Dans un royaume paisible, un immense chêne trône depuis 600 ans.
Le souverain et ses sujets ont toujours respecté sa présence, liant leurs activités à cette nature florissante.
Mais à la mort du roi, ces pratiques sont suspendues. Et l’héritier, plus absorbé par son image, fait de ce chêne un simple outil de propagande mettant en péril son royaume.
Humanité et environnement

Le prince et le Grand chêne de Bernard Villiot et Pierre Breton est un sublime album à la portée écologique essentielle.
Et effectivement, dans un monde où les puissants se désintéressent totalement de cette question, le message de Bernard Villiot sonne comme une mise en garde.
D’une façon assez académique, l’album se compose de deux parties qui s’opposent inévitablement.
La première met en scène un royaume paisible inspiré par les codes de la fantaisie médiévale animalière.
Le souverain, un renard humble et juste, prend en compte le bien être de ses sujets autant que celui de ce Grand chêne dont il fait le symbole de son pouvoir.
En échange, la nature est généreuse et les paysans profitent de cette terre pour nourrir le peuple.
On comprend que cet accord induit est essentiel autant pour les sujets que pour le Grand chêne, protégé et admiré par le souverain et son peuple.
La deuxième partie marque une rupture avec la prise du pouvoir du prince héritier.
Et contrairement à son père, la fougue de la jeunesse lui impose de prendre une autre direction.
Imbu de sa propre image, seul le pouvoir l’intéresse, l’imposant par une autorité répressive et non plus compréhensive.
Si son père symbolisait un pouvoir juste et humble, son fils ne jure que par son image et sa puissance.
D’ailleurs son nom le symbolise parfaitement : Ego 1er.
Or, cet égoïsme s’avère destructeur. En ne s’intéressant qu’à son image, il met en péril le lien qui s’est créé entre la population et la nature.
Pire, ses actions détruisent la terre qui nourrit son peuple, l’obligeant à fuir un territoire devenu hostile.
Si Le prince et le Grand chêne se veut optimiste, car s’adressant à de jeunes lecteurs vecteurs d’espoir, l’adulte qui sommeille en moi ne peut y voir qu’une forme d’utopie.
Effectivement, seuls les dirigeants politiques peuvent changer le cours des choses et une remise en question complète de leur idéologie est à prevoir.
En sont-ils capables ? Bernard Villiot (et moi) aimerait le croire mais la réalité s’avère plus décevante.
De majestueuses illustrations

Aussi fou que cela puisse paraître, Le prince et le Grand chêne est le premier album de Pierre Breton.
Cependant, je ne peux que vous conseiller de jeter un coup d’oeil à son site qui regorge d’illustrations, d’animations et de peintures toutes plus magnifiques les unes que les autres.
Le travail graphique de Pierre Breton sur cet album est tout bonnement magnifique.
L’auteur multiplie les doubles pages aux textures colorées multiples, alliées à une maitrise absolue de la lumière.
On s’émerveille devant ses décors d’une ampleur folle donnant toute sa majesté à ce Grand chêne.
Le trait est assuré et la technique pointilliste de ces peintures numériques laisse pantois d’admiration.
On sent toute la puissance des scènes à travers sa mise en page d’une ingéniosité rare, laissant percevoir toute l’intensité de cette fable.
D’ailleurs, même si l’anthropomorphisme reste un classique des récits jeunesses, il lui apporte une prestance et une imagerie fascinante.
Un véritable réussite.
En résumé
Le prince et le Grand chêne de Bernard Villiot et Pierre Breton est un album jeunesse saisissant de beauté et à la portée écologique essentielle.
À travers ce récit reprenant les codes du conte et de la fantaisie, Bernard Villiot nous démontre que notre lien à la nature et non à l'égocentrisme des puissants, est capital au bien être et à la survie de notre espèce.
Le propos est clair et, si la fin pourra paraître naïve, elle apporte un espoir salutaire.
Pierre Breton est la véritable découverte de cet album. Chacune des illustrations est un tableau d'une beauté saisissante.
L'artiste retranscrit autant la beauté de la nature que les ravages du pouvoir.
Un coup de coeur graphique


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