De cape et de mots (Flore Vesco / Kerascoët)

Serine est une jeune fille pleine d’entrain.
Mais au décès de son père, elle décide de prendre son destin en main.
Contre l’avis de sa mère, elle part dans l’espoir de devenir une demoiselle d’honneur de la reine.

Serine est aussi une jeune fille chanceuse ce qui lui permet, par de heureux hasards, d’approcher la cour royale bien plus vite qu’elle ne l’espérait.
Mais travailler auprès d’une reine tyrannique et versatile n’est pas de tout repos.
Encore moins quand on attise la jalousie des autres demoiselles d’honneur et que l’on se retrouve, malgré soi, témoin d’une tentative de complot contre le roi.

Dans les coulisses de la cour royale

A l’intérieur des cuisines royales

De cape et de mots est l’adaptation du roman jeunesse éponyme de Flore Vesco par Kerascoët (duo d’auteurs composé de Sébastien Cosset et Marie Pommepuy).

L’intrigue met en scène les péripéties de Serine à la cour royale.
Celle-ci se divise en 2 parties.
Une première où la jeune fille fait ses premiers pas en tant que demoiselle d’honneur et une deuxième où elle essaie de contrecarrer un complot contre le roi Léo III.

De Cape et de mots, c’est tout d’abord un personnage marquant.
Et Serine, on l’aime dès les premières pages.
Souriante, toujours de bonne humeur, elle croque la vie à pleines dents.
Et, même si la mort de son père l’attriste, elle ne se laisse pas aller et va de l’avant.
Personnage profondément moderne, on ne lui impose pas son destin et encore moins un mari.
Serine est du genre battante et son caractère bien trempé va être autant un atout qu’une source de soucis.
Mais elle a un talent qui va régulièrement la sortir de bien mauvais pas : une véritable science des mots et du langage.

A l’image de leur énergique héroïne, le récit de Flore Vesco et Kerascoet est soutenu.
Ainsi, à travers les aventures de la jeune fille, les auteurs nous invitent à vivre la vie de la cour royale.
On y découvre sa hiérarchie, ses codes et surtout les messes basses et autres jalousies.
Heureusement, Serine pourra compter aussi sur des amis qui, à l’image de Léon, le jeune bourreau, ou la lavandière, vont être des soutiens indéfectibles.

Cependant, De Cape et de mots n’est pas une bd historique et ne cherche pas à retranscrire avec exactitude l’époque.
D’ailleurs , le roi et la reine sont des personnages totalement fictifs, appartenant à une cour tout aussi imaginaire.
Cependant, le récit a su retrouver l’ambiance de cette époque révolue où la reine se faisait habiller par ses demoiselles d’honneur.

Un peu de cape et beaucoup de mots

L’intelligence des mots

Lors de la deuxième partie, l’intrigue prend un tournant plus aventureux qui rappelle, par certains égards, les récits de capes et d’épées (mais sans épées).

Témoin de manigances contre le roi, Serine s’invente une nouvelle identité : le fou du roi.
Costumée comme une superhéroine ( j’ai bizarrement pensé à Fantomette), elle devient la protectrice d’un monarque qui ne se rend pas compte des dangers qui l’entourent.
Pour cela, elle n’utilise ni épée ni violence, juste l’intelligence de ses mots.

Petite digression : De Cape et de mots pourrait faire référence aux récits de cape et d’épées.
Pour ma part, j’ai tout de suite pensé à De Cape et de crocs d’Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou, une oeuvre qui, elle aussi, se démarquait par sa science du « beau verbe ».

Ainsi, la jeune fille use et abuse de malice et divers moqueries pour mettre à mal les complotistes, tout en s’attirant les faveurs du roi.
Les dialogues savoureux et souvent drôles sont mis en valeur par la finesse d’écriture de Flore Vesco.
Les mots s’avèrent, ici, plus fatals qu’une épée.

La lettre écrite par Serine à sa mère en est un très bon exemple.
Si la fin a un petit côté « conte de fée », la façon dont Serine raconte tout cela à sa mère est pleine d’ironie.
C’est une façon intelligente de montrer à une mère traditionnelle à quel point elle était dans l’erreur.

La finesse du dessin de Kerascoët

Une mise en page impeccable

Un album de Kerascoët est toujours un véritable plaisir pour les yeux.

Le trait est, comme toujours, assuré.
D’une grande finesse, Kerascoët multiplie les cases avec une minutie assez subjuguante.
On notera l’importance donné au décor, aux vêtements et autres éléments permettant aux lecteurs de ressentir l’époque.
Je suis toujours impressionné de voir cette foultitude de détails qu’ils peuvent mettre dans de si petites cases.
Le dessin, plutôt axé ligne claire, notamment sur les personnages, peut paraître simple.
Pourtant, la moindre expression ou le moindre mouvement est réalisé avec délicatesse.
Il n’y a rien de plus difficile que de rendre simple ce qui ne l’est pas.

Les couleurs, comme souvent, jouent un rôle primordial.
Qu’elles soient sombres comme lors du décès du paternel ou complètement éclatantes à la cour de la reine, la palette est riche et pose des ambiances distinctes et variées.

La mise en scène reflète parfaitement le dynamisme de la jeune fille alternant avec justesse les moments de dialogues avec d’autres plus mouvementés.

En résumé

De Cape et de mots est un album d'une grande richesse. 
Le récit, adapté du roman de Flore Vesco, est intelligent, drôle et dynamique.
Les péripéties s'enchainent, opposant l'art du langage à la roublardise du complot.

Les dessins de Kerascoët sont, comme à leur habitude, magnifiques et éclatants de couleur.

De Cape et de mots plaira autant pour le personnage de Serine, jeune femme moderne et combattive, que pour l'intelligence et la malice de ses dialogues.

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