Béa(trice) est une jeune fille réservée, vivant avec son Grand-pa, un cochon sorcier qui a la lourde tâche de protéger la flamme éternelle.
Or, un jour, il disparaît mystérieusement.
Prenant son courage à deux mains, elle part à sa recherche et fait la rencontre de Cad, le dernier des Calduriens.
Ensemble, ils entament un voyage qui va changer leurs vies.
Une épopée épique et lumineuse
Un monde original et foisonnant
Le premier tome de Lightfall introduit nécessairement les éléments caractéristiques du monde de Tim Probert.
Ainsi, Irpa est une planète où le soleil a été remplacé par 8 lumières, flottant dans le ciel.
Cette société est complexe, les décors sont majestueux, et les races sont multiples, donnant à l’ensemble une structure cohérente.
De ce point de vue, Tim Probert semble se diriger vers une fantaisie à la Tolkien, au moins sur le papier.
En réalité, la série se rapproche surtout du Dark Crystal de Jim Henson.
D’ailleurs, les Tikarri rappellent énormément les Skeksès, en moins grotesques.
Au niveau des personnages, Béa / Cad se complètent parfaitement.
Béatrice n’a franchement pas le goût de l’aventure.
Plutôt sur la réserve, elle passe son temps à essayer de contrôler un flux noir provoquant chez elle de nombreux doutes.
À l’image d’un Frodon, elle doit sortir de sa zone de confort et trouver les ressources d’une future héroïne.
Au fil des tomes, la jeune fille prendra de l’assurance, assumant ce rôle en dépit de ses erreurs.
Cad est plus atypique.
Si son look peut prêter à sourire, il est le dernier représentant d’une race de guerriers que tout le monde croyait éteinte : les Calduriens.
Il est, en quelque sorte, l’antithèse de Béa.
Fougueux voire téméraire, il se lance à corps perdu dans la bataille, sans même réfléchir aux répercussions.
Lui aussi évoluera avec le temps et les évènements du second volume l’amèneront à plus de raison.
Tim Probert profitera du 3eme tome pour nous dévoiler une partie de ses origines, non sans une certaine émotion.
Le duo se lance ainsi dans une aventure qui prend de plus en plus d’ampleur, allant jusqu’à jouer avec ses prérequis, tout en affinant son propos et les réflexions qui en découlent.
Une aventure épique
Si Lightfall commence tranquillement, la révélation du véritable danger, planant sur Irpa, change radicalement l’ambiance du comics.
Le ton du premier tome oscille habillement entre humour, émotion et action puis se durcit sur le second volume.
La légèreté, si elle reste présente, laisse cependant la place à une tension grandissante.
Les défis sont plus intenses et les créatures à combattre plus féroces.
Nos héros se retrouvent plusieurs fois dans de fâcheuses situations, allant jusqu’à pactiser avec des esprits dont ils ne maitrisent pas vraiment les codes.
Les retournements de situation sont nombreux mais Tim Probert garde le contrôle de son histoire et nous emmène à petits pas vers un affrontement à la finalité incertaine.
Le tome 2 se conclut sur une révélation qui, si elle semblera évidente pour le lecteur-ice averti.e, amènera Cad et Béa à revoir totalement leur objectif.
C’est d’ailleurs le sujet d’un troisième volume, prenant un nouveau tournant.
Tim Probert embarque son duo vers une nouvelle quête qui, là aussi, se révèle surprenante.
L’auteur y développe la mythologie de son monde et complète les pièces manquantes de son puzzle, apportant de la complexité à certains de ses personnages.
À l’image des grandes sagas de fantaisie jeunesse comme Bone ou Harry Potter, Tim Probert densifie son intrigue en lui apportant une certaine maturité, tout en gardant son charme original.
Lightfall est une oeuvre qui grandit en même temps que ses lecteur-riches.
Une ambiance graphique percutante
Soyons clair, le dessin de Tim Probert est magnifique.
Ayant travaillé longtemps en tant qu’animateur, on retrouve cette technicité dans son dessin.
En effet, derrière cette simplicité de façade et un encrage assez peu marqué, se cache une véritable richesse graphique.
Les designs, comme mentionné plus haut, sont inventifs et originaux.
Si Béa est à l’image de la jeune héroïne novice, Cad a un look plus décalé.
Avec sa tête de gros poisson, il dénote de l’imagerie habituelle du guerrier.
On sent que Tim Probert s’amuse à imaginer des créatures aux formes caractéristiques et simples, sortes d’animaux fantaisistes et attachants.
Si certaines races sont juste anthropomorphiques, d’autres trouvent leurs sources dans un melting-pot d’influences parfaitement digérées.
Certaines créatures, aussi effrayantes soient-elles, ont une véritable prestance et donneront bien du fil à retordre au duo.
S’il y a une étape sur laquelle Tim Probert assure tout particulièrement, c’est celle de la couleur.
Son encrage n’est pas franchement marqué mais, grâce à une palette lumineuse et profonde, il a su apporter non seulement de la texture, une hiérarchie de plans mais aussi cette atmosphère si caractéristique de Lightfall.
Les textures sont magnifiques et comme le nombre de pages est assez conséquent, l’auteur s’éclate sur des doubles pages époustouflantes.
Cependant, le tome 3 semble lui avoir donné plus de fil à retordre.
En effet, devant lui aussi se passer de cette « lumière », il opte pour des tons plus sombres , amenant par moments à quelques soucis de lisibilité.
Heureusement, les moments d’éclats apportent un souffle et atténuent l’oppression ressentie lors ce troisième opus.
En résumé
Lightfall de Tim Probert est une série jeunesse envoutante et dense, se jouant des attentes des lecteurs-rices.
Après une présentation nécessaire de ce nouvel environnement, l'auteur lance Cad et Béa, un duo d'aventuriers atypiques, dans une quête épique aux multiples rebondissements.
Si le ton est parfois sombre, l'auteur réussit à l'alléger par une dose d'humour bienvenue.
Son style, frais et coloré, plaira autant aux jeunes qu'aux adultes qui s'émerveilleront et frémiront devant la flambloyance de certaines scènes.
Une quête qui, tome après tome, gagne en intensité en développant sa mythologie.
Prix et récompenses
Le prix Bd jeunesse à Quai des bulles en 2021
Le prix des libraires du Québec en 2022
Pour lire nos chroniques sur Le roman d’Ernest et Celestine et Middlewest