Downlands (Norm Konyu)

Depuis le décès de sa jeune soeur jumelle, Jennifer, James Reynolds est obsédé par ses dernières paroles.
Il se souvient que, peu de temps avant sa mort, elle avait aperçu un immense et terrifiant chien noir.
Or, dans le folklore local, l’apparition de la bête est symbole d’un destin funeste.
Ainsi, il décide d’enquêter sur cet étrange phénomène et explore, avec l’aide de sa voisine, les contes les plus enfouis des Downlands.

Deuil et légendes urbaines

Exploration des Downlands

Les contes des Downlands

Downlands de Norm Konyu est une oeuvre touchante, explorant les recoins sombres d’un petit village du Sud de l’Angleterre.

Tout commence par un drame.
De façon soudaine, Jennifer, à peine âgée de 14 ans, décède, laissant son frère, James, et ses parents dans un désarroi total.
Cette mort est le point de départ d’une enquête nous emmenant dans les arcanes de la mort.

Norm Konyu façonne son histoire autour de petites histoires tragiques, sans lien apparent hormis leur localisation et la présence terrifiante d’un molosse noir.
Soixante douze cas, étalés dans le temps !
Ainsi, la légende se crée et les apparitions hallucinatoires de ce chien deviennent le symbole d’une mort en sursis.

En sursis et injuste (ou injustifiée).
Certains décès paraissent étranges, hantés par des visions de fantômes et autres phénomènes étranges.
Et c’est justement la grande réussite de cette album.
La quête de James, entre interrogatoires et fouille d’archives, prend des allures d’enquêtes, débouchant vers un crime impuni qui traverse le temps
Avec parcimonie, Norm Konyu disperse les clés de son intrigue, tout en laissant divaguer l’imagination de son personnage principal mais aussi celle d’un lectorat complètement happé par sa lecture.

Le dernier tiers épouse totalement ses inspirations fantastiques, allant jusqu’à faire voyager le jeune garçon aux confins du réel.
Et ainsi, tout devient clair, comme-ci seul le royaume des morts pouvait apporter un sens à toutes ces tragédies.

Mais la mort est-elle si injuste ?

Faire son deuil

Le messager de la mort

Avec Downlands, Norm Konyu aborde le deuil de façon frontale.

Effectivement, la mort d’un proche fait des ravages inévitables.
Si le scénariste n’appuie par sur l’émotion liée à ce drame, il ne le rend pas moins percutant par sa brutalité et les répercussions sur les « survivants ».
Et clairement, la famille de James est en pleine décomposition.
Décomposition par manque de communication. Et si le jeune garçon reproche à ses parents leur comportement, il n’est en réalité pas mieux qu’eux.
Comme eux , sa tristesse reste personnelle et égoïste, dans le sens où il ne peut la partager.

Son enquête surnaturelle n’est qu’un moyen détourné de trouver un sens à la mort de sa soeur.
La fin, sous forme de retrouvaille, n’est pas forcément des plus réjouissantes, et laisse James dans l’attente d’un moment dont il a appris à comprendre les règles.
La mort n’est pas juste ou injuste.
Il faut juste apprendre à vivre avec, en attendant l’arrivée, inévitable, de son messager.

Un style graphique percutant

Un effroi minimaliste

On ne peut pas dire que Downlands est la première réalisation de Norm Konyu.
Entre une expérience reconnue en animation, notamment chez Dreamworks ou Cartoon Networks, et la création de deux graphics novels, il s’est fait un nom, au point d’attirer l’attention de Glénat.
Malgré tout, son approche graphique n’est pas celle que j’affectionne le plus.

Si je perçois l’originalité du dessin, la puissance de ses ambiances, je le trouve trop « minimaliste » et surtout, beaucoup trop rigide.
Néanmoins, force est d’admettre qu’à la lecture, on se laisse embarquer par les visions graphiques d’un auteur inspiré et complètement habité par son sujet.
L’ensemble est percutant et on oublie assez vite la rigueur stricte du dessin, surtout qu’il est réhaussé par une belle palette chromatique.

En résumé

Downlands de Norm Konyu est une oeuvre envoûtante, explorant les arcanes de la Mort. 

Si l'enquête de James explore les légendes urbaines des Downlands tout en créant un fil rouge liant toutes ces tragédies, il est aussi le moyen pour le jeune garçon de faire son deuil en répondant à cette éternelle question : quel est le sens de la Mort ?

Le récit adopte une structure narrative mêlant enquête et légendes urbaines, pour nous amener vers un dernier tiers plus fantastique.

Le dessin de Norm Konyu, malgré un trait brut, est soutenu par une recherche narrative inventive et une palette chromatique créant des ambiances automnales et fantômatiques envoûtantes.

Une belle découverte !
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