Mots Tordus et Bulles Carrées

Rogues ( Joshua Williamson / Leomacs)

La vie n’a pas fait de cadeau à Léonard Snart.
Alors que, 10 ans auparavant, il était connu comme Captain Cold, leader des Lascars, il n’est plus qu’un vieillard sous surveillance policière, bossant dans une vulgaire entreprise de logistique.
Mais, alors qu’il intercepte une discussion dans laquelle ses supérieurs se moquent de sa pitoyable carrière, Snart retrouve ses mauvais penchants.
Reprenant le costume, il reforme les Lascars et prépare un braquage qui pourrait les mettre définitivement à l’abri du besoin.

Encore faudrait-il que son plan soit réalisable.

La part belle aux « canailles »

Des brigands sur le retour

Plan en pleine maturation

Rogues de Joshua Williamson et Leomacs tient plus du polar mafieux que du récit de super-héros.
Assez étonnamment, ils ne pointeront jamais le bout de leur nez pour mettre un terme aux actions de Captain Gold.
Cette fois-ci, ce sont les vilains qui ont les honneurs de l’intrigue du scénariste.
Et par n’importe lesquels :

Les Lascars (Rogues en VO) sont un groupe d’ennemis de Flash appartenant à DC. Le groupe est apparu durant l’âge d’argent des comics.
Contrairement à tous les autres groupes, les Lascars se serrent systématiquement les coudes et n’abandonnent pas un camarade en difficulté. Ils doivent également avoir une conduite irréprochable, travailler en équipe, et être tolérants les uns envers les autres. D’autres règles moins connues sont suivies comme le fait qu’il est interdit de reprendre le nom d’un Lascar tant que le Lascar original est en vie. 
Le groupe aura été dirigé par plusieurs vilains mais, la plupart du temps, c’est Captain Cold qui tient le rôle de leader.

Sources : https://www.mdcu-comics.fr

Joshua Williamson, qui a eu entre les mains la destinée de Flash, connaît parfaitement son sujet.
Avec Rogues, il leur offre une aventure à la hauteur de leur réputation.

Notamment de celle de Captain Cold.
Connu pour son caractère autoritaire, il possède un pistolet qui a la capacité de reproduire le zéro absolu.
Une arme destructrice mise dans les mains d’un simple chapardeur.
Mais le temps ne l’a pas vraiment gâté.
Son heure de gloire semble bien lointaine et les premières pages nous montrent un homme résigné.
Du moins, c’est ce que l’on croit.
Peut être attendait-il juste la bonne occasion pour mettre en place le plan qu’il a en tête depuis une dizaine d’années.

Il n’hésite pas bien longtemps dans le choix des membres de son équipe.
Certains ont gardé des liens avec leurs anciennes vies alors que d’autres sont totalement passés à autre chose.
Pourtant, ils céderont tous aux avances de leur ancien chef.
Comme les super héros qui n’arrivent pas à lâcher le costume, il n’est pas étonnant qu’il en soit de même pour leur némésis.

La nouvelle équipe est formée de noms connus comme Heatwave, le Charlatan et le maitre des miroirs et d’autres, beaucoup moins.
Cependant quelque soit votre maitrise de l’encyclopédie Dc Comics, le récit de Joshua Williamson se veut autonome et abordable pour une majorité de lecteurs.
Les dialogues ont d’ailleurs un rôle primordial pour appréhender les différents liens qui unissent ( et désunissent ) chaque membre de l’équipe.

Captain Cold, derrière son côté « vieux briscard » sur le retour, cache un esprit machiavélique qui, avec intelligence et manipulation, va réussir à amener ses coéquipiers à le suivre dans sa folle machination.

Le braquage de la dernière chance

La mafia de gorilla city

Le comics mainstream a une particularité folle. Il s’adapte à tous les styles et à toutes les ambiances.
Et avec Rogues, le scénariste américain nous a concocté un récit de braquage dans la droite lignée d’un Ocean’s Eleven, à un détail près : les voleurs ont des pouvoirs et ils n’hésitent pas à s’en servir.

Mais pour le reste, on retrouve assez bien les caractéristiques du genre.
De la composition de l’équipe à l’impossible braquage, le chemin est tout tracé.
Et pour leur faire face, il leur fallait bien l’opposition d’une pointure en la personne de Gorilla Grodd.
Une nouvelle fois, Joshua Williamson pioche dans la galerie des vilains de Flash tout en modifiant légèrement le personnage et son environnement pour que celui-ci s’accorde avec l’ambiance de son intrigue.

Cette astuce démontre la parfaite maitrise du récit qui oscille entre action et séquences plus intimistes.
La dynamique de l’intrigue ne s’essouffle à aucun moment, offrant une fin surprenante mais, au final, assez pertinente, au vu de l’atmosphère générale.

Un dessin pas si rétro que ça

Leomacs et sa maîtrise du pinceau

La couverture de Sam Wolfe Connely pourrait sembler trompeuse tant le style de Leomacs en est quasiment l’antithèse.
Pourtant, il serait regrettable de s’arrêter à cet aspect en sous estimant le travail du dessinateur.

L’auteur italien s’était fait remarquer, en compagnie de Joe Hill, sur le titre Basketful of Heads.
Son trait, aux antipodes des auteurs dit « modernes », se caractérise par un encrage marqué au pinceau lui donnant une vivacité et un style que l’on retrouve chez certains auteurs de bd franco-belge.
De mon côté, son style graphique me fait beaucoup penser à celui de Joe Kubert, avec
un dessin moins « propre » et surtout moins lisse que nombre d’auteurs actuels.

Et sur Rogues, son travail est un pur émerveillement.
Leomacs étonne autant par l’ampleur de ses décors (les pages dans la jungle sont magnifiques) que par la composition de ses pages.
S’il semble moins à l’aise sur les scènes d’action, elles restent efficaces et parfaitement lisibles.

Les couleurs de Matheus Lopes et Jason Wordie apportent la petite touche en plus qui fait de Rogues un véritable plaisir pour les yeux.

Ce côté un peu rétro pourrait déplaire à certains lecteurs mais s’ils se laissent aller à la curiosité, je suis persuadé qu’ils apprendront à apprécier le travail de cet auteur hors normes.
D’ailleurs, je ne peux que vous conseiller de jeter un coup d’oeil à son site, notamment la section sketchs qui est une merveille de technicité et de variations de styles.

Leomacs est un artiste complet qui a en plus le merveilleux avantage de correspondre à la perfection au récit de Joshua Williamson.

En résumé

Avec Rogues, Joshua Williamson s'empare de l'univers des Lascars.
Le groupe, dirigé par Captain Cold, reprend du service et c'est un vrai feu d'artifice d'actions et de coups tordus.

En détournant les codes du genre, l'auteur fait de Rogues un récit de braquage haletant, illustré à merveille par le talentueux Leomacs.  

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Bulles Carrées

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