Perlin, l’enfant qui faisait tomber la pluie (Siegfried de Turckheim)

Perlin est né avec un étrange pouvoir : il peut faire tomber la pluie.
Très vite, il décide de mettre cette faculté au service de l’humanité en apportant de l’eau dans des endroits où elle se fait rare ou en étouffant le moindre incendie.
Si ses actions héroïques sont d’abord adulées, l’opinion est versatile et l’espèce humaine a un défaut …
… elle n’aime pas la pluie.

Une oeuvre simple mais riche

De grands pouvoirs …

L’enfant et la pluie

A bien réfléchir, Perlin a tout de la figure héroïque.
Que ce soit son don et la moralité qui en découle, Siegrfried de Turckheim place son personnage dans la grande tradition des super-héros.
Surtout que Perlin a un pouvoir assez extraordinaire : il peut faire pleuvoir.
Or, on sait tous, et encore plus à notre époque, à quel point l’eau est un besoin vital.

Et tout commence pour le mieux.
Après avoir utilisé ses pouvoirs, comme tout enfant le ferait, pour jouer, il se met au service de la communauté et fait de son mieux pour améliorer les conditions de vie des habitants de notre planète.
Que ce soit par de petites actions, en arrosant des plantations, ou de grandes, en apportant de l’eau dans des contrées qui en manquent cruellement, Perlin est sur tous les fronts et ses action sont acclamées.
Chose forcement appréciable. On se sent utile, nécessaire.

Et puis, les choses changent.
La nature humaine passe assez vite à autre chose.
Mais comment vivre ça quand on est un enfant ?

Attirer le regard pour ne pas se sentir seul

Solitude du héros

C’est un autre élément récurrent des récits de super héros : l’adoration puis le rejet des idoles.

Et Perlin ne déroge pas à cette règle.
Ses actions n’ont plus rien d’extraordinaires.
L’homme s’y est habitué et ne voit plus de raison de montrer sa reconnaissance.
Ce rejet a un profond impact sur le jeune garçon qui s’isole de plus en plus, n’ayant plus que son chat comme ami.

Il a besoin qu’on l’aime et il cherche une façon de se faire remarquer.
C’est ainsi qu’il commet une grave erreur.
Car on ne peut pas obliger la reconnaissance, surtout si cette dernière s’avère vaine.
Perlin, en cherchant l’approbation d’une majorité, va comprendre que celle d’une seule personne lui est largement suffisante.

Ecriture et dessin au diapason

être adoré pour ce que l’on fait

Siegfried de Turckheim, dont on connaissait le travail d’illustrateur sur l’Apprenti conteur de Gaël Aymon, dévoile ici un vrai talent de … conteur (justement).

Ses textes, sortes de haïkus composés de 2 à 4 lignes, imposent une rythmique et une poésie littéraire à des dessins d’un finesse exquise.
Son trait rond et fluide est complété par un travail d’aplat à l’aspect fusain qui donne un grain immédiatement reconnaissable à ses illustrations.
Son style réaliste et élégant laisse toute la place à des personnages d’une exécution anatomique irréprochable.
La mise en scène de ses illustrations est ingénieuse et va à l’essentiel tout en renforçant l’impact de l’image et du texte.
Les couleurs sont sobres et savent se faire discrètes, tout en apportant la touche qui réhausse, comme un simple coeur colorié au crayon de couleur.

L’ambiance générale peut paraître sombre mais elle reste néanmoins portée par un optimisme final laissant une brèche d’espoir nécessaire.

Comme un rayon de soleil.

En résumé

Perlin, l'enfant qui faisait tomber la pluie, est un album époustouflant. 

Par le biais d'illustrations magistrales et de textes brefs et poétiques, Siegfried de Turckheim raconte le parcours héroïque d'un enfant qui fait tomber la pluie.

Sur fond d'écologie, l'auteur met en scène avant tout la solitude d'un héros, un jeune garçon laissé de côté après avoir été adulé. 
Heureusement, derrière la pluie, se cache toujours une éclaircie. 

Pour lire nos chroniques sur : Saint-Elme et Il pleut des parapluies

Bulles Carrées

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