Tous les matins, le jeune garçon est déposé par son père chez sa grand-mère Baba.
Elle l’attend dans la cuisine et lui prépare toujours le même petit déjeuner : du gruau.
Auprès d’elle, le garçon vit des moments simples mais chaleureux.
Puis un jour, c’est au tour de Baba d’être accueilli chez les parents de l’enfant.
Le sens du partage
Après le touchant Je parle comme une rivière, Jordan Scott et Sydney Smith sont de retour avec Le jardin de Baba, un récit en hommage à la grand-mère de l’auteur.
À travers cette histoire délicate, Jordan Scott nous partage une partie de ses souvenirs d’enfance.
Le texte est à hauteur d’enfant. Ainsi, certains lieux n’ont pas encore de signification définitive comme le terril de souffre qui n’est qu’une immense pyramide jaune.
Les moments de vie semblent anecdotiques : un petit déjeuner, un tour au jardin sous la pluie, mais pourtant il provoque une avalanche de sentiments. Les odeurs, le toucher ou un simple regard ont plus d’importance que le son d’une voix.
D’ailleurs, si celle de Baba se fait rare, elle n’handicape en rien les rapports entretenus entre le petit-fils et sa grand-mère.
Au contraire, Jordan Scott centre son récit sur ce qu’ils ressentent sans jamais se le dire.
Et en effet, le vécu de la grand-mère est bien éloigné de celui du jeune garçon.
Elle connait la valeur des petites choses. Pour elle, un bout de nourriture tombé sur la table est le rappel d’un passé torturé où on ne mangeait pas à sa faim.
Tout a un sens et il faut le respecter.
Le Jardin de Baba se divise en deux parties qui, au final, se répondent.
Si une certaine mélancolie flotte dans l’atmosphère, Jordan Scott veut montrer que malgré les affres de la vie, on se doit d’être présent auprès de nos proches.
Un dessin qui irradie le texte
Le jardin de Baba nous éblouit par ses fabuleuses illustrations.
Le style de Sydney Smith reste personnel et enveloppe totalement le texte de Jordan Scott.
Tantôt précis et détaillé, le trait est parfois à peine esquissé, laissant davantage de place à l’émotion.
Des mains qui se touchent, une ballade sous la pluie, le moindre coup de pinceau sert à reproduire une sensation ou un sentiment particulier.
Les couleurs jouent avec des effets de lumières, apportant une chaleur essentielle à l’environnement.
Même sous la pluie, les personnages sont radieux. Une chanson fredonnée, une chasse aux vers de terre, tout apporte son lot de consolation à cette douce mélancolie.
On notera une véritable talent dans la mise en page de Sydney Smith.
Tantôt en pleine page, en double page ou en forme de cases, reprenant ainsi les codes de la bande dessinée, les choix sont variés et inventifs.
Avec Le jardin de Baba, Sydney Smith crée des ambiances douces, parfois touchantes, sans jamais tomber dans la tristesse.
Et au final, ce qui nous reste en tête est le léger sourire de Baba.
En résumé
Le jardin de Baba de Jordan Scott et Sydney Smith est un album teinté d'une douce nostalgie.
En rendant hommage à sa grand-mère, Jordan Scott retrouve les sensations, les odeurs et les souvenirs d'un lien que le temps n'a pas altéré.
Il nous fait le portrait d'une vieille dame à l'histoire chargée qui a besoin de peu pour communiquer avec son petit-fils.
Ainsi, elle lui inculque, sans forcément le vouloir, des valeurs mais aussi un profond respect de la terre nourricière.
Le dessin de Sydney Smith retranscrit ces sensations grâce à une sensibilité propre alliée à la puissance de sa colorisation.
Les illustrations sont aussi magnifiques que touchantes.
Un nouvel album coup de coeur pour un duo d'auteurs qui touche notre coeur sans forcément chercher à le briser.
Prix et récompenses
- Prix Sorcières 2024 Carrément Beau maxi
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