Elliot au collège (Théo Grosjean)

Elliot entre en 6eme et il est du genre anxieux.
Nouveau dans le collège, il doit se faire de nouveaux amis mais sait que le moindre faux pas lui sera fatal.
Malheureusement, son angoisse, personnalisée par une petite boule rondouillarde, ne va pas lui faciliter la tâche.

Un projet ambitieux

Un projet d’inspiration personnelle

Pour être honnête, je connaissais assez mal le travail de Théo Grosjean.
L’ayant découvert très récemment avec son album précédent, le Spectateur, aux éditions Soleil / Noctambules, je n’avais même pas eu connaissance de sa série lancée sur Instagram, l’Homme le plus flippé du monde, dont 2 recueils ont été publiés chez Delcourt.

C’est d’ailleurs un peu dans cette veine que l’on peut classer Elliot au collège.
Avec son dessin tout en rondeur, Théo Grosjean nous explique ( en se mettant en scène) ses objectifs et envies pour le futur de sa série :

L’idée est de suivre ce personnage et ses camarades le plus longtemps possible et d’assister à leur évolution, au fil des années.

Ainsi , on pourrait assister à la vie d’Elliot d’enfant à adulte avec des thématiques et un format d’album changeant au fil du temps.
Le propos est assez audacieux et s’il peut rappeler, à certains égards , les Cahiers d’Esther de Riad Sattouf, l’œuvre de Theo Grosjean apporte un brin de fantaisie et de fantastique, tout en retranscrivant, avec une certaine justesse, les peurs du collégien.

Le microcosme du collège

Savoir faire sa place au collège

Au final, Elliot est plutôt un garçon banal.
Il n’a pas le profil d’un leader mais pas non plus celui d’un bouc-émissaire.
Graphiquement, il est une sorte de « mini » Théo Grosjean.
Un choix loin d’être anodin quand on sait qu’une partie de l’album est tirée des propres souvenirs de l’auteur.

L’album regorge d’humour « pince sans rire ».
En somme, on n’éclate pas forcement de rire mais on sourit souvent, très souvent.
L’auteur aime jouer avec le décalage des situations, rendant souvent les réflexions des enfants assez grotesques ou inappropriées.

Théo Grosjean a su recréer un vrai microcosme de collège avec son élève populaire, sa jeune fille rebelle, sa professeur énervée et ses amis fidèles.
Cela aurait pu être caricatural mais, au final, il s’en sort en insufflant par petites touches des moments plus sensibles, voire réalistes, qui apportent déjà un certain recul envers l’aspect essentiellement comique de cet album.

Surtout que, on le rappelle, l’ambition de l’auteur est assez conséquente.
Mais il sait parfaitement qu’il ne pourra pas de changer radicalement l’ambiance de sa série et, pour cela, il doit préparer le terrain en amenant certaines transitions.
C’est ce qu’il fait ici, de façon assez surprenante, et sans pour autant négliger l’aspect gag de l’album.
C’est d’ailleurs assez épatant, notamment sur les dernières pages de l’album et sur l’épilogue qui montre toutes les possibilités et évolutions de la série.

L’angoisse de l’entrée en 6eme

Se faire de nouveaux amis malgré son angoisse

Elliot a une particularité.
A l’image d’Ernest et Rebecca de Guillaume Bianco, le jeune garçon a personnalisé son angoisse sous la forme d’une petite créature avec laquelle il dialogue continuellement.
Cette dernière exprime, d’une certaine façon, toutes les pensées qui traversent la tête du jeune garçon, tout en restant une entité propre.
En effet, le rapport qu’a Elliot avec son angoisse est la source de nombreux décalages et de gags dont le message est simple :  » C’est en écoutant nos angoisses qu’on se retrouve à faire n’importe quoi . »
Car il est clair que la petite créature n’est pas la meilleure des conseillères, loin de là même.
Elle passe son temps à le rabaisser, l’amène à s’isoler, à s’inquiéter pour rien… Au final, elle est cette petite voix qu’on entend tous et qu’on écoute un peu trop souvent…

Ici, forcément, c’est traité avec humour et les deux compères deviennent au final inséparables.
L’un ayant besoin de l’autre et vice versa.
Car il ne faudrait pas que l’angoisse du jeune garçon soit remplacée par autre chose de plus… lumineux.

En résumé

Elliot au collège a toutes les qualités d'un très bon premier album. 

Sous forme de gag d'une page, Theo Grosjean met en scène les angoisses d'Elliot, un jeune collégien qui entre en 6eme et nous montre, à travers quelques uns de ses souvenirs, tout ce qui peut trotter dans la tête d'un enfant de cet âge.

Plus qu'un album jeunesse d'humour, la série regorge de petits moments tendres et doux qui apportent un certain recul et préparent de futurs développements intéressants.

Une oeuvre qui, derrière un certain classicisme, cache une véritable ambition.

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