Birdking (Daniel Freedman / Crom)

Alors que la guerre fait rage, Bianca, apprentie forgeron, fuit le royaume d’Aghul après avoir réveillé Birdking, un spectre endormi depuis de nombreuses années.
Ce nouvel allié l’accompagne, bien malgré elle, dans sa fuite vers les terres légendaires d’Atlas.

De la dark Fantasy intensive

Une quête en devenir

Un monde en proie à la guerre

Birdking de Daniel Freedman et Crom est un pur concentré de fantaisie.
Le scénariste y puise ses influences autant dans la littérature de genre que dans le jeu vidéo type « Dark Souls ».
L’oeuvre a clairement une identité très marquée et c’est sans doute ce qui la sort du lot.

Malgré tout, le premier volume reprend strictement les codes du genre.
Un monde dévasté par la guerre, une jeune héroïne à la destinée toute tracée, une histoire emplie de légende, un guerrier aussi silencieux que puissant, voilà nombre d’éléments communs à de nombreuses sagas.
D’ailleurs, à certains égards, j’ai retrouvé le plaisir de lecture que m’avait offert, il y a fort longtemps, un comics malheureusement inachevé : Battlechaser de Joe Madureira.
Si l’approche reste différente, on a cette sensation unique de découvrir un monde nouveau et encore mystérieux.

D’ailleurs, Daniel Freedman prend son temps pour poser les bases de son univers.
C’est la qualité et le défaut du premier opus qui s’attache avant tout à nous présenter le monde d’Aghul ainsi que Bianca, tout en laissant certaines zones d’ombres.
En refermant le tome 1, on a la sensation d’avoir lu une simple introduction, certes palpitante mais un peu frustrante.
Frustration largement compensée par la générosité d’un second volume foisonnant et explosif.
L’auteur utilise les pièces qu’il a mises en place, tout en nous faisant certaines révélations.
L’ambiance, déjà sombre, monte d’un cran et les rebondissements sont nombreux.
De nouveaux personnages font leur apparition, apportant ce côté épique et fantastique qui manquait, peut être, à la première partie.
Les affrontements sont dantesques et les clins d’oeils multiples.
À l’instar du Seigneur des anneaux, référence de prestige du second volume, l’émotion creuse son trou là où on ne l’attend pas.

Ainsi, le scénariste donne de l’ampleur à son récit où héros oubliés et créatures légendaires semblent se faire une place de choix.

Un monde vaste et intriguant

Contes et légendes des terres d’Aghul

Avec Birdking, Daniel Freedman crée un macrocosme aussi fascinant qu’inquiétant.

Dans une atmosphère de guerre perpétuelle, le royaume est dirigé d’une main de fer par Aghul qui exige de la part de ses hommes une servilité totale.
La guerre demande des sacrifices et les ordres ne peuvent être contestés.
La population forme les rangs d’une armée se dirigeant vers une mort certaine alors qu’à l’arrière, on cherche à créer des armes tirées de récits oubliés.
En effet, nous ne sommes pas aux origines de ce monde. Son histoire a déjà été frappée par de nombreux troubles qui restent encore prégnants dans les esprits.
On en découvrira d’ailleurs certains par le biais des lectures de Bianca ou des récits de vieux héros.
Le légendaire « marteau du nord  » ou les Sintaréens sont autant d’éléments qui viennent enrichir cette épopée.
Au sein de cette mythologie, les spectres tiennent une place privilégiée.
Ces êtres monstrueux ne vivent que pour tuer et forment, en quelque sorte, des barrières ultimes à écraser.
Birdking semble cependant à part et ses actions auprès de Bianca rendent ses objectifs flous.
Si la guerre entre les hommes reste la norme, la présence d’un spectre dans ses rangs n’est pas anodine.
Signe d’espoir pour de nombreux soldats, son image est malgré tout attachée à la destruction du camp adverse.

Cependant, à l’image du Seigneur des anneaux, c’est dans les recoins les plus sombres que se cachent les plus horribles des créatures.
Ainsi, Birdking propose un bestiaire de créatures horrifiques, sortant du cadre de la fantaisie classique pour puiser sa source vers l’horreur.
Et pour illustrer cela, Crom ne manque aucunement d’inventivité.

Un dessin en construction

Lignes claires et designs percutants

On ne peut pas parler de Crom sans mentionner le personnage.
Affublé d’un masque en forme de crâne, le dessinateur s’amuse à cacher son identité à travers des attraits reflétant ses propres aspirations.

Aussi unique que lui, son style est marqué par une empreinte graphique personnelle et tranchée.
Les lignes sont épurées et on sent un véritable sens du design.
Que ce soit Birdking lui même ou un simple général de l’armée d’Aghul, Crom propose des visions étonnantes dont certaines ne sont pas sans rappeler l’approche graphique d’Elden Ring.
Reste que le personnage de Birdking est assez unique.
Cette immense masse en armure contraste totalement avec ce crâne qui flotte dans une flamme bleutée.
Pour le coup, il faut plus chercher vers Mike Mignola, source d’inspiration majeure pour l’auteur.

Malgré tout, la comparaison est à double tranchant.
Si l’inventivité et la personnalité sont bien présentes, la technicité n’est peut être pas encore totalement au niveau.
Alors que Mike Mignola forge son style par des masses noires imposantes, Crom n’en utilise que très rarement et appuie sur un de ses défauts : le manque de profondeur et de détails.
Son encrage manque d’impact et n’est guère aidé par une colorisation trop terne pour élever l’ensemble.

Attention, je ne nie pas un réel talent chez Crom et on sent une nette évolution entre le tome 1 et 2 mais le style reste encore faillible.
Il faut en être conscient et accepter ces quelques errements esthétiques afin de mieux apprécier ses autres qualités.

En résumé

Birdking de Daniel Freedman et Crom est un pur concentré de Dark Fantasy, trouvant sa source autant dans les grandes sagas littéraires que dans l'univers du jeu vidéo. 

Après un premier volume introductif, nous présentant les tenants et les aboutissants de cet univers, Daniel Freedman lance Bianca et son acolyte Birdking dans une épopée aussi fascinante qu'inquiétante.
Dans une atmosphère de guerre perpétuelle, les deux compagnons fuient un despote qui n'a eu de cesse de mentir à sa population pour la maintenir sous sa coupe.
Les rencontres sont nombreuses, certains secrets seront dévoilés et des affrontements titanesque auront lieu pour le plus grand plaisir d'un Crom, toujours aussi friand de designs fantasques et originaux.

Après deux volumes, l'épopée de Daniel Freedman prend son envol et c'est un véritable régal.

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