Le mont Rushmore a été attaqué.
Un nuage rouge dévaste la foule de touristes pris par surprise par cet acte terroriste.
L’Amérique vient d’être frappée en son sein et les Avengers sont chargés de découvrir l’origine de cette attaque chimique.
Sur le front, Captain America et son équipe rentrent dans la zone rouge alors qu’à l’arrière, Iron Man et Black Panther tentent de coopèrer pour trouver un remède à cette peste rouge.
L’ennemi intérieur
Un run méconnu et atypique
Les Avengers, comme beaucoup de titres, ont connu des périodes de grâce et de disgrâce.
Avengers : zone rouge arrive à une époque où l’équipe de Captain America a du mal à se faire une place face à la multitude de titres mutants qui avaient les faveurs du lectorat.
Comme quoi, les temps changent.
L’équipe artistique d’Avengers : zone rouge a de quoi faire saliver.
Geoff Johns a commis très peu d' »infidélités » à DC comics, dont il est une des figures majeures.
Ce comics en est une.
Si son run est assez bref, il n’en reste pas moins intéressant à découvrir.
En effet, le scénariste américain prend rapidement ses marques et trouve l’histoire parfaite pour frapper les esprits.
Et c’est peut être aussi ça la force de cette histoire.
En plus d’un propos puissant et d’une mise en scène intense voire suffocante.
Geoff Johns n’arrive pas seul chez la concurrence.
Il embarque avec lui deux dessinateurs au début d’une carrière prometteuse : Ivan Reis et Olivier Coipel.
Ivan Reis ne se charge que de l’introduction du récit.
Son trait n’est pas encore assuré et manque par moment de souplesse mais on peut apercevoir ici et là, les prémisses d’un talent en devenir.
Certaines poses du Faucon sont d’ailleurs assez remarquables dans le genre.
Le traumatisme du 11 septembre
Si le grand traumatisme des japonais reste la bombe atomique, celui des américains est indéniablement lié aux attentats du 11 septembre.
Et d’une certaine façon, Avengers : zone rouge en est un énième écho.
L’attaque est soudaine et frappe un des sites symboliques du pouvoir américain : le mont Rushmore.
Les pertes sont consèquentes et touchent toutes les catégories de la population sans aucune distinction.
Quand le nuage frappe la population, il se met à dévorer les chairs et il est impossible d’y échapper.
Même les Avengers devront prendre leur précaution pour entrer dans la zone rouge et certains en subiront les effets.
Sur ce récit, Geoff Johns se montre plutôt incisif.
Lui qui nous a habitués depuis à ses proses conséquences, se montre ici sous une forme plus concise, laissant la place aux ressentis du lecteur.
L’horreur nous happe ainsi que l’impuissance des héros face à cette menace.
Et l’origine du nuage risque de faire chavirer les convictions les plus profondes.
Et si le coupable n’était pas celui que l’on pensait ?
Le doute est permis, même si on regrettera, une nouvelle fois, les choix éditoriaux de Panini, à la limite du spoiler.
L’intrigue se divise en 3 temps : les manipulations politiques d’Henri Gyrich face au Faucon, l’enquête des Avengers et les recherches de Tony et Tchalla.
Les personnages sont parfaitement caractérisés, même si une partie d’entre eux reste des éléments mineurs, à l’image de Jack.
L’équipe n’est pas composée de ses membres les plus puissants et sa cohésion ne semble pas encore bien établie.
Même si cela relève plus du hasard, on ressent déjà les prémisses de la période Bendis pointer le bout de son nez.
On y retrouve cette tension , ainsi qu’une certaine concurrence, qui se reflète à travers les échanges entre Iron Man et Black Panther.
De ce point de vue, Geoff Johns a largement compris que ces héros sont bien plus faillibles que ceux de la concurrence.
Impuissants, colériques, ambitieux, roublards, ils n’en restent pas moins des héros.
La French Touch
Il y a toujours une espèce de fierté, pour un.e fan de comics, d’admirer la prestation d’un dessinateur français sur les pages de ses comics préférés.
Olivier Coipel n’est pas le seul à avoir franchi les frontières américaines mais il est peut être le plus prestigieux.
Après une carrière dans l’animation, il fait ses débuts chez Dc comics sur un titre réputé mais largement méconnu dans nos contrées, la légion des super héros.
Hasard ou non, il était aussi question de virus et d’attaque terroriste.
Comme pour Ivan Reis, le frenchie n’en est qu’au début de sa carrière et il n’aura de cesse de progresser années après années.
Pourtant, je dois avouer que la vivacité de son trait à l’époque d’Avengers : zone rouge m’a toujours charmé.
La technique est déjà solide et laisse transparaître une empreinte graphique unique.
S’il laisse (encore aujourd’hui) un peu de côté les arrière plans, c’est avant pour se concentrer sur l’impact de ses images .
À contrario, il a la fâcheuse tendance d’abuser d’effets de cadrage ou de dépassements de cases qui peuvent nuire parfois à sa lisibilité.
Malgré tout, la prestation de l’auteur garde ce souffle de la première à la dernière page.
En résumé
Avengers : zone rouge de Geoff Johns et Olivier Coipel (entre autres) est un run qui mêle intrigue politique et menace terroriste. Derrière cet écho aux attentats du 11 septembre, le scénario cache une critique légère du pouvoir établi tout en donnant la part belle à des justiciers indépendants de tout contrôle. D'une certaine façon, les avengers deviennent les gardes fous de dérives potentielles du pouvoir. Si Ivan Reis n'a pas encore la prestance de ses travaux actuels, Olivier Coipel se montre déjà à l'aise avec les codes du comics américain. La spontanéité de son dessin donne toute sa puissance à une intrigue oppressante et passionnante
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