sur le premier tome, leur relation est touchante et met en exergue cette envie d’indépendance qu’ont tout enfant à un moment de leur adolescence.
Cependant, les divers disputes et remises en cause cachent un secret bien plus profond qui trouvera sa conclusion à la fin du tome 3.

Pour l’aider, Helena est accompagnée d’un groupe d’ami.es solidaires lui restant fidèles même lorsque ses succès dans la Sioule commencent à poser problème.
Pour elle, ce groupe est un point d’ancrage. C’est en les retrouvant, en passant des moments avec eux, qu’elle réussit à surmonter certains obstacles.
Ces relations sonnent justes et donnent lieu à des échanges intenses, notamment avec
Marco ou Sonny Daktari .
Ces dialogues amènent une dose de fraîcheur et d’humour mais aussi une émotion, là où on ne l’attend pas forcement.

Dynamisme et puissance

Une mise en page ultra dynamique

Le dessin de Michaël Sanlaville baigne d’influences multiples.
Reprenant les codes du manga, son trait, seulement rehaussé d’aplats gris, est ciselé et puissant.
La rondeur de son dessin, ainsi que la souplesse de son encrage, contraste avec une mise en page explosive.

Les matchs et les entrainements de Sioule sont épiques, grâce à la variété des éléments mis en place ( les voitures du tome 2) et une mise en scène cinématographique.
On y retrouve avec délice certains caractéristiques du shônen sportif, comme la déformation de la balle si cher à Captain Tsubasa

Michaël Sanlaville se montre à l’aise autant dans l’action que dans les scènes plus intimistes.
Si La Sioule apporte une bonne dose d’action à la série, c’est avant tout par l’intime et le mystère qu’elle se démarque petit à petit des clichés du genre.

Il prévient d’ailleurs ses lecteurs dans ses remerciements du tome 2 :

Plus j’avance, plus je m’écarte de la formule classique du shônen.

Michaël Sanlaville

Des références multiples et cachées ?

Bien sûr, et on en a parlé plus haut, les références au shônen (voire au manga en général) sont nombreuses.
Mais on ne doit pas limiter l’univers de Michaël Sanlaville à cela.
Dessin animé, films , séries, les inspirations sont variées et c’est justement ce mélange qui fait la force de Banana Sioule.
Si ce n’était qu’un simple hommage au manga, on ne soucierait au final que peu du sort d’Helena.

Certains lecteurs souhaiteraient sans doute un enchainement de matchs reprenant les schémas classiques du Shônen de Sport.
Le troisième tome explore une autre piste se concentrant plus sur les dérives d’un sport gangrené par l’argent, les manipulations et un sexisme arriéré que sur la compétition en elle-même.

Sur le premier tome, j’avais une petite théorie qui s’est avéré peu viable à la lecture des épisodes suivants.
Cependant, elle démontre les références induites ou non de l’oeuvre .
Pour moi, le tome 1 utilisait, au moins pour Helena et son père, une partie de l’imagerie de Superman.
Que ce soit la première apparition d’Helena, sa puissance, la ferme familiale ou le cliffhanger final qui fait écho à une scène culte liée au héros, les indices étaient multiples.
Mais cela n’était qu’une simple interprétation et les révélations du tome 3 vont vers une toute autre direction, bien plus cohérentes avec le reste de l’intrigue.
Le père d’Helena s’est avéré être le point névralgique de la série, celui vers qui les résolutions arrivent.
On regrette juste que certains de ses choix ne semblent pas totalement réfléchis voire irresponsables, lui enlevant d’ailleurs une partie de la sympathique que j’avais pour lui sur le premier volume.

Prix et récompenses

  • Prix littéraire des « dévoreurs de livres » ( département de l’Eure) – 2023

En résumé

Banana Sioule est un pur condensé de shônen qui ravira, au moins dans un premier temps, les amateurs de manga. 

Cependant, derrière l'explosivité de la mise en page, se cachent de nombreux mystères et des personnages tous plus attachants les uns que les autres.

La sioule aborde au final tous les aspects du sport, de l'entrainement au match, des querelles entre coéquipiers aux viles manigances sportives.

Au bout des 3 volumes, Michaël Sanlaville répond à de nombreuses questions sans pour autant clôturer définitivement l'aventure.

Les propos de Soni Daktari son d'ailleurs assez clair
"Nous ne pouvons plus faire machine arrière maintenant!"

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