Pol Salsedo n’est pas vraiment un adolescent sympathique.
Harceleur, à la limite du racisme, il dépasse les limites régulièrement …
Pour rigoler ! se défendrait-il.
En somme, il est loin d’avoir l’étoffe du héros qu’il va devenir.
Pourtant, une nuit, après une rencontre avec le mystérieux Dokti, il se réveille avec de nouvelles capacités.
Mais qu’en fera-t-il ?
Un parcours éditorial chaotique pour Foxboy
C’est justement cette question qui va occuper le cycle des origines de Foxboy (3 albums édités par Komics Initiative) et à laquelle va répondre son auteur Laurent Lefeuvre.
On ne peut pas commencer cette chronique sans aborder l’originalité éditoriale de la série.
Fox Boy apparaît tout d’abord dans 2 mensuels bretons, Louarnig et Plumalhon puis fait ses premières armes nationales aux éditions Delcourt (complété par Tom et William, ouvrage majeur de l’univers de Laurent Lefeuvre dont il est question dans le tome 3).
Les tentatives de faire vivre un univers super héroïque à la française sont nombreuses ( la Brigade chimérique de Serge Lehmann et Gess ou plus récemment Luminary de Luc Brunschwig et Stéphane Perger) et connaissent des succès plus ou moins divers.
En 2016, la série de Laurent Lefeuvre s’arrête après 2 volumes et laisse un vide dans le paysage super héroïque français.
Mais, c’est sans compter sur la persévérance de son auteur qui décide de le relancer la série chez Komics Initiative, après une campagne de financement à succès.
Le cycle des origines est, en quelque sorte, une version remasterisée, de celle de Delcourt qui passe pour l’occasion de 2 à 3 tomes avec un énorme travail de réécriture et de retouches graphiques (couleurs et dessins).
De quoi faire plaisir autant aux fans de la première heure qu’aux nouveaux arrivants (dont je fais partie d’ailleurs).
Un graphisme magistral rendant honneurs aux grands maîtres du comics US
Et c’est ce qui marque en premier lieu dans Fox Boy.
Dès qu’on ouvre les premières pages de l’album, on s’en prend plein la tronche.
La mise en page, d’une clarté et d’une efficacité sans faille, respecte à merveille les codes du comics US.
On pense pèle-mêle à Alan Davis et à ses cadrages biseautés ou à Will Eisner et à l’utilisation de l’environnement dans ses cadrages.
Ce travail, débordant de générosité, renforce le côté épique de ses histoires.
Ses créatures ou autres vilains débordent des cases et les positions variées, usant de plongée et contre-plongée, rendent un ultime hommage au regretté Neal Adams.
Moi qui suit un grand amateur d’encrage, je pourrais vous parler des heures de la puissance technique de l’auteur mais là où son travail me semble le plus épatant, c’est sur la colorisation.
Sur le dernier tome, et notamment l’histoire se déroulant à Super-Besse, les couleurs servent à merveille une ambiance neigeuse et embrumée, limite oppressante.
Une intrigue aux multiples réfèrences
L’intrigue, composée de plusieurs histoires, est reliée par la nouvelle structure mise en place par l’auteur.
Ainsi, l’ensemble paraît moins décousu et plus cohérent, amenant notre héros jusqu’à un dernier acte complètement dingue qui répond à de nombreuses questions, tout en nous offrant un pur moment de bonheur pour tout amateur de comics.
Mais la question se pose alors : peut-on apprécier Fox Boy sans en déceler toutes les références ?
Déjà, beaucoup d’entres elles sont des références communes à tous ( tout le monde connaît Spider-man par exemple ) et diverses (on parle beaucoup de super héros mais on pourrait autant en faire sur la littérature fantastique en rajoutant quelques clins d’oeil amusants comme celui fait à Calvin & Hobbes)
Et surtout,Laurent Lefeuvre crée aussi son propre univers, celui de ROAyaume.
Un univers avec ses propres codes, ses propres personnages et sa propre histoire.
Quid de l’avenir de Foxboy
En premier lieu, un spin off est prévu pour 2023 intitulé Fox & Pol .
Komics Initiative nous a gratifiés d’un extrait dans son catalogue et nous en met plein les mirettes. Pour tout vous dire, j’ai même eu l’impression de voir du Bill Sienkiewicz mixé avec du JH Williams III.
En résumé
Fox Boy est l'exemple même d'une réussite française inspirée d'un média américain.
A l'instar d'un Brigade Chimérique, il rend hommage autant aux héros qu'aux auteurs.
Les influences, maintenant digérées, nous amènent à l'oeuvre que nous tenons entre les mains : un pur concentré d'aventure, de fantastique et d'héroïsme.
Une vraie oeuvre de fiction avec un univers fort et porteur .
Quelque chose qui pourrait durer dans la longueur et peut être qu'un jour, nous fêterons nous aussi les 60 ans d'existence de Fox-Boy.