Mots Tordus et Bulles Carrées

La maison des mots perdus (Kochka)

Certains romans sont de petites douceurs qui ne demandent qu’à être déballées. La Maison des mots perdus de Kochka est de ceux-là. J’ai été d’abord happée par la couverture aux couleurs chaudes, illustrée par Thibault Prugne. Puis attirée par son titre poétique qui m’a grandes ouvertes les portes de l’histoire de Ravi.

Qui suis-je ?

Ravi va avoir 10 ans et il est le trésor de sa mère Asha, avec laquelle il vit dans une grande maison, au coeur des Vosges. Il est en CM2 dans une petite école et tout le monde attend avec impatience son anniversaire.

En effet, le père de Ravi, Etienne Perrier, est un grand médecin qui parcourt le monde mais qui ne manque jamais de commander un gateau extraordinaire pour son fils, qu’il fait livrer à l’école pour tous ses occupants, enfants et adultes, chaque année.

Sauf que Ravi aurait préféré partager ce moment personnel avec sa famille… et non avec les 150 élèves de l’école.

Cette ombre qui passe dans les yeux du jeune garçon, M. Tourette, le directeur de l’école, l’a vue. Il va mettre en place un « plan d’action » pour comprendre ce qui assombrit Ravi (« le soleil » en bengali) et s’associer tout d’abord à Mme Jasmine, une dame de service, mais surtout au gardien, Daïsuké-Natsuki-Akimasa, pour mener son enquête.

– Est-ce que tout va bien, petit ?
Quittant la montagne des yeux, le garçon d’un mètre vingt-six se retourne.
– Oui, ça va, répond-il au vieil homme qui l’a pris par surprise, mais aujourd’hui j’ai dix ans et mon père est encore parti. Et ma mère ne fête jamais les anniversaires. Elle ne parle pas. Elle n’est pas tout à fait comme nous. Elle est ici sans être ici.

De fil en aiguille, la discussion entre le gardien et le jeune garçon va lui faire prendre conscience qu’un lourd secret pèse sur cette famille silencieuse. Une histoire pleine de tristesse et d’espoir. Son histoire.

Découvrir sa propre histoire

La maison des mots perdus est le récit triste, violent mais apaisant de la découverte de ses origines. Ravi, à travers les mots de son père, va tourner les pages du récit familial, dans toute sa vérité acérée.

Mais il sera accompagné par Daïsuké-Natsuki-Akimasa et les règles du Bushido qu’il lui enseigne.

Tu sais, les larmes réparent l’univers. Elles aident la vie à rejaillir encore plus belle. Elles nous apprennent à devenir délicats. (…)
Et, à chaque nouvelle règle, il donne un nouveau marron à Ravi, que l’enfant glisse dans sa poche.

Le roman est empreint à la fois de la rudesse de la vie que Ravi va découvrir à travers le parcours de sa mère, depuis l’Inde jusqu’à la France, mais aussi de la douceur d’être entouré, accompagné et guidé par ceux qui nous portent de l’attention.

Le personnage de Daïsuké-Natsuki-Akimasa est ici particulièrement touchant, mais comme l’est également celui de Monsieur Tourette ou même celui de Jour de Fête, le chauffeur de bus.

Une fois le livre refermé, on a envie d’écouter et de dire ces mots qui unissent et embrassent. L’écriture de Kochka est profondément humaine et pose, avec des mots simples et poétiques, les questions et les interrogations de Ravi. Ses doutes, ses colères et son amour aussi.

Pourquoi lire La maison des mots perdus ?

La maison des mots perdus est un livre lumineux. Avec Ravi, on redécouvre que la vie est comme une flamme. Cette vie qui nous brûle parfois mais qui prend de la vigueur lorsqu'on l'attise ensemble. Et qui fait briller les yeux quand elle est partagée. 

Une fois encore, les mots simples et doux de Kochka font mouche. Pour dire ce qui n'avait jamais été dit. Pour écrire l'histoire d'une vie commune où le chant de chacun est écouté. Dans un choeur mosaïque et harmonieux.

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