A l’heure où l’univers japonais connait de plus en plus de succès en France, avec ses mangas, ses films d’animations et ses jeux vidéos, il était temps de découvrir les yôkai ! Grâce au travail conjoint de Fleur Daugey et Sandrine Thommen (aux éditions ACTES SUD junior), l’album documentaire YOKAI, le monde étrange des monstres japonais vous propose un voyage à travers le temps et l’imaginaire nippons.
Qu’est-ce qu’un yôkai ?
Les yôkais sont des monstres japonais, des créatures surnaturelles dont le nom signifie à la fois « apparition étrange », mais aussi « événement mystérieux » ou encore « qui fait peur ». Ils peuplent l’imaginaire et le quotidien des japonais depuis le Moyen Age. On les retrouve dans des films d’Hayao Miyazaki tels de le Voyage de Chihiro ou Pompoko. Mais aussi sous la forme de certains Pokemon, comme Feunard, alias Kitsune.
En fait, les yôkai sont issus des croyances des deux religions principales du Japon, à savoir le bouddhisme et le shintoïsme. Pour les shintos, une âme existe non seulement dans les êtres humains mais également dans les animaux, les plantes et même les objets. Les Yôkai vivent donc aux côtés des dieux habituellement associés à la nature, les Kami. Mais il ne faut pas les confondre ! Car rencontrer un Yôkai peut s’avérer être une expérience traumatisante…
Les yôkai trouvent leurs origines dans la souffrance et les mauvais comportements humains :
« ceux qui abusent de la nature et des animaux s’exposent à des représailles surnaturelles.«
Les Yôkai sont moqueurs et farceurs. Ils sont l’entre-deux : ni bons, ni mauvais, ni blancs ni noirs. Certains pourront vous apporter leur aide, mais la plupart du temps, il vous faudra vous en méfier !
Monstres en tous genres
Trois grandes figures trônent au panthéon des Yôkai. Kitsune, le renard à neuf queues, Tanuki, le chien viverrin aux énormes testicules (héros du film Pompoko) et Kappa, la créature à bec d’oiseau et à carapace de tortue, avec une peau de grenouille et des pattes palmées, dont on sent la puanteur à la ronde.
Votre seul moyen de vous en débarrasser sera soit de lui offrir un concombre (il en est friand) soit de lui péter au nez, soit de vous incliner en signe de politesse. Il penchera alors la tête en avant et le haut de son crane, rempli d’eau, se videra de telle sorte qu’il perdra sa force vitale.
Les dessins de Sandrine Thommen, colorés et monstrueux à souhait, témoignent du plaisir qu’elle semble avoir pris à reprendre les codes de ces petits ou grands monstres, souvent drôles et attachants.
Yokai, le monde étrange des monstres japonais est un livre jouissif et drôle. Il initie à la fois à l’imaginaire japonais par ses présentations malicieuses et ses récits légendaires, mais aussi plus largement à la culture japonaise et à son quotidien. Certains Yôkais plus modernes portant un masque chirurgical qui cache une bouche énorme et des dents acérées, sont révélateurs de la pression scolaire qui pèse sur les écoliers et étudiants japonais.
Pourquoi lire Yôkai ?
Comme toujours dans les récits légendaires, ces monstres incarnent des réponses imaginaires à des questions que les hommes se posaient et se posent encore, même de nos jours, sur la mort, la vengeance, les travers des comportements humains. Ils sont un pas de côté qui nous permet de regarder notre monde avec un oeil malicieux et moqueur.
Alors respectez la nature et les objets, même les plus insignifiants. Car ils pourraient bien se révéler Yôkai et se retourner contre vous !
(Mots tordus)