« Ma vie a été sauvée par les Beatles« . C’est par cette phrase choc que j’ai découvert la BD autobiographique « Nowhere girl » de Magali Le Huche, aux éditions Dargaud, traitant d’un sujet rare : la phobie scolaire.
Et, en effet, sur la couverture en noir et blanc se détachent des Fab Four ultra colorés ainsi qu’une petite jeune fille traversant le passage piéton qui la mène au collège, clin d’oeil appuyé au célèbre passage britannique d’Abbey Road qui fit la couverture de l’album du même nom en 1969.
Mais quel lien peut-il y avoir entre les Beatles et cette jeune collégienne ?
Tout commence par une double page introductive qui nous montre la jeune Magali, alors âgée de 11 ans, écoutant en boucle « For no one« , un des titres de l’album « Revolver », et jetant par la fenêtre de sa chambre des slogans qu’elle a écrits à la main sur de petits papiers : « N’oubliez pas les Beatles », « J’aime les Beatles », Ecoutez les Beatles« …
On visualise vite l’obsession musicale de Magali mais elle peut sembler en décalage avec son époque puisque nous sommes dans les années 90. Et c’est ce décalage et cet amour inconditionnel pour les Beatles qui va marquer la période collège de l’autrice.
La jeune fille, qui va faire son entrée en 6e au collège Massillon dans le IVe arrondissement au début de l’album, vit dans une famille plutôt aisée, entre une grande sœur lycéenne complice, et deux parents psys, protecteurs mais plutôt accaparés par leur profession. Elle est également proche d’Agathe, son amie depuis l’école, qui va être dans la même classe qu’elle.
C’est donc de manière fulgurante et étonnante que les angoisses de la jeune collégienne vont commencer à prendre le contrôle de vie. Des professeurs parfois autoritaires voire humiliants, des résultats scolaires décevants, des camarades peu aidants, vont plonger Magali dans la peur et faire émerger une phobie scolaire.
Les Beatles comme remède à la phobie scolaire
Sous le trait clair et expressif de Magali Le Huche, on découvre la perte de contrôle des émotions, la submersion de la jeune fille sous ses angoisses, et son isolement progressif.
Or, en parallèle de ce récit des années difficiles de la collégienne, nous découvrons également la naissance de son côté « groupie« , dès l’enfance (successivement fan du Père Noël, puis de Jésus, puis de Jean-Marc Barr).

Puis, dans une vague d’ondes colorées, arrivent les Beatles.
L’entrée de leur musique et de leur univers imaginaire dans la vie de Magali va lui permettre de trouver refuge dans un monde rêvé et protecteur.
La dessinatrice réussit à merveille à rendre visibles et presque palpables le trouble qui l’envahit lorsqu’elle a peur d’aller au collège, mais aussi les sensations et les émotions que lui procure l’écoute des chansons du groupe anglais.
D’ailleurs sa passion pour les Beatles va plus loin : elle s’attache également à la vie des 4 musiciens, à leur enfance et à leurs blessures affectives (John Lennon et Paul MacCartney ont tous deux perdu leur mère très jeunes).
Comme un dialogue amical, la jeune fille trouve en eux des confidents, lorsque la réalité est trop dure ou qu’elle se retrouve à la maison, après la décision de ses parents de la scolariser à domicile.

En résumé
Dans cet album émouvant, souvent drôle malgré le sérieux du sujet abordé, mais aussi et surtout très sensible, Magali Le Huche nous emmène faire un tour dans son Yellow Submarine, celui-là même qui lui a permis de sortir de sa phobie scolaire, entre 11 et 14 ans, et d'être aussi, sans doute, l'artiste qu'elle est aujourd'hui.
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