Mots Tordus et Bulles Carrées

L’amoureux (Rebecca Dautremer)

Rébecca Dautremer est de ces artistes que l’on reconnait au premier regard. Ses personnages au style « poupées de chiffon » sont étonnamment humains et son univers coloré emporte ses lecteurs dans un imaginaire très poétique.
Récompensé par le Prix Sorcières en 2004, L’Amoureux est ainsi devenu un album jeunesse « classique » de cette autrice illustratrice.

« C’est quoi ça, l’amoureux ? »

Au retour de l’école, Salomé se plaint à sa maman d’Ernest, un garçon qui l’embête souvent à la récréation. Mais l’explication de la maman laisse la petite fille pantoise :

« sans doute, Ernest voulait être l’amoureux de Salomé. »

De retour à l’école, les discussions vont bon train entre les enfants car personne ne sait ce que c’est « cette moureu« .

Et chacun y va de sa petite théorie. Les expressions figurées créent alors, dans l’imaginaire de la petite troupe, des situations rocambolesques et fantaisistes.

Réunion au sommet dans la cour de l’école

Ne dit-on pas « tomber amoureux » ? avoir un « coude-foudre » ?

Et puis, les amoureux, c’est dans les histoires. Mais est-ce réservé aux princes et aux princesses ? Seulement pour les grands ?

Cela a des effets surprenants. On est malade d’amour, on a chaud, on se donne la main… et puis on s’embrasse ! On peut même faire des bébés (beurk !).

Dans une série de double pages pleines d’humour et de poésie, tout y passe ! Jusqu’à ce que le secret soit révélé : si Ernest embête Salomé, c’est qu’il le fait exprès parce qu’il en est amoureux mais qu’il n’a pas les mots.

Si compliqué et si simple à la fois

Lire L’amoureux de Rébecca Dautremer, c’est plonger dans l’univers fantaisiste de l’enfance.

Plonger dans ses illustrations, tout d’abord. Tout y est disproportionné, comme les émotions et les rêves de l’enfance. Elles débordent même parfois de la page et l’on se retrouve dans l’esprit de ces enfants qui recréent le monde qui les entoure et qu’ils ne comprennent pas toujours mais qu’ils se réapproprient par les images et les mots.

Tomber à Moureu

Les couleurs chaudes et le trait fin créent un mouvement qui retranscrit à merveille l’énergie et le souffle de l’esprit enfantin. On tombe, on s’envole, on court, on se cache.

Lire l’album devient ainsi une quête du détail car chaque personnage, expressif et vivant, mérite qu’on s’y attarde. La curiosité des lecteurs en sera souvent récompensée !

Et plonger dans l’Amoureux c’est aussi faire sonner les mots : ceux des enfants, dans tout leur naturel poétique, et aussi dans leur drôlerie. Car on rit de lire à voix haute ces répliques de Thomas (le petit) ou d’Emilie.

« Il ne faudrait pas être tout nu, par hasard, pour faire l’amoureux ?  » a suggéré Salomé.

La tendresse des mots des enfants s’accompagne de-ci de-là de leurs propres dessins qui témoignent de leur imaginaire riche et symbolique.

Ernest et Salomé

Pourquoi lire l’Amoureux ?

Lire l'Amoureux, c'est découvrir (ou redécouvrir) l'univers graphique généreux de Rébecca Dautremer. Cet album qui a déjà presque 20 ans n'a pas pris une ride ! On rit, on s'émerveille et on plonge dans cette quête colorée et mouvementée de ce qu'est l'amour à travers les yeux et les mots des enfants. C'est doux et piquant, léger et profond à la fois. Un album essentiel. Comme l'amour.

Pour lire nos chroniques sur : Esther Andersen et un océan d’amour

Mots tordus

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