Hulk : Futur Imparfait (Peter David / George Pérez)

Alors que cet article ressort pour la réédition de Hulk : Futur Imparfait dans la collection Must Have de Panini Comics, une petite remise en contexte s’impose.

Le 6 mai 2022, nous apprenions avec tristesse le décès de George Pérez
Une nouvelle malheureusement attendue, mais qui n’a rien enlevé au choc ressenti.
George Pérez évoque de nombreux souvenirs aux fans de comics, allant de ses débuts sur les Avengers à son run culte sur The New Teen Titans (édité chez Urban Comics). 
Son nom est relié à des récits majeurs tel que le Gant de l’infini, aux côtés de Jim Starlin, servant d’inspiration aux Avengers : Infinity War des frères Russo.

Hulk : Futur imparfait fait partie de ces oeuvres mainstream à découvrir.

Le Hulk de Peter david

Une construction psychologique

Le musée des disparus

Difficile de parler de Hulk : Futur Imparfait sans évoquer l’immense travail entrepris par Peter David à partir de la fin des années 80, sur le personnage.
Quand le scénariste reprend le titre, Hulk n’est qu’une brute épaisse et stupide, tout juste bonne à fracasser les ennemis qui osaient s’en prendre à lui. 
Or, rapidement, Peter David s’attaque à cette caricature pour expliquer la véritable raison d’être d’une telle créature.
Multipliant les analyses psychologiques , il démontre que Hulk n’est au final qu’une somme des psychés et traumas du Docteur Bruce Banner.

Hulk : Futur Imparfait se localise lors une période très particulière dans l’évolution du héros.
Après moults bouleversements, Bruce Banner reprend le contrôle du colosse sans pour autant récupérer son propre corps.
Finie la brute épaisse et irréfléchie, le nouveau Hulk est drôle, intelligent mais toujours aussi puissant.
Enfin libéré de ses instincts destructeurs, il se consacre à des causes qui lui semblent justes, même sa réputation continue à lui coller à la peau.
Mais en a-t-il vraiment fini avec la colère ?

Une mise en garde futuriste

La case choc

Acceptant l’appel à l’aide d’une dénommée Jocaste, Hulk se retrouve projeté dans un futur tyrannisé par le Maestro.
Récupéré juste à temps par la résistance, le colosse vert découvre que celle-ci est dirigée par un Rick Jones accablé par le poids des années.
Mais rapidement, la présence du héros est repérée et le Maestro décide d’intervenir.
Lui faisant ainsi face, Hulk découvre que le tyran n’est autre qu’une version futuriste de lui-même.

Contrairement à la série de base, qui joue habilement entre psychologie et humour, Hulk : Futur imparfait est un récit sombre, violent et désespéré.
Peter David y décrit un monde en perdition sans figure héroïque et qui fait face à la cruauté sans limite de son despote.
Certaines scènes, comme celle du charnier, sont assez glaçantes.
La dictature mise en place par le Maestro est sans pitié et impose sa loi aux plus faibles.
Il n’y a d’ailleurs aucune rédemption à rechercher dans cette version futuriste de Hulk.
Une seule question se pose : est-ce que Bruce Banner est condamné à devenir un dictateur cruel et impitoyable ?

Une nouvelle fois, ce n’est pas l’affrontement entre les deux colosses qui intéresse Peter David.
Avec ce récit, il poursuit la psychanalyse du colosse et nous démontre que, même sous cette forme « apaisée », les traumas du héros sont encore bien présents.

George Perez ou l’art du moindre détail

Un dessinateur minutieux qui pousse le sens du détail à l’extrême

La foule de dystopia

George Pérez était, sans conteste, le meilleur choix pour mettre en image Dystopia, la ville futuriste du Maestro .
A l’image de cette scène d’introduction qui s’ouvre sur un immense marché, le dessinateur nous décrit un environnement foisonnant et grouillant de multiples activités.

Si le style peut paraître désuet, il n’en est pas moins bluffant de technicité.
On s’amuse à scruter les pages à la recherche du moindre petit détail égrainé par un auteur au sommet de son art.
Pour beaucoup, George Perez est synonyme d’opulence graphique mais il ne faudrait pas oublier que c’est aussi un excellent raconteur d’histoire et un metteur en scène hors pair. 
Ses mises en pages sont solides, à l’image de scènes d’action multipliant les plans et effets ingénieux de narration.

Des designs influencés par l’époque

Affrontements brutaux et explosifs

Les designs peuvent paraître datés.
Pourtant, leur approche est originale et réfléchie. 
L’auteur a notamment porté un soin tout particulier aux codes vestimentaires des dystopiens.
On pense immédiatement à Mad Max qui montre un futur entre deux époques, sorte de retour en arrière social se mélangeant à une technologie avancée n’appartenant qu’aux puissants.
Une technologie martyrisante aussi pour ceux qui l’utilisent à l’image de ces soldats qui fusionnent avec leurs véhicules.

C’est aussi ce qui fait le charme de cette histoire.
Si son univers graphique ne correspond plus vraiment à notre époque, son histoire et les sujets qu’elle aborde restent passionnants.

Comme un bon film de science fiction des années 80 .

En résumé

Hulk : Futur Imparfait de Peter david et George Perez fait partie des moments forts de l'histoire du personnage. 
Cette vision désespérée d'un futur, merveilleusement illustrée par le regretté George Perez, symbolise toute la tragédie et l'ambivalence qui réside dans ce personnage.

Ce récit, autonome et complet, marque les esprits et aura de nombreuses répercutions sur le futur du personnage.  

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