Dragon Ball (Akira Toriyama)

San Goku est un étrange enfant à queue de singe.
Insouciant et naïf, il possède une force hors du commun pour son âge.
Seul depuis la disparition de son grand-père, il est repéré par Bulma.
La jeune femme, au caractère bien trempé, cherche à mettre la main sur les fameuses Dragon Ball.
Ensemble, ils se lancent dans une quête leur permettant, une fois toutes les boules réunies, de faire apparaître Shenron, le dragon sacré, qui exaucera un unique voeu.

Il est difficile de résumer en une seule chronique toute la richesse de l'oeuvre d'Akira Toriyama. 
Avant tout, vous lirez ici un avis personnel traitant des caractéristiques et évolutions d'une saga majeure du Manga Shonen.

La richesse de l’univers d’Akira Toriyama

De Dr Slump à Dragon Ball

Humour et action avec un clin d’oeil à Arale de Dr Slump

Pour Akira Toriyama, le succès arrive avec la série Dr Slump et, d’une certaine façon, cet impact continuera à marquer les débuts de Dragon Ball.

C’est après avoir été repéré par son futur éditeur, Kazuhiko Torishima, qu’il se lance sérieusement dans le manga comique.
Arale était un personnage secondaire de Wonder Island, avant de devenir la gentille robot déjantée de Dr Slump.
Le manga qui est, avant tout, une série de sketchs délirants mettant en scène les habitants du village Pingouin ( et que l’on retrouvera un court instant dans Dragon Ball ) durera 4 ans.

Il sort donc à peine de Dr Slump quand Dragon Ball commence sa parution.
Et, d’une certaine façon, ça se ressent assez bien sur le premier volume.
Dans les premiers temps, Akira Toriyama est encore sur une ambiance de pure comédie et même si l’idée de départ est tirée d’une légende chinoise, le mangaka semble un peu tâtonner.
Cependant, il ne lui faudra pas longtemps pour mettre en place les bases, quasi canoniques, de son récit, avec notamment la quête des Dragon Ball.
Le rythme reste haché mais le fil est traversé par des rencontres majeures telles que celles de Tortue Géniale ou de Yamcha.

Un graphisme solide mais en mutation

D’un point de vue graphique, le talent du mangaka est déjà bien solide.
Akira Toriyama a un excellent niveau avec un style fin et détaillé.
On notera d’ailleurs une maîtrise rare de la comédie avec quelques aspect empruntés au cartoon (qu’on retrouvera pendant une longue période) qui provoque de beaux fous rires.
Il raffole aussi des véhicules en tous genres qu’il croque avec délice dans de magnifiques illustrations de couverture.

Si son trait va s’affiner au fil des tomes, c’est surtout sur sa mise en page qu’il va progresser.
Ainsi, le nombre de cases diminue.
Il laisse cette narration « strip » de côté pour se concentrer sur des scènes dynamiques et percutantes.
Son cadrage sert à merveille les scènes de combat et atteint l’excellence lors du dernier tournoi de la « période enfant » de San Goku.
Un tournoi qui reste un des monuments du shonen, autant par son côté spectaculaire que par la tension que ressent le lecteur en lisant ces pages.

Une galerie de personnages variée mais coincée par l’ombre du héros de Dragon Ball

La première rencontre entre San Goku et Bulma

Tout comme sur Dr Slump, Akira Toriyama a su créer une galerie de personnages foisonnante et variée.

San Goku, surtout dans les premiers temps, est le digne héritier d’Arale.
Son côté enfantin, complètement décalé dans certaines situations, fait de lui un des premiers grands archétypes du héros de Shonen.
Naïf, voire un peu idiot, il a deux passions : les combats et la nourriture.
Cette brève description nous amène à penser à Luffy de One Piece.
Et ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Eichiro Oda est considéré par beaucoup comme le digne successeur d’Akira Toriyama, même si, pour nous, l’élève a dépassé le maître.
Notamment dans la gestion du cast secondaire auquel Oda est bien plus attaché.

Pourtant, les alliés de San Goku sont nombreux et attachants, que ce soit le libidineux Tortue Géniale ou l’ami de toujours, Krilin.
La rédemption est un aspect récurent dans Dragon Ball.
Beaucoup de futurs alliés ont d’abord été des adversaires : Yamcha, Ten Shin Han, Piccolo et bien sûr Vegeta ou Boo.
Une caractéristique qui, d’une certaine façon, montre l’évolution du personnage.
En effet, leur défaite démontre les capacités grandissantes du héros mais amène une hiérarchie entre les alliés qui aboutit à l’exclusion des plus faibles comme Ten Shin Han ou Yamcha.
Au fond, San Goku, en étant au-dessus de la masse, nuit à l’évolution de son groupe qui au fil des tomes devient un simple faire valoir.
Au grand dam de Vegeta.

De l’enfance à l’âge adulte

La quête des Dragon Ball

Une quête à travers le monde

Soyons francs, nous sommes avant tout des admirateurs de la première période de Dragon Ball.

