Mots Tordus et Bulles Carrées

UltraMega (James Harren)

Un virus se propage sur terre transformant les êtres humains en Kaijus.
Choisi par une entité cosmique, Jason devient UltraMéga, un guerrier géant et surpuissant dont l’objectif est d’annihiler les monstres qui envahissent la planète.

Mais cette nouvelle mission n’est pas sans s’accompagner de son lot de souffrance, surtout quand le passé refait surface en risquant de détruire la planète entière.

La malédiction du héros

Ambiance sombre et ultra-violente

Le titre de James Harren, lors de sa publication américaine, s’était fait remarqué par un excellent bouche à oreille qui augurait d’une belle carrière française.
Et ma foi, des combats de héros géants type Ultraman face à de féroces Kaijus, c’est le genre de plaisir régressif qui, s’il est bien exécuté, peut être un pur bonheur de lecture.

Sauf qu’en réalité, UltraMéga n’est pas vraiment le genre de comics à mettre entre toutes les mains.
Et pour bien le comprendre, James Harren met en place son histoire à travers un premier chapitre d’une radicalité assez peu commune.
Sombre, violent (voire gore), lorgnant vers l’horreur, UltraMéga s’éloigne du petit plaisir jouissif pour offrir un spectacle tortueux.
En somme, on est plus proche du Devilman Crybaby de Masaaki Yuasa que de Pacific Rim de Guillermo Del Toro (même si la référence existe).

Et pour être sombre, c’est sombre.
Dès les premiers pages, l’auteur nous montre que devenir un UltraMéga est loin d’être le job de rêve.
Jason est, sur 3 élus, le dernier a encore exercer cette tâche sans relâche au point de délaisser une femme et un enfant qu’il ne voit qu’à peine.
Et pour cause, tout le monde peut devenir Kaijus et la transformation ne se révèle qu’aux yeux du héros qui doit éliminer ces monstres qui étaient humains, il y a encore quelques heures.
Au final, le mal est partout et peut toucher n’importe qui.
Est-ce qu’un héros seul peut y arriver ? Surtout quand rien ne les protège des souffrances du combat, même sous la forme d’un UltraMéga.
L’ambiance de ce premier chapitre est au fond assez désespérée.

Le héros est clairement en perdition et on se rend vite compte qu’il ne fait pas le poids face à la menace répétée.

Des monstres en héritage

Dur dur d’être Kaiju

Cependant, ce premier chapitre n’est en réalité qu’une simple introduction.
La véritable histoire commence des années plus tard après l’affrontement épique qui clôture cette première partie.

On suit un jeune garçon, Noah, qui lutte à sa manière contre une secte vénérant les derniers Kaijus.
Et ces derniers ont pris un coup dans l’aile.
Rapetissé à sa plus petite expression, le maître Kaiju impose sa loi en se servant de la peur qu’il instille auprès de la population.

Alors que le ton reste assez noir, l’ambiance se rapproche plus d’un récit post-apocalyptique et s’éloigne de l’horreur du premier chapitre.
James Harren instille un peu plus de légèreté et d’humour.
Les Kaijus, beaucoup moins effrayants et presque ridicules, font face à un héros en devenir qui attend son moment.
La valeur d’héroïsme semble d’ailleurs avoir disparu de ce monde et rares sont ceux qui résistent à l’oppresseur.
L’humanité ne ressort pas vraiment glorieuse et son attitude penche plus vers la trahison que le courage.
Car les UltraMéga ont eux aussi disparu de la surface, et à part Noah, plus personne ne veut reprendre la charge des héros.

Attention, malgré tout, l’ensemble reste toujours aussi violent mais la violence, un peu à la Tarantino, joue sur l’exagération et le décalage et s’avère moins frontale ( et surtout moins choquante) que celle du premier chapitre.

Un graphisme généreux et empli de rage

Ultraméga face aux Kaijus

James Harren est un auteur absolument fascinant mais qu’on connait assez peu en France.
Sa dernière création, Rumble (scénario de John Arcudi) n’a pas vraiment trouvé son public en France (et c’est bien dommage).
Cependant, on a pu le revoir à plusieurs occasions, que ce soit sur un arc du Thor de Jason Aaron ou sur BPRD, le spin off d’Hellboy de Mike Mignola.

Dans la droite lignée d’un Daniel Warren Johnson, les influences de James Harren sont multiples (cinéma, comics, animation japonaise).
Dès les premières pages, on est soufflé par la puissance de son graphisme.
S’il est évident qu’il puise une partie d’entre elles dans le manga, il a aussi su ingérer un côté cartoon qui lui permet une richesse expressive assez conséquente.
Sa narration est foisonnante et dynamique, permettant de mettre en scène des combats épiques emplis de rage et de fureur.
D’Evangelion à One Punch Man, les amateurs se régaleront devant les planches ultra dynamiques du dessinateur.

Son trait, généreux et foisonnant, nous en met plein la vue.
Certains diront peut être un peu trop, comme un gâteau un peu trop riche.
Il n’en reste pas moins que c’est le genre de comics qu’on feuillette encore et encore pour s’émerveiller de l’éclatante qualité graphique de son auteur.

En résumé

UltraMéga de James Harren ne laissera personne indifférent. 

Radical, sombre et violent, l'auteur américain propose une oeuvre sans concession qui nous montre l'horreur des combats comme jamais.
Pur récit d'action, il n'en délaisse pas pour autant ses personnages, des figures héroïques désespérées face à une menace trop puissante pour eux.

Si ce n'est pas la première fois que des auteurs américains nous montrent que la tache de héros peut être un fardeau, jamais cela n'a été aussi concret que dans UltraMéga.

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