Mots Tordus et Bulles Carrées

Le grand méchant renard (Benjamin Renner)

Renard a faim.
Et quand il a faim, il ne peut s’empêcher d’aller faire un tour à la ferme pour essayer de croquer une poule.
« Essayer » car, en réalité, Renard n’est pas très crédible en prédateur et souvent, il repart bredouille.
Enfin pas vraiment, on lui laisse un petit panier de navets pour qu’il puisse au moins se sustenter.
Un peu dépité, Loup décide de le coacher et lui propose un plan astucieux : plutôt que de s’attaquer aux poules, pourquoi ne pas voler leurs oeufs et attendre que ses derniers grandissent.
Une idée prodigieuse ? A condition de ne pas être un renard qui s’attendrit un peu trop facilement.

Avant-Propos

Benjamin Renner est, avant d'être un auteur de bande dessinée, un animateur et réalisateur de dessin animé. 
Il a notamment travaillé sur l'adaptation des albums jeunesse Ernest et Célestine de Gabrielle Vincent, d'abord en tant que directeur artistique puis comme co-réalisateur pour lequel l'équipe a reçu le césar du meilleur film d'animation en 2013 puis l'Oscar du film d'animation en 2014. 

Des animaux tous plus drôles les uns que les autres

Un écosystème qui cohabite

Si notre ami le Renard est un personnage atypique, il ne serait sans doute rien sans la galerie qui l’entoure et qui lui donne la réplique.

Au centre de tout ça, on a la ferme.
Pour ceux qui ont déjà côtoyé le travail de Benjamin Renner sur Bébé à livrer, les idioties et autres bêtises du Lapin et du Cochon ne leur seront pas totalement inconnues.
De la même façon, les autres animaux de la ferme sont tous caractérisés par une attitude propre qui fait d’eux des personnages comiques en puissance.
Le chien est plutôt du genre cool et par certains égards rappelle celui de Shaun le mouton, alors que la Poule, bien vénère, est là pour recadrer tout ce petit monde.
Cette dernière, pour qui l’expression « mère poule » convient parfaitement, compte bien retrouver, par tous les moyens, ce que lui a volé le Renard.

La première scène, où le Renard se faufile dans l’enceinte de la ferme à la recherche de nourriture et dont il repart bredouille avec un panier de navets, symbolise parfaitement notre pseudo carnivore.
Renard est un peu un loser mais un loser sympathique.
Il aimerait être méchant comme le Loup, qu’il s’est forgé comme modèle, mais il n’a pas cette fibre en lui.
Et l’arrivée de trois petits poussins dans sa vie de prédateur ne va pas arranger les choses.

Devenir Parent sans s’y attendre

Une poule un peu soupe au lait

Le plan était pourtant simple.
Plutôt que s’attaquer aux poules et se prendre une énième torgnolle, Renard, incité par le Loup, décide de voler des oeufs et d’attendre que les poussins grandissent pour les dévorer.
L’idée était astucieuse mais voilà, Renard n’avait pas prévu de s’attacher à ces petites boules jaunes.

Car en plus d’être désopilant et d’apporter du décalage avec cette filiation hors norme, Le Grand Méchant Renard est une bd attachante.
Un peu comme Ernest qui se cache derrière son air bougon, Renard essaie de se comporter comme la norme le voudrait.
Le Loup est roublard, impitoyable, machiavélique.
Le Renard est bêta, sensible et profondément gentil.

La relation qui va se mettre en place, sans s’en rendre compte, est celle d’un parent qui éduque puis protège ses petits.
Même si ces petits ne sont pas les siens.
D’ailleurs nos trois poussins s’accordent assez bien à cette vie et vouent un réel attachement, même après avoir retrouvé leur mère.

Un véritable sens comique

Un modèle à ne pas suivre

Le Grand Méchant Renard est drôle.
Non, plus que drôle, l’oeuvre de Benjamin Renner est hilarante.
Dès les premières pages, l’auteur développe une science du dialogue et de la répartie qui apporte un véritable rythme comique à l’ensemble.

Le dessin, à première vue assez simpliste, peut être comparé à un storyboard de film d’animation.
Et à ce niveau, Benjamin Renner a du métier.
Avec peu, il fait beaucoup.

Les décors, quasi absents, laissent la place aux personnages et à leurs pitreries.
Leur expressivité joue un rôle essentiel mais c’est surtout le travail sur la gestuelle qui épate.
En quelques traits ciselés, Benjamin Renner crée des postures saisissantes qui donnent tout le caractère de nos animaux.
Un des meilleurs exemples est le Loup, animal raide comme un pic, le regard fermé et les mains derrière le dos.
Sa posture représente à la perfection ce qu’il est.

En résumé

Le Grand Méchant Renard est une oeuvre désopilante de bout en bout. 

Benjamin Renner fait preuve d'un véritable sens comique que ce soit par la gestuelle de ses personnages ou leurs interactions qui vous feront régulièrement éclater de rire.
Derrière cet humour ravageur se cache aussi une réflexion attendrissante sur l'éducation et sur ce que c'est que de se sentir "Papa" ou "Maman".
La bande dessinée a été adaptée en long métrage par Benjamin Renner en 2017

Récompenses

  • Prix jeunesse du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (FIBD) 2016
  • Prix Bd Fnac 2016

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2 réflexions sur “Le grand méchant renard (Benjamin Renner)”

    1. Entièrement d’accord.
      Je l’avais découvert avec son travail sur Ernest et Celestine et j’avoue que pouvoir le lire fut aussi un énorme plaisir.
      D’ailleurs, j’aimerai bien le revoir sur ce format un de ses 4

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