Mots Tordus et Bulles Carrées

Asterios le Minotaure (Serge Letendre / Frederic Peynet)

Thésée se retrouve captif de l’horrible Minotaure.
Mais, à sa grande surprise, la créature, douée de parole et plus humaine qu’il ne le croyait, le laisse en vie.
Mieux, le Minotaure décide de lui faire le récit de sa propre enfance.
Thésée découvre que le monstre n’est pas forcement celui qu’il a en face de lui.

Une mythologie toujours d’actualité

Depuis mon plus jeune âge, je suis fasciné par la mythologie grecque.
Les exploits de ces dieux et autres héros ont façonné mes premiers voyages imaginaires dans les confins de l’Olympe.
Et je ne parle pas de mon admiration pour les aventures d’ Heraklès dont la référence pouvait se trouver aussi bien dans un Asterix que dans un Avengers.
L’universalité de ses personnages est assez incroyable et, au final, je la retrouve, par certains égards, dans les comics de super-héros, considérés par certains comme une mythologie moderne.

Un mythe actualisé mais fidèle

Asterios de Serge Letendre et Frederic Peynet est le dernier d’une série de réécritures entamée avec La gloire d’Héra (consacré à Héraklès)
Astérios, qui peut se lire séparément des autres tomes, en est le parfait exemple.

Tout commence avec Dédale, futur concepteur du labyrinthe.
Après un acte criminel commis par mégarde, l’architecte est obligé de fuir Athènes pour l’île de Crête.
Là-bas, il se met au service du roi Minos et assiste aux évènements qui amèneront à la naissance du Minotaure.

D’un point de vue factuel, ce récit est d’une grande fidélité.
Que ce soit l’acte fondateur de Dédale qui amène à sa fuite, son rôle auprès de Minos ou la naissance du monstre (assez typique des récits mythologique), le scénariste n’y apporte quasiment aucune modification.
Il réussit même à mettre en lien, avec facilité, plusieurs mythes en nous rappelant notamment que Dédale est aussi le père d’ Icare.

D’un point de vue pédagogique, il ne serait d’ailleurs pas inintéressant de faire lire cette bande dessinée à certains élèves (la mythologie étant au programme des 6eme et cet album étant le plus abordable de la série à cet âge).
Cependant, à aucun moment, il ne simplifie son propos.
Mais il le rend lisible et sans doute plus agréable à lire que les textes en eux-mêmes

Une humanisation de la légende

Là où Serge Letendre apporte son originalité, c’est dans le traitement des personnages.

Dès l’origine, on sait que les dieux, mais aussi les héros grecs, sont des entités faillibles, en somme humains.
D’une certaine façon, il poursuit cette tradition en l’appliquant à des personnages qu’on ne jugeait que par leur monstruosité.
En donnant un nom au Minotaure, il lui donne aussi une identité et apporte une légitimité à l’histoire qu’il raconte.

Car plus que la destinée de Thésée (qui s’avère davantage spectateur que réellement acteur), c’est celle du « monstre » qui nous intéresse.
En nous la contant, il veut nous faire comprendre comment la légende a modifié la réalité d’Asterios.
Un peu comme pour les récit de Tim Burton ou Guillermo DelToro, le monstre n’est pas celui que l’on croit.

Par ce biais, il fait de la vie du Minotaure une véritable tragédie qui se sacrifie pour les personnes qu’il aime réellement.

Une succession réussie pour Frederic Peynet

Il n’est jamais facile de succéder à un auteur de la trempe de Christian Rossi (dessinateur des 2 premiers opus).
Frederic Peynet débute sa prestation sur le volume consacré à Pygmalion mais on sentait que l’auteur était en pleine transition entre son propre style et une charte graphique à suivre.
L’album était plutôt chouette mais manquait encore un peu de corps.

Sur Asterios, l’auteur a fait de nets progrès.
Beaucoup plus à l’aise et sans doute libéré de l’ombre de Christian Rossi, Frederic Peynet se lâche et gagne en maitrise, notamment dans sa colorisation qui offre une très belle palette.
Les images gagnent en impact et en puissance.
La transition est actée et le travail accompli est juste admirable.

En résumé

Asterios est un album riche et assez émouvant, prouvant une nouvelle fois qu'il ne faut pas se fier aux apparences.

D'une fidélité exemplaire, sans n'être qu'une simple copie, le récit de Serge Letendre et Frederic Peynet se veut accessible pour un large public.

Peut être le plus accessible de la collection.

Commander sur

Pour lire nos chroniques sur Le héros et Le feuilleton d’Hermès

Bulles Carrées

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Aller au contenu principal