Mots Tordus et Bulles Carrées

Les Larmes de l’assassin (Anne-Laure Bondoux)

 Quand paraît « les Larmes de l’assassin » d’Anne-Laure Bondoux en 2003 (aux éditions Bayard), je suis une jeune prof débarquant pour son premier poste fixe en collège.

J’ai été formée pour enseigner la littérature dite « classique » à des élèves. 
Molière en 5e, Maupassant et Corneille en 4e, les poètes résistants et Bazin en 3e
J’aime ces auteurs.
Ils m’ont accompagnée pendant mes années étudiantes à l’université mais je sens qu’il faut les amener progressivement vers mes jeunes lecteurs, parfois rétifs. 
Alors je glisse entre les mains de ces ados des romans de littérature jeunesse qui m‘ont touchée, pour qu’ils prennent plaisir à découvrir des personnages forts mais pleins de failles, qui s’interrogent sur la vie et ne laissent pas indifférents.

Quand je découvre cette couverture noire et blanche sur ciel rouge, cet homme massif, de dos, qui s’avance face au vent vers ce gamin, seul dans le décor désolé, mes attentes sont grandes.

Presque 20 ans après, je me souviens avoir pensé à Steinbeck dès les premières pages.
Dans ce paysage désertique et rocailleux du Chili, un assassin, Angel Allegria, décide d’élever Paolo Poloverdo, l’enfant dont il vient de tuer les parents.
La relation entre ces deux personnages, écrite dans le sang, va se construire et évoluer, entre souffrance, remords et amour.
Car c’est bien de cela dont il s’agit.
De l’amour qui naît au creux des pierres, entre un homme et un enfant qui ne devraient pas s’aimer, qui n’ont jamais été aimés eux-mêmes et dont la société ne supporte pas l’attachement.

Je me souviens de la façon dont ils s’apprivoisent, au-delà des mots, de la jalousie envers Luis, le poète, qui fait souffrir peu à peu celui qui devient père.

Anne-Laure Bondoux évoque d’ailleurs à ce propos, dans un podcast où elle s’entretient avec Anne-Flore Hervé pour son blog « Livresse », le duo que forment Jean Valjean et Cosette dans les Misérables de Victor Hugo.
Je me souviens aussi que l’écriture, dense et réaliste, offrait à cette histoire une intensité proche du conte et une puissance symbolique.
Loin, bien loin de tout manichéisme.

C’était il y a presque 20 ans, mais il glisse encore dans les mains de ces ados qui s’interrogent et ne restent pas indifférents.

Prix et Récompenses

  • Les Larmes de l’assassin a reçu le Prix Sorcières 2004.

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(Mots Tordus)

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