J’ai découvert Claire Mazard il y a une dizaine d’années en lisant « l’Absente« , histoire croisée d’une mère qui a abandonné son enfant, et d’une fille, née sous X.
La relation mère-fille dans ce dernier roman Tous les oiseaux savent (aux éditions Oskar) est elle aussi complexe et douloureuse.
Emmy vit avec ses parents au Sénégal. Son père, intendant de l’armée souvent absent, la laisse à la maison auprès de sa mère qui ne lui accorde que peu d’attention, en dehors de scènes bien douloureuses de pose de bigoudis (qui ne sont pas sans rappeler « Vipère au poing » d’Hervé Bazin). Ses frères sont scolarisés alors que la jeune fille reste à la maison, silencieuse et presque « transparente » aux yeux de sa mère.
Seule l’Afrique, au travers des oiseaux et des domestiques attentifs, lui tient compagnie et la fait vibrer.
Un départ en Côte d’ivoire va lui permettre de s’ouvrir vers l’extérieur, d’aller à l’école du village, de devenir une jeune fille et l’amie de Balt, le nouveau domestique, avec qui elle partage l’amour des oiseaux et de l’Afrique. Malheureusement s’ouvrent aussi des pages sombres de son histoire familiale, un secret lourd à porter qui s’écrit en creux dans les pointillés du livre.
Une déchirure.
En trois parties, ce roman nous transporte en Afrique, à Avignon et à Paris, où Emmy devient Clémentine, au gré des vents qui la poussent loin de sa famille, dans une vie construite autour et contre ce noir secret.
« Tous les oiseaux savent » est un roman troublant, qui laisse un goût amer et sucré à la fois, quand se tourne la dernière page. On y découvre la permanence du souvenir et la force de la résilience. Les couleurs que les oiseaux exotiques peuvent donner à la solitude et le voile sombre que pose le secret sur une vie.