Mots Tordus et Bulles Carrées

Docteur Strange : Le serment (Brian K.Vaughan / Marcos Martin)

 
Alors que Docteur Strange in the multiverse of the madness de Sam Raimi ( prévu pour le 4 mai 2022 ) risque d’être la prochaine artillerie lourde du Marvel Cinématic, je me replonge dans un de mes récits préférés mettant en scène le Sorcier Suprême ( et réédité récemment par Panini dans sa collection Must Have

Datant de 2006-2007 et écrit par le duo Brian K. Vaughan et Marcos Martin ( à qui l’ont doit déjà l’original Barrier mais surtout l’excellent Private Eyes, tout deux édités chez Urban Comics ), Docteur Strange : le serment ( the oath dans la langue de Shakespeare ) remet sur le devant de la scène, un personnage qui avait un peu disparu des radars. 

Private Eyes 
Brian K. Vaughan / Marcos Martin 
Urban Comics / Image Comics 

 

Créé par Stan Lee et ( surtout ) Steve Dikto, le héros apparaît la première fois en 1963 dans les pages de Strange Tales.
Je vous la fais courte : Stephen Strange est un neurochirurgien de talent mais imbu de lui-même qui, après un accident de la route, va perdre l’usage de ses mains. 
Recherchant un moyen de retrouver sa dextérité d’antan, il rencontrera l’ancien qui fera de lui son discipline pour qu’il devienne le futur sorcier suprême. 
 
Point intéressant, le récit de Vaughan se sert de cette origin story comme point d’ancrage à sa propre histoire ce qui permet aux lecteurs novices de ne pas être perdus dans les détails d’une continuité qu’il ne connaîtrait pas. 
c’est d’ailleurs un des grands atouts de ce récit : sa simplicité et son efficacité
 
Les premières pages plongent directement le lecteur dans le récit : décors plantés , dialogues au cordeau à l’image d’un Iron Fist qui répond, avec lassitude, à une héroïne de seconde zone : 
 
 » Oui. C’est moi. iron Fist et non. Je ne sais pas où est Power Man. Nous sommes partenaires. pas amants. »
 
Des dialogues et une mise en page qui fait mouche

 

Ayant travaillé à plusieurs occasions en tant que scénariste TV , Brian K. Vaughan utilise les dialogues à la perfection, ce qui humanise et modernise la plupart des personnages qui se retrouvent entre ses mains. 
Docteur Strange, le premier qui avait pour habitude d’user d’un langage un peu daté, est écrit de façon plus détendue. 
Cette direction sera d’ailleurs suivie par les auteurs qui suivront Vaughan sur le personnage ( et notamment Jason Aaron et Mark Waid sur la série actuelle ) mais aussi dans l’adaptation cinématographique. 
 
L’intrigue est donc classique mais efficace. Wong, le serviteur de Strange, est atteint d’un cancer du cerveau et le sorcier cherche à tout prix un remède pour sauver son ami. Pour cela il se procure un sort mais celui-ci est volé par un mystérieux ennemi venant du passé du docteur. Aidé de l‘infirmière de Nuit, Strange se lance dans une course contre la montre pour sauver Wong. 
Récit en 5 parties, plus qu’au magicien, il fait surtout la part belle au docteur. 
Habituellement, l’univers de Strange donne une grande place à la magie et à l’ésotérisme mais Vaughan laisse cet aspect un peu de côté ce qui lui permet d’aborder, certes rapidement, le poids des entreprises pharmaceutiques et la réflexion sur les conditions d’une « vie sans maladie ». 
 
Graphiquement, c’est sublime. 
Comme expliqué dans les annexes du livre, l’envie de travailler sur ce personnage vient au départ de Marcos Martin et du coup, on sent une véritable implication de sa part. 
Le style de l’espagnol change des codes américains, lorgnant par moment vers la ligne claire. Cependant , il ne renie pas ses influences le ramenant à Steve Dikto. 
 
L’univers psychédélique de Docteur Strange 
 

Rien n’est laissé au hasard : narration impeccable, diversité de plans, cadrage ample et peu de cases pour accentuer l’impact des images et de l’action, encrage profond …

Martin démontre qu’il est un auteur à suivre et Marvel ne s’y trompera pas en lui proposant par la suite quelques épisodes de Spider-Man et de Daredevil avant que ce dernier rejoigne son acolyte Vaughan dans l’aventure du comics indépendant.
Petit détail amusant : tout au long du récit, Strange et l’infirmière se surnomment Holmes et Watson.
Le récit date de 2006, Sherlock de 2010 et Docteur Strange de 2016, il était donc peu probable que Vaughan ait su qu’un jour un Sherlock jouerait Docteur Strange au cinéma ( Brian Cumberbatch ).
C’est ce qu’on appelle un heureux hasard 😉  
Bulles Carrées

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