Et à la fin, ils meurent (Lou Lubie)

Nous avons tous en tête cette formule de fin de conte : « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants« . Alors que les versions animées des films de Disney nous ont habitués à cette « happy end », la BD de Lou Lubie Et à la fin, ils meurent vient remettre les pendules à l’heure. Et attention ! Ce livre n’est pas mettre entre toutes les mains (surtout pas les plus petites…).

Vous croyez connaitre les contes de fées ?

Cendrillon, La Belle au bois dormant, La petite sirène… Tous ces titres évoquent sans doute pour vous de belles histoires du soir. Ou de charmants films d’animation made in USA.

Or, pour qui s’intéresse vraiment aux récits originels oraux ou aux textes transmis par écrits par de grands noms tels que Charles Perrault ou les frères Grimm, ces histoires sont loin d’être figées ou « enfantines ». En effet – et l’autrice le démontre dès les premières pages avec beaucoup d’humour – aucun conte original ne se termine par « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants« . Au contraire, au lieu d’amour, de sauvetage et de mariage bienheureux, on y trouve des mutilations, des meurtres, de l’adultère et même du cannibalisme !

Grimm, Perrault, Basile, et les autres conteurs

En 230 pages, Lou Lubie va nous éclairer sur l’histoire littéraire des contes de fées. Tout en nous amusant et en caricaturant certains personnages ou certaines situations.

Un conte peut en cacher un autre

« 230 pages ! » me direz-vous. Je peux vous garantir que ce livre ne vous tombera pas des mains ! D’ailleurs, son sous-titre n’est-il pas « La sale vérité sur les contes de fées » ?

Alors, allons-y pour découvrir qui sont vraiment ces personnages qui peuplent notre imaginaire.

Cendrillon ? Dans la version de Basile, elle se débarrasse de sa belle-mère en lui coupant la tête avec le couvercle d’un coffre.

La Barbe bleue ? Un tueur en série.

Raiponce ? Pour clouer le bec du perroquet qui la surveille dans sa tour, elle lui coud l’anus. Elle finira misérable dans une « solitude désertique ».

Comment régler son compte au prince ?

L’ouvrage est savamment organisé de manière à nous apprendre de nombreuses choses sur les contes, leurs origines et leur réception selon les époques, tout en nous dévoilant la réalité crue sur ces histoires souvent violentes.

Et c’est là tout le talent (et le sadisme joyeux) de Lou Lubie. Les propos, appuyés sur des sources documentées et historiques fouillées, sont mis en images avec un dynamisme souvent cartoonesque et un humour décapant.

Chaque page tournée est une déconstruction de nos présupposés sur les contes soi-disant pour enfants. En un joyeux feu d’artifice de démembrements, de décapitations et de trahisons en tous genres, on aborde tout un pan de notre culture. Les critiques et autres psychanalystes des contes de fées, ainsi que leurs thèses, y trouvent même leur place. Avec un recul toujours humoristique et grinçant.

Des questions actuelles sont posées : les contes sont-ils racistes ? Faut-il les réécrire ? A l’heure où des polémiques sans fin s’ouvrent sur la pertinence de faire incarner la Petite sirène par une actrice noire, lire cet ouvrage permet de prendre de la hauteur.

Pourquoi lire Et à la fin, ils meurent ?

Lou Lubie dans sa BD documentaire Et à la fin, ils meurent, joint l'utile à l'agréable, sans fioritures (ou pour mieux les faire exploser) et avec un humour décapant. On y apprend l'origine des contes de fées, on y découvre leur évolution et les auteurs qui les ont fait vivre, de Perrault à Disney. 

Vous ne regarderez plus jamais Cendrillon ni Raiponce du même oeil, assurément !

Un vrai moment de drôlerie érudite et de réflexion sans prise de tête.

Pour lire nos chroniques sur Sagesses et malices de Nasreddine et C’est qui les méchants ?

Mots Tordus

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