De la dictature (Equipo Plantel / Mikel Casal)

 » La dictature, c’est comme une dictée : un monsieur dit aux autres ce qu’ils doivent faire et ils le font. Un point c’est tout « 

Oeuvre d’utilité publique

L’égo du dictateur

De la dictature d’Equipo Plantel et Mikel Casal est une oeuvre qu’on se doit de contextualiser, pour saisir son importance pédagogique mais aussi historique.

Ce livre, écrit par un mystérieux collectif composé de deux économistes et une pédagogue, fait partie d’une série publiée, pour la la première fois, à la fin de la dictature franquiste.
Ainsi, cet album est le témoignage d’une époque que les auteurs nous conjurent de ne pas oublier.

C’est sans doute une des raisons d’être de cette série.
De la dictature, par la simplicité de son propos, s’adresse à la jeunesse pour qui ce type de régime reste inconnu.
La légèreté du ton permet un recul intéressant, notamment par la création un dictateur fictif.
On lui donne toutes les caractéristiques du chef tyrannique, égocentrique, manipulateur, qui s’allie aux plus riches pour mater les plus pauvres.
Détenteur de tous les pouvoirs, il met au pas une population qu’il soumet autant par la propagande que par la peur. 
Le dictateur n’aime pas partager et surtout il déteste ceux qui réfléchissent.
C’est là que se trouve la faille.
Car une population qui réfléchit, c’est un peuple qui commence à comprendre puis à remettre en question.

Reste que l’ouvrage ne propose pas de solution miracle.
Au contraire même, ils tiennent à nous mettre en garde.
Une dictature s’installe sur le long terme et seule sa mort ou sa fuite ramènent le pays vers le chemin des libertés.
Le collectif Equipo Plantel ne le sait que trop bien.
Il aura fallu près de 40 ans et la mort de Franco pour que l’Espagne redécouvre le chemin de la démocratie.

L’importance des illustrations

Un style percutant

À l’origine, le texte n’était pas illustré.
Avec ses dessins et sans apporter aucune modification au texte, Mikel Casal donne une véritable empreinte graphique à cet album.
C’est par le biais de ses illustrations que cette dictature prend vie sous nos yeux.
Si le style reste léger, reprenant les codes d’une illustration moderne, l’illustrateur symbolise à merveille les errements et les bêtises du régime.
Et il y a un côté grotesque chez ce dictateur.
Autant par son physique que par l’absolutisme de ses décisions, tout est exagération chez lui.
Par exemple, si le dictateur pense carré, le peuple doit penser comme lui.
C’est tellement ridicule qu’on ne peut y croire et pourtant il y a bien un dictateur qui a imposé sa coiffure à toute sa population…

Le trait exprime aussi bien la folie de cet homme que la tristesse du peuple qu’il soumet.
Les personnes mises en scène ont le regard vide ou baissé.
Une expression qui ne change qu’au moment de la fuite du dictateur.

En bonus, et avec un talent indéniable de caricaturiste, Mikel Casal croque les portraits de (trop) nombreux dictateurs.
Malheureusement, une version plus actuelle ajouterait sans doute de nouveaux portraits…

En résumé

De la dictature d'Equipo Plantel et Mikel Casal est un album jeunesse à la portée pédagogique essentielle. 

Si l'album aurait pu être marqué par son époque, le propos qu'il décrit est malheureusement encore trop d'actualité.
Par le biais des illustrations de Mikel Casal, le récit met en scène un dictateur fictif à l'égo démesuré.
Derrière le grotesque de ses décisions, se cache en réalité une volonté de supprimer la moindre des libertés fondamentales.

De la dictature est une mise en garde, une façon de dire aux plus jeunes mais aussi aux plus grands qu'il ne faut pas oublier.
Les dictateurs détestent ceux qui réfléchissent.
À nous de ne pas leur faire ce "cadeau".

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