On a tous admiré au moins une fois dans notre vie une oeuvre de Keith Haring (sans forcement connaître le nom de son auteur d’ailleurs).
Ces formes humanoïdes, colorées ou non, symbolisent les aspects les plus joyeux (mais pas que) de notre humanité et sont maintenant arborés (en décoration, sur des T-shirt) comme des symboles forts de notre culture commune.
Son style, emprunt de naïveté et de générosité, a influencé de nombreux artistes au fil du temps.
Le symbole même d’une volonté de transmission qui caractérise l’auteur et qu’ont eu envie de nous faire partager, à leur tour, Matthew Burgess et Josh Cochran.
Dessiner sur les murs (aux éditions Versant Sud) est un objet atypique.
Reprenant les codes de l’album illustré (composé d’un texte simple laissant une large place aux illustrations de Josh Cochran) et s’adressant à un jeune public, le propos est pourtant celui d’une biographie résumant les grands étapes de la vie de Keith Haring.
Cependant, bien loin d’être un gadget, ce choix s’explique par la volonté de coller à l’esprit et à l’univers du peintre.
Déjà graphiquement, les magnifiques pages de Josh Cochran reprennent, à leur façon, les codes de l’artiste tout en lui rendant un hommage vibrant de sincérité.
Certains dessins en mettent plein les yeux avec une véritable explosion de couleurs qui a de grandes chances de ravir les jeunes lecteurs.
Pour les textes, tout en restant simple mais précis, Matthew Burgess explore le parcours du peintre en nous exposant sa vision artistique.
Si Keith Haring est un auteur remarquable, c’est autant pour ses immenses fresques que pour son humanité et le rapport qu’il entretenait notamment avec le monde qui l’entourait.
Loin d’exclure les enfants de son public, il leur accorda une place primordiale en étant toujours à leur écoute.
Il croyait dur comme fer à la transmission et était persuadé que l’art ne devait pas rester enfermé dans des musées et encore moins dans des expositions.
C’est sans doute cela qu’il a retrouvé dans le graffiti et l’art des rues : une forme de liberté offerte au plus grand nombre, quels que soient leurs âges ou leurs situations économiques.
Plus qu’un artiste, c’était un homme impliqué dans le monde dans lequel il vivait et qui dénotte de par sa tolérance et sa générosité.
Certains aspect de la vie de Keith Haring auraient pu être difficiles à aborder dans un album illustré et Matthew Burgess explique avoir reçu des avis sceptiques sur le fait de parler de l’homosexualité du peintre ainsi que de la maladie qu’il essaiera de combattre : le SIDA .
Heureusement, soutenu dans ses choix par son éditrice, il l’explique :
» Nous (l’auteur et son éditrice) étions convaincus qu’il fallait plus d’ouverture dans les livres jeunesse. Certains enfants ne sont-ils pas confrontés à de graves maladies ? Ne pourraient-ils pas trouver de la force et du courage dans l’exemple héroïque de Keith ? «
Dessiner sur les murs est une oeuvre sensible, drôle, touchante et surtout inspirante à propos d’un artiste hors norme qui croyait que l’art devait être, avant tout, un lien de transmission entre les générations.
Un message qui résonnent avec vigueur, surtout à une époque où le monde de l’art semble perdre petit à petit sa valeur pédagogique au profit d’un marché qui étouffe toutes les possibilités d’ouverture que défendait Keith Harring.
Petite anecdote : La ville d’Angers offre la possibilité à certains artistes de magnifier certaines façades de la ville .
Cette fresque de Claude Couder est l’exemple même de l’influence qu’a pu avoir Keith Haring et comment certains (notamment dans le graffiti) continuent ce « combat ».
Bulles Carrées