Jusque là vivant à Paris, Jérôme Pelissier et Carine Hinder veulent s’offrir une nouvelle vie en Province.
Ensemble, ils partent pour les terres bretonnes et posent leurs valises dans un village qui va fortement imprègner leur création : Rochefort-en-Terre.
Le village ainsi que le caractère impétueux de ses habitants sont autant d’ingrédients qui vont enrichir l’univers de nos deux auteurs.
Une magicienne en devenir
Un caractère bien trempé
Un petit cochon noir se dirige tranquillement en direction d’un paisible village.
Sans encore le savoir, son chemin va croiser celui de Brûme, une jeune fille persuadée d’être une sorcière.
Ni une, ni deux, le duo, complété par son ami Hugo, ouvre un magasin de sorcellerie.
Ensemble, ils se lancent dans des expérimentations « fumeuses » qui risquent de bousculer la tranquillité des villageois.
Avec Brûme, Jérôme Pelissier et Carine Hinder nous font d’abord découvrir un véritable personnage.
Digne héritière de Mortelle Adèle, Brûme a ce qu’on peut appeler du caractère.
Dynamique, elle use d’un langage fleuri qui risque, à coup sûr, d’amuser nos plus jeunes lecteur.rices.
Fougueuse, elle n’hésite pas à se lancer à la poursuite de créatures mythiques, sans même se poser la question d’un potentiel danger.
Pour elle, tout est simple.
Si elle a quelque chose en tête , elle fera tout pour l’obtenir.
Surtout quand on est persuadée d’avoir une destinée.
Et puis, il y a les dommages collatéraux.
Ceux qui sont embarqués dans l’aventure sans l’avoir réellement demandé.
Et ce n’est pas Hubert, le cochon noir qui vous dira le contraire.
Narrateur des péripéties du groupe, il donne dès le début les pistes d’une expèdition bien plus extraordinaire qu’elle n’y parait.
C’est une façon assez maline de nous donner envie, surtout qu’une partie de l’album est consacrée à la présentation de l’environnement et des personnages.
Le cochon n’a rien d’un aventurier.
Mais par le biais d’un quiproquo amusant, il se retrouve embarqué par la « tornade » Brûme.
Cependant, l’animal, loin d’être un idiot, se montre plus utile qu’il n’y parait.
Malheureusement pour lui, personne ne s’en rend compte.
Et encore moins, le jeune fille qui ne doute pas un instant que tous ces exploits sont de son fait.
L’aventure, sur ce premier tome, est brève mais dynamique.
Les auteurs ont pour objectif de préparer toutes les possibilités pour la suite du récit.
Et franchement, entre un humour parfaitement dosé et cette petite touche d’action, les aventures de ce trio pourraient bien nous réserver de nombreuses surprises.
À la recherche de Naïa
En possession du fameux grimoire de Naïa, Brûme, Hugo et l’indispensable Hubert cherchent de nouvelles informations dans la bibliothèque du village.
Ainsi, ils découvrent les dernières recherches de la sorcière sur l’Ankou, un spectre annonciateur de mort.
Ni une ni deux, la jeune fille lance toute sa troupe en direction de l’antre de Naïa dans la forêt des âmes perdues.
Encore faut-il découvrir comment y accéder.
Après un premier tome introductif, Jérôme Pelissier peut enfin entrer dans le fond de l’histoire.
Et clairement, celle-ci prend de l’ampleur en dévoilant (aux plus malin.es) déjà une partie des révélations à venir.
Ainsi, on retrouve toutes les qualités du premier opus.
L’aventure est parfaitement dosée avec de beaux moments de bravoure et un « show » Hubert absolument réjouissant.
Décidément, ce petit cochon a vraiment de la ressource.
Brûme est toujours aussi sûre d’elle et le décalage entre ce qu’elle croit faire et la réalité apporte un élément amusant au récit.
Quant à Hugo, s’il était resté en retrait sur le premier volume, il trouve ici une place plus importante en apportant un contre poids à la folie de sa coéquipière.
De plus, des liens attachants se tissent entre la jeune fille et le garçon.
On garde le côté enfantin de l’intrigue mais l’ambiance, qui fait la part belle aux légendes bretonnes ( l’Ankou, Excalibur…), s’avère plus sombre.
La scène des loups risque même effrayer les plus jeunes, même si on peut compter sur Hubert pour remettre de l’ordre dans tout cela.
Ce second tome, drôle et punchy, confirme tout le bien que l’on pensait de cette série.
Un travail graphique soigné
Carine Hinder, en charge du dessin, est accompagnée par Jérôme Pelissier à la couleur.
Son trait, enfantin et expressif, reste classique sur la forme mais montre de véritables prouesses graphiques lorsque le rythme s’accélère et que la fantaisie prend le dessus sur le réel.
Ainsi sa narration explose faisant vibrer les cases sous l’effets de l’action.
Si ces scènes se veulent brèves, elles n’en sont pas mois saisissantes.
Les designs des créatures sont fabuleux à l’image du majestueux dragon, de la horde de loups ou du fantôme rieur.
D’ailleurs, on sent que les auteurs ont passé un cap avec ce deuxième opus.
Le trait est plus assuré, les scènes d’actions sont sublimes et la technique narrative gagne en maitrise.
Ce tome regorge de très belles planches, preuve d’une cohésion parfaite entre le dessin et la couleur.
Celle-ci apporte une atmosphère à l’ensemble, sans pour autant étouffer le trait.
En résumé
Brûme de Jérôme Pelissier et Carine Hinder est une nouvelle série jeunesse enthousiasmante.
Le caractère affirmé de la jeune Brûme ainsi que la tonalité fantastique et comique du récit font de cette aventure un pur moment de fantaisie.
Le dessin et les couleurs offrent un écrin soigné, regorgeant de nombreuses pépites graphiques à l’image des créatures qui peuplent chaque volume.
De tome en tome, la tension monte d’un cran sans pour autant laisser de côté le charme enfantin de notre trio.
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