Celle-ci se caractérise par un humour désopilant, bon enfant, qui compte une bonne dose d’aventures et de combats.
Sur cette première partie, le mangaka a su trouver un équilibre parfait et, même si le manga tend de plus en plus vers l’action, il garde ce fond de comédie qui fait une des gloires de la série.
Une aventure marquée par des moments de pur fun, de mystère (à l’image des transformations de San Goku), d’amour, d’action et même d’émotion.

La quête des Dragon Ball symbolise parfaitement cela.
Décrite dès les premiers chapitres de la série, elle aura plusieurs incarnations et évoluera tout en restant un des fils rouges de la série.
D’une certaine façon, elle porte en son sein de nombreuses clés de l’univers de l’auteur.
Que ce soit le Tout-Puissant, Piccolo et plus tard, Namek, tout est lié à cette quête originelle.

C’est sans doute pour cela qu’on regrette la tonalité plus sérieuse adoptée par la suite.
Malheureusement, et malgré les signes de lassitude de son auteur à l’époque, la série perdure et prend le risque de se caricaturer.

La quête des Dragon Ball n’y échappe pas.
Si l’auteur a essayé de mettre des limites, son utilisation systématique lui enlève de sa prestance.
Lors de certaines périodes, la quête ne devient qu’un prétexte pour amener à des souhaits récurrents : la résurrection de personnages qui, à force de mourir, n’émeuvent plus vraiment.

Les tournois comme conclusion de cycle

Sens de l’action et cadrages ciselés

Les tournois sont l’autre marque de fabrique de la série.
Celle que l’on retrouvera jusqu’à la série annexe Dragon Ball Super et qui prendra, petit à petit, le pas sur celle des boules de cristal.

Les premières incarnations sont des moments clés pour les personnages et servent de conclusion à l’arc en cours.
Ces purs moments d’action et d’intensité démontraient la maitrise absolue d’Akira Toriyama pour ces scènes-clés.
Forcement, avec le temps et avec des ennemis de plus en plus puissants, les tournois deviendront de plus en plus spectaculaires.
Celui contre Picollo restera dans notre mémoire comme un moment extrême et une véritable prouesse technique.

Ce qui est intéressant avec les premiers tournois, c’est que sur trois, San Goku n’en remporte qu’un seul.
Celui-ci marque l’aboutissement du personnage qui passe de l’enfance à l’âge adulte.

Cette seconde période, appelée Dragon Ball Z, devait marquer un renouvellement consacré à la nouvelle génération.
Malheureusement, il en fut autrement.

La période « Dragon Ball Z »

Le nouveau style d’Akira Toriyama

La période Z est sans doute la période préférée des fans.
Plus axée sur l’action, plus sombre et sanglante, elle s’éloigne du côté enfant de la première partie.
Cependant, elle est aussi marquée par de fortes répétitions, un dessinateur lassé et moins impliqué, et un dessin moins abouti.

Car c’est aussi un moment de transition pour son auteur qui change radicalement de style.
Pour mieux correspondre à la nouvelle ambiance du titre, il laisse de côté les rondeurs de son dessin pour adopter un trait plus strict, marqué par des formes plus géométriques.
Les muscles et les plis sont droits et amènent un certain systématisme dans les matières.
La mise en page est toujours aussi dynamique et fluide mais elle en devient répétitive et perd un peu de son charme.

La période Z est traversée par de multiples influences cinématographiques, de Superman à Terminator, qui vont faire écho à toute une génération.
Si les premiers moments sont de qualité avec l’arrivée de Raditz jusqu’au combat contre Freezer permettant d’aborder les véritables origines de San Goku, on sent l’auteur moins inspiré par la suite.
Il y a encore de beaux moments de bravoure, à l’image du Trunk futuriste mais dans l’ensemble, la série va tomber dans ses travers avec des structures en forme de « copier/coller » et surtout des personnages qui n’évoluent plus.

Car c’est là que le bas blesse.
Si, jusqu’à Freezer, la série apportait certaines évolutions, elle ne réussit jamais à passer le cap de San Goku.
San Gohan, sensible et intelligent, est décrit comme l’opposé de son père mais le personnage ne prend pas.
San Goku reste le personnage primordial et, que ce soit son fils ou son petit fils, aucun n’arrivera à remplacer le héros dans le coeur des fans.

En résumé

Dragon Ball est un manga majeur.

Pendant plusieurs années, Akira Toriyama a offert à ses lecteurs un pur condensé d'humour et d'action et une sorte d'aboutissement qui l'obligera, même contre son gré, à revenir perpétuellement sur cette franchise.

Si on aurait tendance à préférer la première partie de l'oeuvre d'Akira Toriyama, la période "Dragon Ball Z" a un nombre considérable d'adorateurs et il est indéniable qu'elle a inspiré
les futures stars du shonen dont Eichiro Oda est le plus grand héritier.

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