Les coeurs de ferraille (Beka/Munuera)

Les coeurs de ferraille est une série de science fiction jeunesse, mélange de contes familiaux et de réflexion sur la société dans un XIXeme siècle uchronique où les robots sont en quête d’égalité et de liberté.

Les coeurs ferrailles : un univers multiple

Livres, robots et XIXeme siècle

Les coeurs de ferraille de Beka et Munuera est marquant par son univers.
Uchronie de l’Amérique du 19eme siècle, elle reprend les codes de cette époque (habitation, vêtements, société), à un détail près : une partie des robots a pris la place des esclaves, sans que ce mot ne soit jamais prononcé, alors qu’une autre sert de bras armé aux grands propriétaires terriens.

Le premier volume exploite toute cette symbolisation, ramassage du coton, camps de robots puis le second développe la révolte « pacifique » et la répression qui en découle.
D’ailleurs, si le premier tome a un goût d’ introduction, le second semble avoir digéré cette mise en place en se concentrant plus sur l’émotion et la réflexion.

Comme souvent avec Beka, la famille est au centre de tout.
Qu’elle soit défaillante ou tout simplement « absente », elle fait peser un manque autour des personnages principaux, qui trouvent bien souvent du réconfort auprès de machines plus humaines que les humains eux-mêmes.

On peut d’ailleurs regretter que les robots soient traités de façon aussi convenue.
Les influences peuvent être pesantes, surtout que les auteurs ne cherchent pas vraiment à les surpasser.
C’est d’ailleurs ce qui m’avait gêné à la lecture du premier tome.
Malgré tout, on accepte petit à petit ce parti pris et on comprend assez facilement que le propos est ailleurs.
Comme les grands auteurs de science fiction, le genre n’est qu’un prétexte pour jeter un regard sur notre humanité et son histoire.
Dans ces récits d’amour, d’amitié, de rébellion, le livre, et notamment la fiction, est central, apportant un brin d’espoir et de liberté à des robots qui souhaitent être autre chose que des machines exécutives.

À l’instar d’Arca, la lecture et le livre offrent une liberté d’esprit que les oppresseurs cherchent à annihiler.

Les coeurs de ferraille de Munuera

Une maitrise impeccable

Le dessin de Munuera est impeccable, comme à son habitude. 
J’ai toujours apprécié ce style unique avec ses visages cartoonesques et leur nez improbable. 

D’ailleurs, on sourit en le voyant, sur le premier volume, reprendre certains passages de Cyrano.
On rêve même de le voir un jour adapter la pièce culte d’Edmond Rostand tant son graphisme colle à merveille au personnage. 

Le design des robots est simple, à l’image de leurs visages « déshumanisés ».
Et pourtant, il arrive à nous les rendre attachants grâce à des artifices graphiques étonnants.
Une paire de lunette, un chapeau melon, humanisent des machines aux expressions inexistantes.
Mention spéciale pour le limier, charismatique et effrayant à la fois, et qui se montre plus complexe qu’il n’y parait.

La mise en page est parfaite, les scènes d’action sont fluides et dynamiques et la colorisation est une pure merveille.

On notera que le dessinateur participe à l’écriture ce qui lui permet, sans doute, une plus grande liberté dans sa narration et certains traitements (Cyrano sur le tome 1, introduction axée film noir sur le tome 2) sont particulièrement inventifs.

En résumé

Les coeurs de ferraille de Beka et Munuera est une série d'uchronie familiale et sociale  attachante. 
En reprenant les problématiques du XIXeme siècle, les auteurs développent de multiples réflexions autour de la liberté, de la résistance mais aussi de la famille ou de l'importance de la lecture.
Les sujets sont multiples, tout en restant simples et accessibles.

Le dessin de Munuera est toujours aussi sublime et donne du corps à un univers certes classique mais parfaitement mis en scène.

Une série jeunesse percutante et passionnante .

Pour lire nos chroniques de Not all robots et Le cycle des robots

Bulles Carrées

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Aller au contenu principal