Transformers (Daniel Warren johnson)

En arpentant le désert, Spike et Carly tombent sur l’épave d’un vaisseau spatial.
À l’intérieur se trouvent les Transformers, d’immenses robots dont certains se réveillent sous leurs yeux ébahis.
Et il ne faut guère de temps pour que les anciennes querelles débouchent sur un conflit.
Les Autobots, dirigés par Optimus Prime, font face à la folie destructrice des Decepticons.
Au milieu, les deux adolescents doivent rapidement choisir un camp pour survivre aux prémisses d’une nouvelle guerre.

Une nouvelle franchise au potentiel incertain

Crash test ultime

L’arrivée d’un titre Transformers en France peut sembler étrange.
Si la licence reste active sur le territoire américain, c’est moins le cas dans l’Hexagone.
Hormis les films qui surfent déjà sur une nostalgie un peu désuète, beaucoup ont oublié les Autobots et Decepticons.

En tout cas, ce fut le cas de mon côté.
Si je fais partie de la génération du dessin animé et des jouets, je n’ai jamais véritablement éprouvé une quelconque attirance pour ces robots transformables.
Alors quand Urban annonce l’acquisition des titres Energon, je reste dubitatif.
Certes, je comprends que le rachat de la licence par Skybound, la boîte de Robert Kirkman, puisse attiser la curiosité mais je ne peux m’empêcher de me dire que la licence est trop marquée pour attirer un nouveau public.

Et pourtant, me voilà à écrire un article sur cette nouvelle série.
Petite précision tout de même, l’Energon est un univers connecté débutant avec Voids Rivals.
Pour le moment, les séries restent indépendantes.
Mais c’est dans cette dernière qu’apparaissait, à la grande surprise de tous, un Transformer bien connu : Jetfire.

Les bases étaient posées pour l’entrée en piste de la série principale dont l’artisan n’était autre que Daniel Warren Johnson.
Et autant je le fiche des Transformers, autant Daniel Warren Johnson est pour moi un des meilleurs auteurs comics actuels.
Celui qui nous a fait aimer un comics sur le catch était sans doute le seul à réitérer l’exploit avec les figurines de Mattel.

Un hommage sincère

Faire face à la fragilité du monde

Dans sa préface, l’auteur explique assez bien le rapport qu’il a avec les Transformers.
C’est une licence qu’il connaît et qu’il aime sincèrement.
Et c’est sans doute ce qui en fait une des premières réussites.
Daniel Warren Johson n’exécute pas qu’un simple boulot de commande.
Au contraire, il offre même un véritable cadeau aux fans de la franchise, montrant tout le respect qu’il a pour ces robots.
Transformers est un spectacle généreux, bourré d’action et assaisonné d’une pointe d’humanité.

Cependant, je dois bien avouer que, pour le novice que je suis, les premières pages sont difficiles à appréhender.
Le lecteur est jeté dans la mêlée et il est difficile de discerner qui est qui.
Bien sûr, on reconnaît Optimus Prime, le plus connu des Autobots, mais un petit topo sur les forces en présence n’auraient pas été de refus.

Heureusement, la trame reste assez simple avec des objectifs assez clairs.
L’intrigue reprend en partie la trame originale tout en lui insufflant une plus grande violence, symbolisme d’un public devenu adulte.
Les Decepticons et notamment Starscream, font preuve d’un véritable sadisme envers les humains, n’hésitant pas à les écrabouiller.
À l’opposé, Optimus Prime est une pure figure héroïque.
Le personnage est combattif. C’est un chef de guerre qui tient autant à ses troupes qu’aux petits humains qui viennent de l’accueillir.
Si l’action est omniprésente, l’auteur ne délaisse pas l’humanité de ses robots.
C’est sa spécialité : rendre émouvant pour les uns et terrifiant pour les autres, ces immenses montres de métal.
La scène de la biche en est une parfaite émanation.
Si certains l’auront trouvée risible, elle est pourtant symptomatique d’un être surpuissant se rendant compte de la fragilité du monde qui l’entoure.
Bizarrement, si le casting est réussi, les humains doivent encore convaincre.
Spike et Carly sont emportés par cette tornade et l’auteur n’a pas véritablement le temps de leur accorder du temps.
Il préfère se concentrer sur le père de Spike, ancien militaire souffrant de PTSD.
Si la thématique est intéressante, elle est pour le moment juste effleurée.
Pour le reste, les humains sont un peu caricaturaux et servent, pour le moment, surtout de chair à canon.
Malgré tout, on sait que Daniel Warren Johnson peut nous surprendre.
Il faut juste que comme Wonder Woman Dead Earth, il ose se libérer du carcan initial.

un graphisme extrêmement généreux

Une mise en page cinématographique

Si sur le scénario, Daniel Warren Johnson va devoir lâcher les chevaux par la suite, il y a un domaine sur lequel on ne peut absolument rien lui reprocher, c’est la partie graphique.
Transformers est tout bonnement magistral.

Pourtant sur les premiers aperçus de la série, j’avoue avoir fait preuve de scepticisme.
Le dessin de Daniel Warren Johnson a besoin de matière pour jouer avec les formes, quitte à les déformer à l’extrême.
Avec ces robots surdimensionnés, il doit faire face à des formes technologiques plus strictes limitant les possibilités du dessinateur.

Et pourtant, je me suis pris une immense claque.
D’ailleurs, je suis revenu plusieurs fois sur cet album, relisant des cases, des scènes d’action spécifiques, pour simplement admirer la maitrise des bonhommes.
Les pages sont foisonnantes, bourrées de détails et gardent une forme de fluidité grâce aux couleurs de Mike Spicer.
Daniel Warren Johnson assimile parfaitement les codes de la franchise et donne littéralement forme à leur transformation, illustrant avec un certain régal voitures, camions et autres avions de chasse avec une facilité déconcertante.

Mais c’est sa gestion de l’action qu’il me bluffe le plus.
C’est explosif, dynamique et inventif.
L’auteur ne s’impose aucune limite, allant même jusqu’à reprendre des prises de catch, testées sur Do a powerbomb, pour ses affrontements entre robots.
Il impressionne aussi sur des courses poursuites où le cadrage décuple toute l’intensité de l’action.

À noter cependant qu’il ne dessinera pas le second arc, laissant cette tâche au non moins talentueux Jorge Corona.
Si on peut le regretter, j’espère de mon côté que c’est aussi un moyen de le retrouver rapidement sur un projet plus personnel.
Car si Transformers reste sympathique, c’est une oeuvre mineure pour cet auteur.

En résumé

On pourrait penser que cette reprise des Transformers joue facilement sur la fibre nostalgique des lecteurs ayant connu le dessin animé ou les jouets Mattel. 

Pourtant, avec une sincérité déconcertante, Daniel Warren Johson offre aux fans de la franchise un spectacle détonant, teinté d'une fibre humaniste, caractéristique de l'auteur américain.
La trame reste classique et les nombreux personnages demanderont sans doute un temps d'adaptation aux novices mais entre la puissance graphique et un Optimus Prime attachant comme jamais, on se laisse prendre par un plaisir de lecture simple mais divertissant.

Une oeuvre qui ravira en priorité les fans de Transformers et / ou de Daniel Warren Johnson.

Prix et récompense

  • Eisner Awards 2024 – Meilleur auteur (scénariste/dessinateur)

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