Mots Tordus et Bulles Carrées

Bomb X (Brugeas / Cossu / Toulhoat / Guillo)

Avant de se faire happer par un orage temporel, Paul était astronaute.
Sans savoir ni où ni quand il se trouve, il accompagne désormais le groupe de Bohémond, à la recherche de migrants temporels frappés par cet évènement surnaturel.
Femmes et hommes de toutes époques se sont fait à leur nouvelle vie.
Mais les tensions montent, amenant à des divisions inévitables.

Survival temporel

Un monde inconnu et incertain

Un atterrissage en catastrophe

Bomb X est le nouveau petit bébé de Vincent Brugeas.
Et, décidément, c’est un bourreau de travail.
On ne compte plus le nombre de projets lancés en son nom ces dernières années.
Et si cette hyperactivité scénaristique est impressionnante, on aurait pu craindre un essoufflement qualitatif.
Mais, après le très sympathique Tête de chien, il nous surprend en délaissant, au moins un temps, le genre historique pour s’attaquer à la science fiction et son concept, ô combien casse-gueule, du voyage temporel.

Et ma foi, il s’en sort assez bien.
Attention, ce premier tome n’est, à ce stade, qu’une grosse introduction.
Le scénariste sait parfaitement ménager son suspense et met ses pions en place, tout en développant un monde nouveau avec pour point d’orgue la ville de Newton qui regroupe ses égarés temporels.
Tous.tes viennent d’une époque différente et ont pour point commun d’avoir été frappés par un orage temporel.
Vincent Brugeas donne d’ailleurs quelques informations sur ce phénomène.
Il semble frapper au hasard, ramenant, au gré de ses frappes, humain.es, animaux et/ ou végétaux.
Les incertitudes et les convoitises, à chaque apparition du trou noir, apportent leur lot de questionnements mais aussi d’action.
Car même hors du temps, la vie n’est pas des plus reposantes.

Migrants de toutes époques

Règlement de compte à l’ancienne

Ceci dit, certains s’en satisfont assez bien.
Ces rescapés, sortes de migrants climatiques sauce voyage dans le temps, ont des comportements divers et variés.
Et c’est ce qu’essaie de montrer Vincent Brugeas, notamment à travers le personnage de Bohémond.
Ex-chevalier, c’est un guerrier-né qui ne devrait rien comprendre à ce qui lui arrive.
Pourtant, non seulement, il s’est acclimaté assez facilement à ce nouvel environnement, quite à devenir fan des nouvelles découvertes faites à chaque apparition.
Le personnage étonne et fascine autant pour sa brutalité que par son côté enfantin.
Le casque audio vissé aux oreilles, il peut se jeter à l’assaut d’un éléphant en furie tout en craignant de tomber en panne de pile.
Le personnage est charismatique à souhait mais certaines zones d’ombres semblent présager d’une évolution plus incertaine.

Surtout que la vie en communauté n’est pas toujours simple dans Bomb X.
Si les différences de couleurs et de religions ne semblent être propices à certains conflits, ce sont les époques temporelles qui amènent à la division.
Les Greedy viennent du 20eme et 21eme siècle et sont rejetés par certains.
Pour cause, leur époque est marquée par les excès, ayant pu causer la destruction de la planète.
Si le propos est intéressant et sert de mise en garde pour les lecteur.rices que nous sommes, il peut paraitre caricatural.
Car, en réalité, l’humanité a toujours été marquée par les excès et, si on parle juste d’une exploitation énergétique abusive, les rescapés du 19eme siècle devraient faire partie du lot.
Mais je chipote car au final le message reste sensé et l’auteur joue avec les préjugés et les reproches faits à tous ceux qui ont vécu lors de ces millénaires.

Travail en studio

Une conception à plusieurs mains

À l’image du Goldorak sorti l’année dernière, Bomb X est un pur produit de studio.
À l’instar de la méthode américaine, chaque étape est dévoyée à un individu permettant une conception plus rapide mais de qualité.

Si on retrouve l’inévitable Vincent Brugeas au scénario, c’est sur la partie graphique que le travail a été séquencé.
S’il n’est pas noté en tant qu’auteur, tout commence avec Alexis Sentenac qui a eu la dure tâche de créer la charte graphique.
Et au vu du cahier graphique, le travail a été immense et apporte toutes les bases sur lesquelles pouvaient se reposer Brice Cossu et Ronan Toulhoat.

Le premier a la charge du story-board alors que le second s’occupe de la finition et de l’encrage.
D’ailleurs, la patte de Brice Cossu est au final assez peu perceptible, tant le style de Ronan Toulhoat prend le dessus.
Mais on comprend l’idée : faire gagner du temps à ce dernier qui, lui aussi, enchaîne les albums ces dernières années.

Et puis, il y a les couleurs de Yoann Guillo qui procède à un travail de teinte, d’ambiance, tout bonnement exceptionnel.
Au final, les décors sont peu présents dans Bomb X, désert oblige, et c’est en partie le travail du coloriste qui comble avec ingéniosité ce manque.

L’ensemble est une pure réussite.
C’est beau, dynamique, même si certaines scènes en rappellent d’autres, comme ce bateau de Newton qui est un écho de celui de Mathieu Lauffray dans Prophet.
On en en prend plein les yeux et comme un bon blockbuster, on ferme le livre en étant comblé.

En résumé

Si ce premier volume de Bomb X n'est, pour le moment, qu'un tome d'introduction, il n'en est pas moins divertissant et intriguant. 

Pur travail de studio, l'inépuisable Vincent Brugeas nous concocte un récit bourré d'action avec assez de zones d'ombre pour nous appâter pour la suite. 
Quant au trio Brice Cossu, Ronan Toulhoat et Yoann Guillo, il nous gratifie de très belles planches, mettant en scène des personnages charismatiques et un univers aux teintes apocalyptiques. 

Si cela demande bien sûr une confirmation, Bomb X joue parfaitement son rôle de blockbuster en cette fin d'année. 

Pour lire nos chroniques de Black Science et Chronosquad

Bulles Carrées

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