Vermines ( Mathieu Salvia / Johann Corgié )

Marcus Garner est un membre actif d’un gang de la Nouvelle-Orléans.
Comme tout malfrat de sa trempe, il sait qu’un jour ou l’autre ses activités lui coûteront la vie.
Ce qu’il n’imaginait pas, c’est qu’une fois les balles plantées dans le buffet, il se retrouverait dans un univers parallèle peuplé de créatures étranges : les Vermines.

La nouvelle pépite ado-adulte de Mathieu Salvia

Marcus Garner : l’archétype du malfrat ?

Un gang mis à mal

Comme il l’a prouvé sur ses précédentes séries, Mathieu Salvia aime explorer les terres de l’imaginaire sans en édulcorer la violence.
Le premier tome de Vermines nous en avait donné un léger aperçu notamment sur une dernière partie aussi sanglante qu’explosive.
Le second pousse le curseur un peu plus loin avec une scène de boîte de nuit bien percutante démontrant que la série n’est pas à mettre entre toutes les mains.

Il faut dire que Marcus est loin d’être un modèle de vertu.
Et il ne cherche pas à nous le rendre plus sympathique que cela.
Si Marcus est l’archétype de la petite frappe irascible et grossierre, le scénariste s’amuse à ridiculiser la moindre de ses attitudes. 
Il y a un décalage entre ce qu’il veut paraître, ce que les gens voient de lui et ce qu’il est en réalité.
Cependant, il ne faudrait pas croire que le personnage soit aussi primaire.
Tiraillé par des souvenirs passés, ses choix l’ont éloigné de sa famille.
Perdu dans ce nouveau monde, il cherche à s’en sortir par n’importe quels moyens et apprend à faire avec de nouvelles règles de vie.

Bien sûr, Marcus n’est pas seul.
Il pourra compter sur l’aide de Grey puis de Lily.
Enfin, aide est un bien grand mot tant ils ont chacun leur propre objectif.
Mais la menace les oblige à former une coalition de fortune amenant des échanges plus ou moins virils. Et Lily n’est pas la dernière pour remonter les bretelles de notre gangster.
De quoi dynamiter une intrigue qui a déjà tout pour être explosive !

Un monde de Vermines

Un monde « proche » du notre

Si le récit nous emporte, ce n’est pas forcement par son originalité mais par sa capacité à nous embarquer dans une histoire au rythme effréné, multipliant les coups de pression et les révélations. 
Comme pour In Memoriam, le scénariste brise la routine de son personnage principal, pour mieux la reconstruire.
Pour Marcus, le choc fut brutal.
Assassiné en pleine rue, il se réveille dans un monde peuplé de créatures que Grey nomme les Vermines.

Le monde parallèle de Mathieu Salvia est parfaitement construit.
On découvre par étape une hiérarchie et des règles cohérentes même si celle-ci vont être bousculées.
Les monstres sont aussi variés que leurs rôles dont ils sont prédestinés.
Certaines vivent parmi les humains sans que ces derniers ne s’en aperçoivent.
D’autres dorment profondément, faisant partie d’un décor inamovible.
Les Vermines ne sont pas que des montres de sang froid et le second volume montre que leurs conditions de vie sont loin d’être reluisantes.
La question est posée : et si les monstres n’étaient pas ceux que l’on croyait ?

A noter que, sur le premier tome, le scénariste nous gratifie d’un épilogue sous forme de teaser avec, en prime, un clin d’oeil inattendu à In Memoriam.
Les fans de comics rêvent déjà d’univers interconnectés.
Si l’idée est savoureuse, elle en restera à un amusant easter eggs pour les lecteurs des deux séries, preuve de la générosité de leurs auteurs.

Influence américaine et changement de style

Une mise en page bien punchy

Si le duo Salvia / Djet est bien rodé, on découvre, avec un certain plaisir, cette nouvelle collaboration avec Johann Corgié.
Après une carrière de coloriste, on le retrouve, pour le première fois, en tant que dessinateur sur les lumières de l’Aérotrain au côté d’Aurélien Ducoudray.
Plus classique mais déjà fort d’une maîtrise technique, son dessin n’a pourtant rien à voir avec Vermines.

Le changement de style est assez radical.
Ses planches suintent d’influences comics que l’on retrouve autant sa mise en page que sur ses designs de créatures.
C’était déjà saisissant sur le premier tome mais la filiation avec James Harren sur Rumble ou UltraMéga semble encore plus évidente sur ce second opus.
Johann Corgié s’éclate comme un petit fou en multipliant les formes et les attitudes de ces nombreuses créatures.
Et une nouvelle fois, la scène de la boite de nuit en est le meilleur exemple.

Côté narration, on pense forcement au travail de Djet ou aux mises en page explosives d’un Darren Warren Johnson.
Les scènes d’actions sont généreuses et extrêmement régressives.

Si j’avais trouvé la couverture du tome 1 un brin décevante, celle du tome 2 reflète parfaitement le contenu et la qualité graphique de la série.
C’est d’ailleurs le cas de l’ensemble de ce volume qui s’avère un cran au dessus nous laissant présager un final réjouissant.

En résumé

Vermines de Mathieu Salvia et Johann Corgié est une série qui récompense tous les amateurs de monstres en tous genre. 

Avec cet univers rempli de Vermines plus ou moins féroces, les auteurs mettent en scène une intrigue bourrée d'action dans la droite lignée des comics de James Harren ou de Daniel Warren Johnson.

Avec ce second tome, ils ne s'imposent aucune limite.
L'ambiance devient poisseuse mais l'humour, parfois grotesque de Marcus, atténue en partie cette violence
graphique.

Johann Corgié assume à fond ses influences et apporte une véritable saveur à l'univers de Mathieu Salvia.

Le premier tome était une chouette entrée, le second est un plat de résistance génèreux!

Vivement le dessert !

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