Quoi de mieux qu’un chien méchant pour faire fuir les importuns ? C’est ce qu’imagine le père du narrateur pour être tranquille chez soi. Mais comment faire lorsqu’on n’aime pas plus les animaux que les humains ? Et comment faire lorsqu’on se retrouve piégé par son propre mensonge ? C’est que nous raconte, avec beaucoup de sérieux et de drôlerie, Laurent Gautier dans son petit roman Ni chien ni méchant aux éditions Thierry Magnier.
Un vrai faux chien
Le narrateur vit seul avec son père. Un père un peu spécial, qui n’aime ni les gens ni les animaux.
Je crois qu’il n’aime personne. Il n’aime pas les voisins parce que c’est des crétins. Il n’aime pas ses collègues de travail parce que c’est des fainéants. Il n’aime pas les étrangers parce que c’est des profiteurs. Il n’aime pas ma mère qui est partie à cause de sa mauvaise humeur. Et surtout, il n’aime pas les voleurs. Bref mon père déteste la terre entière.
Il a alors l’idée lumineuse de faire semblant d’avoir un chien en placardant devant la maison la pancarte « CHIEN MECHANT ».
Sauf que, pour rendre crédible l’idée d’un chien qui protègerait la maison, il va falloir jouer le jeu et créer un décor, des accessoires et des habitudes pour convaincre l’entourage que ce chien est réel.
Voilà donc le père lancé dans la fabrication d’une niche avec chaine et gamelle, dans le lancer de « Fred ! aux pieds ! » (il déteste son chef Fred) et autres achats de croquettes.
Mais là encore, le piège va se refermer sur cette famille puisque le garçon, à la suite d’une rédaction très réussie sur son animal de compagnie, doit l’amener en classe pour le montrer à ses camarades.
Heureusement, la situation va trouver sa résolution dans une série de cambriolages touchant les maisons du quartier et dans laquelle le vrai-faux chien va jouer les héros.
L’art de se compliquer la vie
Le court récit de Laurent Gautier est à dévorer d’une traite tant le scénario est drôle et addictif.
Le ressort comique est tendu : la situation empire au fur et à mesure que le père (et le fils par corrélation) tente de rendre crédible l’existence du chien. Chaque problème amène une solution qui va elle-même jeter un nouveau grain de sable dans le rouage du plan du père.
Ce serait bien qu’on fasse comme si on avait un chien, tu vois, il faudrait qu’on l’appelle de temps en temps. On l’appelle, on lui dit machin aux pieds, machin va chercher ou ce genre de phrases. Ce sera beaucoup plus crédible.
Passer deux fois plus de temps à s’occuper d’un chien qui n’existe pas que d’un vrai chien, ça c’est tout à fait le style de mon père.
Mais, même si souvent le fils semble plus sensé que le père, le regard qu’il pose sur lui est doux et affectueux. Observateur de la situation parfois ubuesque qu’ils vivent, il assiste, au final, à la métamorphose de ce misanthrope qui, peu à peu, va s’ouvrir aux autres grâce à ce non-chien.
Et, qui sait, lui permettre d’avoir un vrai compagnon ?
Pourquoi lire Ni chien ni méchant ?
Ni chien ni méchant de Laurent Gautier est un petit roman qui nous plonge dans l'histoire farfelue mais drôle d'un père qui, pour se débarrasser des voisins et ne pas avoir de contact avec les autres, s'invente un chien méchant. Il devra faire preuve de beaucoup d'imagination et mettre en place toute une stratégie pour donner vie à son "faux-vrai" animal.
Embarqués avec ce père et son fils, médusé mais complice, les lecteurs assisteront à un scénario digne d'un comédie. On s'amuse beaucoup face aux trésors d'imagination déployés pour sortir la tête haute de ce petit mensonge. La leçon est joyeuse et solidaire.
Pour lire nos chroniques sur Garth Ennis présente Hellblazer et Albert le toubab