Mots Tordus et Bulles Carrées

April et le dernier ours (Hannah Gold)

J’avais croisé « April et le dernier ours » d’Hannah Gold, aux éditions Seuil jeunesse, à plusieurs reprises dans les rayons des libraires mais j’avoue que, bizarrement, je me méfiais de la critique mise en avant sur la couverture (« Inoubliable » selon Michael Morpurgo, l’auteur, entre autres romans jeunesse, du Royaume de Kensuké et de Cheval de guerre). Je remercie donc la bibliothèque d’Angers qui m’a fait franchir le pas et m’a permis de découvrir cette magnifique histoire.

April est une jeune fille de 11 ans qui vit seule avec son père climatologue, après avoir perdu sa mère à l’âge de 4 ans. Elle habite une maison un peu triste et semble vivre « à côté » d’un père fantomatique, qui se noie dans le travail pour oublier la perte de sa femme, et ne lui porte que peu d’attention. Leur quotidien va être bouleversé par une lettre du gouvernement lui annonçant qu’il va vivre pendant 6 mois sur l’Ile aux ours, une ile déserte située entre la Norvège et le Pôle nord, pour effectuer des relevés météorologiques. 

Embarquée dans cette expérience, contre l’avis de la grand-mère qui s’inquiète de leur solitude et des dangers à venir, April s’enthousiasme de découvrir ce petit bout de terre et de pouvoir passer du temps avec son papa.

Une rencontre extraordinaire

Malheureusement, ce dernier n’est pas plus présent et elle décide d’explorer ce territoire naturel et sauvage. 

Elle va alors faire la rencontre d’un ours solitaire, blessé à la patte et prisonnier d’un plastique bleu. N’écoutant que son empathie et son admiration pour l’animal sauvage, elle va le délivrer et nouer une relation tout en confiance et en douceur avec lui.

La beauté de ce roman, au-delà des paysages magnifiques de l’île, délicatement illustrés par Levi Pinfold, tient dans cette rencontre lumineuse de deux solitudes : celle de la fillette en recherche d’attention et d’affection, pleine de sensibilité et d’intelligence enfantine, et celle de cet ours, dernier survivant d’une famille piégée sur cette île à la suite de la fonte des glaces qui auraient dû lui permettre de rejoindre le Svalbard.

La douceur qui se dégage du regard qu’April porte sur Ours (puisqu’elle le nommera ainsi) se ressent à travers les mots qu’elle lui adresse et ses gestes délicats. De son côté, l’animal, malgré sa puissance effrayante, est terriblement fascinant et témoigne d’une intelligence émotionnelle touchante.

Le contraste entre ce petit bout de femme, au caractère tout de même bien trempé, et l’ours, massif et rugissant mais menacé de mort (il ne survivra pas sur cette île seul) rend l’amitié entre ces deux personnages encore plus forte. 

Pourquoi faut-il lire April et le dernier ours ?

Réhaussée par le trait fin et délicat de Levi Pinfold, l'histoire d'April et Ours témoigne aussi des dégâts causés par le réchauffement climatique et la pollution humaine (les déchets plastiques jonchent la plage et la mère de l'ours est sans doute morte de faim), sans jamais donner de leçons. 

La rencontre merveilleuse entre la fillette et l'animal sauvage permet également de mettre en valeur l'écoute et l'empathie, recréant ainsi un lien simple et respectueux entre l'humain et la Nature.

"April et le dernier ours" est une très belle histoire, pleine de douceur et de tendresse, de réflexion, d'engagement et d'espoir, sans faux semblants. Et, comme le dit l'autrice sur son site, "Prenez du beurre de cacahuètes, un pot de chocolat chaud et faites comme chez vous."  

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(Mots Tordus)

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