Alors que le jeune Kadyn accompagne bien malgré lui, son père lors d’une de ses nombreuses expéditions galactiques, ils subissent l’attaque d’un puissant Requin de l’espace qui explose littéralement leur vaisseau.
Séparé de son fils, Gil part à sa recherche après avoir échappé de justesse à l’attaque du monstre.
De son côté, Kadyn se retrouve investi d’étranges pouvoirs et, croyant son père décédé, décide d’explorer l’espace accompagné de deux étranges compagnons.
Epopée familiale et galactique
Un univers riche, aux inspirations multiples
Avec Sea of Stars, Jason Aaron, accompagné pour l’occasion par Denis Hallum ( plus connu sous le nom de Denis Hopelles ) au scénario, propose un décorum classique mais plutôt solide.
Il faut dire qu’il y a pléthore de comics de science fiction.
Et qu’à première vue, rien ne prédestine Sea of Stars à se démarquer des autres.
Cependant, elle a l’avantage, malgré tout, de proposer une aventure à un large public (sûrement la marque de Hopelles ) tout en développant certaines réflexions typiques de l’écriture de Jason Aaron.
Donc le décorum de Sea of Stars reste classique.
D’ailleurs, il tient plus du récit d’aventure que de celui de la science fiction.
Pour cause, les races extraterrestres, et notamment les créatures, évoquent plus la mer ou la jungle que l’espace.
On ne sera donc pas étonné de croiser des requins de l’espace ou autres singes cannibales.
La chose peut paraître grotesque.
Elle dénote, surtout, d’une envie de proposer un environnement lorgnant vers un esprit un peu plus enfantin mais correspondant à la psychologie de Kadyn.
Si cela peut paraître frustrant, il n’en est pas moins cohérent.
Et si un requin de l’espace peut paraitre ridicule, il devient assez vite terrifiant une fois qu’on lui fait face pour la première fois.
C’est d’ailleurs une des réussites du récit.
Trouver un équilibre entre récit jeune ados et une atmosphère plus sombre, voire désespérée par moment.
Relations contrariées mais attachantes
Le récit va vite… Peut être un peu trop vite.
Cependant, tout en imposant ce rythme élevé à leur lectorat, les auteurs développent des interactions intéressantes entre les différents personnages.
La plus importante est forcément celle qui lie le jeune garçon à son père.
On sait que, de Scalped à Thor, les relations familiales tiennent une place importante dans les récits de Jason Aaron.
Et Sea of Star ne déroge pas à la règle.
A un détail près, Kadyn est à peine âgé d’une dizaine d’années.
Et fatalement, il n’a ni la maturité ni la brutalité des personnages habituels du scénariste américain.
Et il faut bien l’avouer, le jeune garçon risque d’en agacer plus d’un.
Foncièrement immature, inconscient et naïf, il n’a franchement pas l’air de se rendre compte des dangers qui l’entourent.
Ses réactions peuvent paraitre, et le sont d’un certaine façon, déconcertantes.
Cependant, elles découlent d’une situation dont on apprendra les tenants et les aboutissants, plus tardivement dans le récit.
D’un certain point de vue, il y a un paralèlle à faire avec Danna, la guerrière exilée du peuple Zzazteks, qui voit dans le jeune garçon un moyen de se racheter pour la « faute » qu’elle a commise.
Une faute qui l’attache d’un point de vue émotif au jeune Kadyn et on comprend pourquoi.
C’est d’ailleurs peut être le point le plus « adulte » du récit et qui offre un réflexion d’autant plus moderne qu’elle est assez prégnante dans la société américaine moderne.
La quête de Gil est plus solitaire.
Plus violente aussi comme s’il devait porter sa croix.
Il a longtemps été un père absent et tenu par une promesse, il va tout faire pour se racheter une conduite, quitte à céder à un forme d’extrémisme.
Il n’est d’ailleurs pas anodin que son seul compagnon soit une I.A. défectueuse qui passe son temps à l’insulter.
Un dessin en pleine maturation
Stephen Green est encore un tout jeune auteur que l’on a pu retrouver sur Hellboy and the BPRD.
Sur Sea of Stars, il adopte un trait plus sombre mais encore en maturation.
Il est d’ailleurs intéressant d’observer l’évolution de son graphisme tout au long du récit, comme si ce dernier s’amusait à expérimenter de nouvelles techniques.
Si son dessin est par moment bancal, notamment sur les premiers chapitres, il va gagner en maitrise sur les derniers, n’hésitant pas à jouer avec les effets de matières et les ombrages.
Il est d’ailleurs totalement dans son élément quand il doit mettre en scène ces immenses créatures de l’espace, offrant pour l’occasion de très belles illustrations.
Sa mise en page est classique mais efficace et apporte du rythme et de l’énergie quand cela s’avère nécessaire.
Les couleurs de Rico Renzi s’accordent bien avec son trait et amènent la petite ambiance en plus qui lie l’ensemble.
En résumé
Si Sea of Stars n’est sans doute pas le meilleur récit de Jason Aaron, elle n’en est pas moins une aventure agréable aux multiples rebondissements.
Accompagné de Denis Hopelles, ils développent deux quêtes parallèles liées par une relation familiale encore marquée par les traumas de la vie.
Stephen Green se cherche sur les premiers chapitres puis trouve ses marques au fil des pages, offrant au passage de très belles illustrations et des designs de créatures marines cosmiques assez terrifiantes.
Une oeuvre parfaite pour faire découvrir Jason Aaron à un plus large public.
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