Il est des personnages de comics féminins qu’on n’oublie pas, complexes, forts et fragiles à la fois.
Des personnages sur le fil, qui peinent souvent à trouver la paix.
C’est le cas de Pamela Isley, alias Poison Ivy. D’abord criminelle à Gotham et femme fatale venimeuse attirée par Batman. Puis militante pour la cause environnementale et partenaire de Harley Queen. Internée au Sanctuaire, l’asile pour héros traumatisés, c’est d’ailleurs avec cette dernière qu’elle remonte la pente et que nait un amour partagé. Puis qu’elle sombre, après avoir été divisée en deux par The Gardener. C’est cette Poison Ivy, à l’énergie vitale en berne, que l’on retrouve avec G. Willow Wilson (la créatrice de Miss Marvel) et Marcio Takara pour ce premier tome de Poison Ivy Infinite.
La rose et l’épine
Ça devait être ma deuxième chance. J’étais censée être heureuse. A une époque, j’ai voulu me servir de cet endroit pour détruire une ville entière. Mais j’ai choisi la paix et la personne que j’aime. Si c’était un conte de fées, on coulerait des jours heureux. Mais ce n’est pas un conte de fées.
(Poison Ivy)
C’est par ce discours adressé à Harley Queen, la femme qu’elle aime mais qu’elle vient de quitter, que Pamela Isley ouvre le prologue de ce Poison Ivy Infinite.
Elle est seule dans la Wyoming, elle a perdu ses pouvoirs et cherche sa voie.
Alors qu’elle sent encore la Sève en elle, essence brute de la Nature, elle décide de lui offrir ses dernières forces en détruisant la race humaine, responsable de l’apocalypse qui menace notre planète.
Un cancer écologique.
(Poison Ivy)
Pour ce faire, rien de plus simple. Elle porte en elle le ophiocordyceps lamia, un champignon parasite qui contamine ceux qui le touchent ou le respirent, par les spores qu’il diffuse.
Ultra efficace.
Elle se dirige vers Seattle et fait « fleurir » son lamia le long de sa route.
Poison Ivy Infinite est donc à la fois un road trip à l’américaine, qui va provoquer des rencontres plus ou moins heureuses mais toujours enrichissantes. Une fuite en avant, vers un destin qu’elle ne contrôle plus vraiment, et une quête de paix intérieure.
Affronter ses démons
Traumatisée par la division d’âme dont elle a été victime (la douce et joyeuse Pamela Isley cohabitait alors avec Queen Ivy, la surpuissante et menaçante qui voulait détruire Gotham), Pamela survit pour régler définitivement le sort de l’humanité. Et pour affronter ses démons à Seattle, là où tout a commencé.
Elle compte y retrouver celui qui a fait d’elle un cobaye alors qu’elle avait 22 ans : l’Homme de la Sève.
La nature est tout sauf sentimentale. Les forts dévorent les faibles, puis excrètent leurs restes, ce qui fertilise le sol. C’est un cercle vertueux. Consommer, digérer, renouveler.
(L’Homme de la Sève)
Et c’est justement ces sentiments et cette affection, pour Harley Queen évidemment mais aussi pour les humains bons et généreux qu’elle va rencontrer, qui vont guider Poison Ivy vers une autre voie possible que celle de l’Apocalypse.
En effet, si elle semble déterminée à effacer l’erreur humaine de la surface de la Terre, Pamela Isley se pose beaucoup de questions. Son esprit est hanté de souvenirs doux avec Harley, magnifiquement mis en images par Marcio Takara. Mais aussi de cauchemars violents et d’hallucinations dans lesquels elle est manipulée par The Gardener ou l’Homme de la Sève.
Au final, l’histoire de Poison Ivy dans ce run est celui d’une émancipation. Celui d’une femme qui va accepter qui elle est, dans toute sa fragilité et ses faiblesses. Et surtout s’engager dans un combat pour la Terre, humains compris.
Seule.
Tout d’abord écologiste extrémiste, le discours devient, au fur et à mesure, plus empreint d’espoir. A l’image du jardin abandonné auquel elle va redonner vie.
Cette « guérison » de la société par la nature est aussi accompagnée d’une lutte pour les droits humains, et féminins en particulier. Les figures féminines sont multiples et chaque rencontre apporte à Ivy un éclairage sur ce qu’elle considèrera bientôt comme une symbiose. Sorte de synthèse entre sa défense de la nature et son amour pour Harley et l’humanité.
Pourquoi lire Poison Ivy Infinite ?
En lançant Poison Ivy en solitaire sur la route de Seattle, disséminant ses spores destructeurs, en quête d'un destin, G. Willow Wilson et Marcio Takara nous offrent une aventure sous forme de road trip, entre passé et futur, amour et rancoeur, vie et mort. Pamela Isley, à la fois forte et fragile, s'émancipe et acquiert un statut d'héroïne écologiste et féministe d'une belle envergure.
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