Mots Tordus et Bulles Carrées

L’Apprenti conteur (Gaël Aymon)

Comme souvent lorsque je découvre un auteur et que j’apprécie son écriture, j’aime me lancer dans une nouvelle lecture pour en explorer l’univers et connecter ses histoires pour en comprendre l’imaginaire, à la manière d’une mosaïque dont chaque petit élément, associé à d’autres, crée un tableau. 

Dans le cas de Gaël Aymon, j’avais beaucoup aimé son Grim, fils du marais, sorti en 2021 et j’avais déjà senti un fil conducteur s’en détacher : celui de l’oralité, des légendes et des contes traditionnels.

A la découverte de L’Apprenti conteur, sorti un an plus tard, et magnifiquement illustré par Siegfried de Turckeim, j’ai été attirée par la noirceur de la couverture, représentant des éléments et des personnages issus de l’imaginaire des contes de Perrault.
Au milieu de cette illustration se détache un jeune garçon, au visage blanc. Sans nez ni bouche, il serre contre lui un grand livre. Au dos, cette phrase : 

« Pas facile d’être le fils du grand Charles Perrault…« 

Le roman, clairement présenté comme une réécriture de différents contes, utilise en effet le matériau classique des Histoires du temps passé, plus connu sous le titre des Contes de ma mère l’Oye. 
Or, lorsque paraissent en 1697 ces contes, Charles Perrault ne les signe pas de son nom. Il utilise plutôt celui de son fils, Perrault d’Armancourt. 

Le prologue du roman est adressé au lecteur comme un défi : il annonce d’ores et déjà que c’est ce fils, Pierre, apprenti conteur, qui sera le personnage principal (il serait le véritable auteur des contes de Perrault) et que l’atmosphère qui règnera dans chacun des 8 chapitres de ce récit sera sombre (comme on l’oublie trop souvent). 

A l’ombre de la porte d’entrée

Au manoir de Rosières

Le jeune Pierre a été envoyé à la campagne, au manoir de Rosières, pour écrire des poèmes. Ils devraient le rendre célèbre à Versailles mais il préfère les histoires populaires aux écrits de cour.
Sa rencontre avec Mariette va lui donner l’occasion de vivre des aventures dignes de sa plume.

Ce qui m’a séduite immédiatement en lisant l’Apprenti conteur, c’est que l’on plonge dans cette histoire comme si l’on était autour d’un feu lors d’une veillée.
En quelques phrases, le décor est planté. Les personnages prennent vie (ou plutôt « reprennent » vie puisque beaucoup d’entre eux sont des personnages référencés des contes). On tourne les pages comme on le ferait d’un ancien livre de contes, dont chaque chapitre correspondrait à un titre célèbre : « le Chat botté », « le Petit chaperon rouge », « les Fées »
frissons compris !

Sous le lit

La complicité entre l’auteur et les lecteurs est particulièrement jubilatoire. Chaque petit clin d’œil, au détour d’une parole ou d’une description, éveille un souvenir pour les lecteurs et crée une attente. Mais Gaël Aymon est malicieux et il joue avec cette intertextualité pour surprendre parfois et fausser les pistes. 

Ainsi, dans le chapitre précédé d’une citation de Peau d’Ane, il est question de robe qui se métamorphose comme dans le conte. Mais c’est en fait dans la maison de l’ogre que se rendent Pierre et Mariette. 

La force de l’imagination du conteur

Les fils des contes s’entremêlent pour former la trame du récit . S’ajoute également une mise en valeur de l’imaginaire des récits et légendes populaires. Et de la force de l’imagination de ce jeune garçon qui tente petit à petit de prendre le contrôle de sa propre histoire. 
Très habilement, Gaël Aymon tisse donc un récit à la fois personnel et universel. Les plus jeunes pourront vibrer et frissonner en suivant les aventures de Pierre et en (re)découvrant les figures marquantes des contes de Perrault. Il réaffirme également son amour des récits oraux anciens. Comme le dit si bien le personnage principal : 

"Je n'ai fait que mettre au goût du jour des histoires qui nous viennent des anciens. En les racontant, nous les gardons en vie, ainsi que la mémoire de tous ceux qui les ont racontées avant nous."

Alors toi ! Oui, toi qui vient de lire cette chronique ! Plonge dans l’action et le frisson des aventures de L’Apprenti conteur

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(Mots Tordus)

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